La Compagnie des chemins de fer des Charentes, dite aussi Compagnie des Charentes ou des deux Charentes, est une société anonyme française créée en 1863, à la suite d'une concession de quatre lignes de chemin de fer attribuées en 1862. Elle est rachetée par l'Administration des chemins de fer de l'État en 1878.
En 1862, on assiste à une évolution de la politique d'adjudication des lignes de chemin de fer par l'État. Le rapport de M. Rouher, préambule au décret du 19 avril 1862, préconise de maintenir le principe des grands réseaux, tout en se réservant la possibilité de concéder des « lignes distinctes » à de nouvelles compagnies. La création de la Compagnie des chemins de fer des Charentes va découler de cette préconisation. Le 6 juillet 1862, un décret impérial adjuge à MM. les fils de Guilhou jeune, banquiers à Paris, 296 kilomètres de voies ferrées en quatre lignes : de Napoléon-Vendée à La Rochelle, de Rochefort à Saintes, de Saintes à Coutras, et de Saintes à Angoulême. Le décret prévoit une subvention de 20 495 000 francs et la constitution d'une société anonyme qui doit se substituer aux adjudicataires[1].
Le 30 mai 1863, un décret autorise la création de la Compagnie des chemins de fer des Charentes, société anonyme au capital de 25 millions de francs réparti en 50 000 actions. Les membres statutaires du premier conseil d'administration sont Messieurs : Numa Guilhou, Victor de Bertier, le général Bougenel, le comte de Bougy, Brian, Cavaré aîné, Émile Chevalier, le marquis Cusani, Guilhou père, Charles Jenty, Lainel, Lauxerrois, et Tavernier. Le siège est fixé à Paris[2].
Son directeur était un vétéran du Strasbourg – Bâle d'origine anglaise, Georges Love, centralien qui dirigera la compagnie pendant dix ans, et son ingénieur conseil Dominique Bazaine, ingénieur des Ponts et Chaussées. Un certain Bonnefond prend en charge le service du matériel et de la traction. Les problèmes administratifs et techniques firent que les travaux durèrent sept ans.
La Compagnie fut en déficit dès 1870, et à partir de cette date, les recettes ne couvrirent au plus que 62 % des dépenses de fonctionnement. Elle ne put jamais, à cause de l'hostilité du Paris – Orléans, obtenir un accès direct à Bordeaux. Elle finit par déposer son bilan et le rachat par l'État intervint le 12 janvier 1878 lors de la création de l'Administration des chemins de fer de l'État. Elle possédait alors 541 km de lignes.
Son trafic, pour sa dernière année d'exploitation, s'établit comme suit :
Les différentes sections de lignes furent ouvertes aux dates indiquées dans le tableau ci-dessous.
Voitures et fourgons avaient été construits par Maze et Voisine, Chevalier Cheylus et Cie, David Desouches et Cie, Deletrez père, Gargan, Compagnie française de matériel de chemin de fer.
Au 31 décembre 1877, la compagnie employait 2 382 personnes, dont 429 femmes. Le personnel se répartissait ainsi :