Cet acte est qualifié par la ministre d'« acte d'espionnage ». Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce ensuite la volonté de la France de mettre en place une stratégie spéciale de défense. Un groupe de travail est créé au ministère des Armées pour étudier le projet et rendre des conclusions à l'automne 2018[7].
De plus, face aux États-Unis, à la Russie et à la Chine, qui développent également des stratégies de défense, d'espionnage voire d'attaque dans le milieu spatial[8],[9], la France entend pouvoir répondre à ces potentielles menaces et protéger ses intérêts militaires et civils, ainsi que ceux des projets spatiaux européens (satellite Copernicus, système de positionnement Galileo) dans l'espace[10].
Le , Emmanuel Macron annonce la création en septembre 2019 du Commandement de l'espace (alors désigné sous le nom « Grand Commandement de l'espace »)[11], lors d'un discours à l'hôtel de Brienne. Ce commandement sera créé au sein de l'Armée de l'air, qui deviendra alors l'Armée de l'air et de l'espace[5].
Parallèlement, en 2019 aux États-Unis, le président Donald Trump annonce la création d'une Space Force[12], déclarant que « l'espace est le nouveau front de guerre du monde »[13].
Mise en place
La ministre Florence Parly, le , annonce la mise en place de cette force suivant trois axes :
Un « grand commandement de l'espace » sera basé à Toulouse, capitale européenne de l'aérospatial, le premier septembre, sous l'autorité de l'Armée de l'air. Il comptera un effectif de départ de 220 personnes, pour atteindre sa taille nominale en 2025[10]. Il aura pour but de « fédérer et de coordonner tous les moyens consacrés au domaine spatial de défense »[4].
Un deuxième axe légal, avec une évolution législative afin de rester dans le cadre des lois française et internationales. La loi française sera adaptée à cette nouvelle force opérationnelle, afin d'assurer la capacité d'action de la France en son sein, que ce soit du point de vue militaire ou civil[4].
Un troisième axe technologique qui devra permettre concrètement à la France de se protéger et se défendre contre les actes malveillants d'autre puissances spatiales. Ainsi, il sera prévu de renouveler les capacités spatiales, que ce soit en matière de surveillance ou de défense active[4].
Diverses infrastructures militaires verront leurs capacités améliorées, comme le système de détection de satellites GRAVES. Les télescopes scientifiques TAROT du CNRS, dont l'une des missions est la surveillance des débris spatiaux, seront eux aussi utilisés au sein de cette nouvelle force[4],[16].
Des lasers de puissance pourraient également être développés pour « éblouir » les autres satellites, ou des mitrailleuses pour détruire les panneaux solaires des satellites visés[17].
Des nano-satellites patrouilleurs pourraient également être développés à partir de 2023, pour protéger les satellites en détectant la présence d'engins spatiaux à proximité[17].
D'après de la mise en place de ce commandement est « de confier à une instance unique de décision l’ensemble des leviers dont dispose la France dans le domaine extra-atmosphérique »[18] et par la même occasion de permettre « une intégration poussée et d’une continuité entre moyens aériens et spatiaux »[19].
À terme, la France prône la possibilité d'un axe de développement franco-allemand de ces nouvelles stratégies[10].
AsterX a été piloté par ce service en 2021 et est le premier exercice militaire spatial français[20].
Missions
Participation du CDE à l'exercice Global Sentinel 2022 à Vandenberg.
L'arrêté de création du commandement précise les missions de celui-ci. Elles sont relatives à l'élaboration de la politique spatiale militaire, à la mise en œuvre des mesures concourant à la préservation de la liberté d'accès et d'utilisation de l'espace extra-atmosphérique et il est chargé, dans son domaine de compétence de l'application de la politique définie par l'état-major de l'armée de l'air en matière de maîtrise des risques[21][réf. incomplète].
Financement
Pour financer ce programme, aux 3,6 milliards d'euros déjà prévus pour le renouvellement complet des capacités satellitaires dans la loi de programmation militaire 2019-2025, un budget supplémentaire de 700 millions d'euros sera ajouté, étalés sur cette période de 7 ans [4],[10].
Satellites utilisés
Le CIE a, en 2016, la responsabilité d’utilisation de douze satellites :
Il a également conclu des partenariats avec l’Allemagne et l'Italie pour l’imagerie radar avec les satellites SAR-Lupe allemand et COSMO-SkyMed italien.
La défense française utilise au quotidien vingt et un satellites répartis en huit systèmes différents.
« Vers l'Armée de l'air et de l'espace », Air Actualités, no 724, , p. 6-13.
Antony Dabila, « L’émergence des « Armées de l’Espace » et la « martialisation » des programmes spatiaux », Stratégie, Institut de stratégie comparée, nos 126-127 « Deuxième âge spatial : concurrence et complémentarité des acteurs stratégiques à l’ère du New Space », , p. 121-136 (ISBN979-1-092-05187-2, lire en ligne)