Monon, moine missionnaireécossais, installé comme ermite dans la forêt ardennaise est assassiné entre 630 et 645[1]. Sa dépouille est déposée dans ce qui était son oratoire, à Nassogne, et devient immédiatement objet de vénération. ‘Miracles’ et conversions se produisent auprès de son tombeau.
Jean l'Agneau, prince-évêque de Liège, qui avait connu personnellement le moine Monon, fait construire, vers 650, une église à Nassogne, dédiée à Notre-Dame, pour y abriter dignement les restes du moine missionnaire de la région ardennaise. Signe de sa faveur, une exemption épiscopale y est attachée.
Un siècle plus tard le culte de Saint Monon est déjà si répandu que Pépin le Bref, père de Charlemagne, visite les lieux. Grâce à sa munificence une nouvelle église est édifiée. Un chapitre de chanoines, créé pour la récitation de l’office divin en l’honneur du martyr, y est également financièrement fondé. Ainsi le lieu de culte devient « église collégiale ». Le chapitre de chanoines fut supprimé (ou disparut...) lors de la période révolutionnaire française.
L’adjonction d’une nouvelle nef achève l'église telle qu’on la voit aujourd’hui. Un chronogramme se trouvant au dessus de la porte d’entrée nous en donne la date : 1661.
Au fil du temps le culte et la vénération de saint Monon se développa et attira de plus en plus de pèlerins. Si à l’origine le saint écossais était invoqué contre toutes sortes de maux, par la suite, comme la région est essentiellement agricole, saint Monon est sollicité comme protecteur des agriculteurs, des animaux de la ferme et des récoltes.
Le grand pèlerinage annuel ou grande procession dite « des Remuages », a lieu le dimanche qui suit la fête de l’Ascension. Après la messe solennelle la châsse du saint est transportée en procession à la chapelle Saint-Monon[2], endroit présumé de l’assassinat du moine écossais, puis ramenée à la collégiale. Des poignées d’herbes frottées à la châsse et donnée à manger au bétail sont supposées les garder en bonne santé durant l’année. D’autres célébrations (dont un ‘festival celtique’) et cérémonies ont lieu durant l’été jusqu’au , date présumée de sa mort.
Patrimoine
Le maître-autel, dans la partie romane de la collégiale, est surmonté d’un tableau d’Englebert Fisen (1665-1733), représentant saint Monon priant la Vierge Marie.
La châsse de saint Monon, dans le transept droit, est un sarcophage sculpté dans du bois de chêne et de tilleul. Datant du XVIIe siècle il contient des reliques de saint Monon et un os de saint Jean l'Agneau, évêque contemporain de Liège. Elle est surmontée d’un gisant du saint tenant la palme du martyre dans sa main gauche.
Deux anges, debout, dans le transept sont attribués à l’artiste liégeois Jean Del Cour (1627-1707).
Le ‘trésor’ de la collégiale contient quelques sculptures des temps gothiques et la fameuse clochette en fer, avec monture en argent gravée en 1594 par le prévôt Jean Charlier.
Source
Le guide des pèlerinages de Belgique, Éditions de l’Octogone, Bruxelles, 1994, pp.144-147.
Notes et références
↑Une histoire, qui est sans doute légende, raconte qu’il aurait été assassiné par des habitants de Forrières (village voisin), Monon ayant détruit leur lieu de culte païen. Tout un folklore local de tension et rivalité entre Nassogne et Forrières s’est développé autour de l’assassinat du saint moine
↑Outre la collégiale Saint-Monon, où se trouve la châsse du saint, Nassogne possédé également une chapelle Saint-Monon’ édifiée en 1834 là où le moine écossais aurait été assassiné et inhumé