Les chondres sont des billes sub-millimétriques majoritairement formées de silicates. Le modèle standard de leur formation initiale[1] est qu'ils sont engendrés lors de la condensation de la nébuleuse solaire, sous l'effet de décharges électriques au sein du nuage proto-solaire de poussière cosmique. Ces roches sont les plus anciennes du Système solaire, d'une part en raison de l'âge auquel leurs différents éléments se sont assemblés, d'autre part en raison du peu de transformation qu'ont subi ces éléments depuis qu'ils ont formé des minéraux. Les chondrites sont considérées comme les premiers éléments à partir desquels sont formées les planètes.
Les chondrites ordinaires représentent environ 92 % des chutes observées avec environ 30 000 météorites par an, d'un total d'environ 52 tonnes, recensé par la Meteoritical Society (). Les chondrites primitives représentent environ 1,1 % des chutes observées avec environ 140 météorites par an, d'un total d'environ 17 tonnes.
Les chondrites proviennent de la surface de petits astéroïdes qui ne se sont pas différenciés depuis leur formation il y a 4,56 milliards d'années, en même temps que le Système solaire. Les météorites provenant d'astéroïdes plus gros, voire de planètes comme Mars ou la Lune sont des roches dites fortement différenciées, c'est-à-dire dont la composition chimique et/ou minéralogique a été complètement modifiée par rapport au matériau primitif que représentent les chondrites ; elles sont classées comme achondrites. Les météorites pierreuses sont assez proches des roches terrestres, en ce sens qu’elles contiennent en majorité des silicates, lesquels composent la plus grande partie des roches de notre planète. Certaines chondrites contiennent des minéraux hydratés (argiles), des inclusions minérales riches en calcium et en aluminium réfractaires (CAI pour Ca-Al-rich Inclusion, dont l'âge radiométrique montre qu'ils sont parmi les premiers objets formés dans le Système solaire dont nous avons la trace) et des grains présolaires. Le tout est noyé dans une matrice silicatée amorphe.
Les chondrites ordinaires forment la majeure partie des météorites trouvées sur Terre (~80 %). Elles sont constituées de petites billes (chondres) presque exclusivement composées de silicates, qui se sont accumulées les unes aux autres. Ces chondres se sont formés par la condensation des poussières issues de la formation du Soleil. Bien que certains chondres puissent atteindre plusieurs millimètres de diamètre, leur diamètre moyen est inférieur au millimètre.
On classe les chondrites selon leur teneur en métal et selon le degré de fusion des chondres entre eux.
La grande majorité des météorites tombant sur terre sont des chondrites et notamment des chondrites ordinaires (environ 86 % des chutes[2],[3]). Cette constatation a longtemps conduit à estimer que la matière constituant les chondrites ordinaires était prédominante dans la ceinture d'astéroïdes et représentative de la fraction condensable de la nébuleuse protosolaire[4]. Elle est en fait sans doute très minoritaire parmi les astéroïdes pour plusieurs raisons, notamment[4] :
sur les plus de 135 astéroïdes dont les météorites connues constituent des échantillons, 25 (ou à peine plus) sont chondritiques, dont seulement 3 à l'origine des chondrites ordinaires ;
les clastes de chondrite carbonée abondent dans les chondrites ordinaires bréchifiées alors qu'à l'inverse on ne connaît qu'un exemple de claste de chondrite ordinaire dans une chondrite carbonée bréchifiée ;
les sphérules cosmiques, les micrométéorites et les particules stratosphériques de poussière interplanétaire, censés représenter un échantillonnage de la matière des astéroïdes moins biaisé que les météorites, comportent moins de 1 % de matériel ayant une composition de chondrite ordinaire ;
l'accumulation des données spectrométriques des astéroïdes de la ceinture principale montre une diversité minéralogique de plus en plus grande, de plus en plus de matériel primitif (chondritique mais non ordinaire), et toujours aucun astéroïde présentant à sa surface du matériel de chondrite ordinaire.
Chondrites à enstatite
Type de chondrite riche en enstatite avec une teneur en métal de 25 à 35 %.
Présence de mini-chondres, taux en fer pouvant atteindre 35 %
Chondrite EL
Chondres de taille moyenne, taux en fer inférieur à 12 %
Selon une étude de 2020, l'analyse des chondrites à enstatite, d'une composition chimique proche de celle de la terre, semble indiquer que les roches primitives de la Terre auraient contenu l’équivalent en eau d’au moins trois fois les océans. Selon cette théorie, la majorité de l’eau aujourd’hui présente sur Terre y serait donc depuis l’origine[5],[6],[7].
Les chondrites carbonées sont des chondrites riches en carbone. On les classe en plusieurs groupes en fonction de leur concentration en carbone et en oxygène, et par référence à des météorites types. La concentration en fer oxydé et la fusion des chondres sont aussi utilisées pour préciser cette classification.
Classification
Caractéristiques
Chutes de référence
Chondrite CB
Bencubbin
Chondrite CH
Présence de micro-chondres, riche en métal, pauvre en volatils, mélange de fer pur et de carbone (très rare)
D'autres types de chondrites existent, notamment :
les chondrites de type Rumuruti (ou simplement de type R), très oxydées, riches en 17O. La météorite de Rumuruti est tombée au Kenya en 1934 ;
les chondrites de type Kakangari (ou simplement de type K). La météorite de Kakangari est tombée en Inde en 1890.
Notes et références
Notes
↑Les chondrites CB, ou bencubbinites, comportent plus de 50 % de métal, mais sont classées parmi les chondrites en raison de leurs autres caractéristiques.
↑(en) A. Bischoff et T. Geiger, « Meteorites for the Sahara: Find locations, shock classification, degree of weathering and pairing », Meteoritics, vol. 30, no 1, , p. 113-122 (DOI10.1111/j.1945-5100.1995.tb01219.x).
↑Laurette Piani et al., Earth’s water may have been inherited from material similar to enstatite chondrite meteorites, Science, 2020-08-28, Vol. 369, Issue 6507, pp. 1110-1113. DOI10.1126/science.aba1948