Cheval débarqué d'un navire à Port Elizabeth, dans la colonie du Cap, en 1902.
Le cheval du Cap est aussi connu sous les noms de Hantam et de Boer[1]. Constituant l'une des premières races de chevaux développées en Afrique du Sud[2], il en accompagne la colonisation européenne dans son histoire et son développement[3]. N'ayant jamais disposé d'un stud-book[1], il formait à l'origine une souche unique avec le Basuto[4], descendante comme lui de chevaux importés depuis les îles indonésiennes[5]
Il résulte des multiples influences issues des vagues d'importations successives de chevaux en Afrique du Sud, dans un premier temps celle de chevaux orientaux entre 1652 et 1778 (d'origine vraisemblablement Arabe-Barbe et perse[6]), puis des Criollo en 1778[7], des Pur-sang de 1782 à 1860, et des Hackney de 1860 à 1891[1]. Le mélange entre toutes ces races d'importation forme, à partir des années 1800, le cheval du Cap proprement dit[4]. À partir des années 1820, il est principalement modifié par les importations de chevaux Arabe et Pur-sang[6]. Malgré le départ de nombreux chevaux du Cap durant le Grand Trek, la race du Cap perdure localement sous sa forme originelle[4]. L'élevage de chevaux permet aux colons européens blancs de se différencier des habitants indigènes en réaffirmant leur identité européenne[8].
Le cheval du Cap est vraisemblablement presque éteint au début du XXe siècle[6], du fait de croisements, d'épidémies qui le frappent durant la seconde moitié du XIXe siècle[7], et surtout des deux guerres anglo-boers de 1880 et 1899[9]. La population équine est en effet décimée durant la guerre de 1899-1902 : le cheval du Cap étant naturellement résistant aux maladies équines africaines et susceptible de servir d'arme de guerre, les Britanniques ont volontairement capturé ou éliminé ces animaux[10]. Il ne reste alors qu'une poignée de ces chevaux dans la région du Cap, qui finissent par être croisés à d'autres races[9]. Le South Africa Department of Agriculture date la disparition du cheval du Cap à environ 1900[11].
Une société de race est créée en 1948 dans l'objectif initial de préserver le vieux cheval du Cap, mais elle se scinde en 1957 en deux sociétés, aboutissant à la sélection parallèle du Boer du Cap et du Boer sud-africain, deux races modernes présentant des caractéristiques différentes de celles du cheval du Cap historique[6],[12]. Des éleveurs descendant des familles établies dans l'État libre d'Orange affirment toujours, au début du XXIe siècle et au travers d'histoires romantiques, posséder des chevaux de l'ancienne race du Cap, qui auraient miraculeusement échappé aux guerres et seraient préservés des croisements extérieurs[9]. Les évaluations morphologiques de ces animaux, plutôt apparentés au Nooitgedacht, ont toujours écarté l'hypothèse d'une survie du cheval du Cap[9].
Description
Le modèle est léger[1]. Bien que sa morphologie exacte ne soit pas connue, il n'a vraisemblablement pas l'apparence d'un poney[13]. La sélection naturelle sur l'adaptation au climat et l'élevage sélectif humain, favorisant des animaux travailleurs et de caractère calme, ont entraîné l'apparition d'une race uniforme dans ses caractéristiques[2]. Le cheval du Cap est en effet réputé pour sa gentillesse[4].
Utilisations
Cavalerie irrégulière lors de la première guerre des Boers, 1881.
Durant 130 ans, le cheval du Cap est largement exporté dans tout l'Empire colonial britannique, notamment pour les besoins militaires[4]. Comme d'autres races de chevaux développées par des colons, il incarne une identité locale et accompagne la montée du nationalisme[5]. Par comparaison au cheval anglais, le Pur-sang, le cheval du Cap n'est pas considéré comme une monture de grand statut, mais incarne la fierté des colons blancs de l'Afrique du Sud[15].
Il est signalé comme race locale sud-africaine éteinte, dans la base de données DAD-IS[1]. De même, l'étude menée par Rupak Khadka de l'Université d'Uppsala, publiée en août 2010 pour la FAO, l'indique comme race de chevaux locale africaine éteinte[16].
↑(af) A. Wessels, Die Anglo-Boere-Oorlog 1899–1902. ‘n Oorsig van die militêre verloop van die stryd, Bloemfontein, Oorlog Museum [Musée de la guerre], , cité par Van Dyk et Cothran en 1998 page 120 de leur livre.
[Bankoff et Swart 2008] (en) Greg Bankoff et Sandra Swart, Breed of empire : The "Invention" of the Horse in Southeast Asia and Southern Africa 1500-1950, Copenhague, National Institute of Agrobiological Sciences, (ISBN87-7694-014-4, OCLC753966176, lire en ligne).
[Porter et al. 2016] (en) Valerie Porter, Lawrence Alderson, Stephen J. G. Hall et Dan Phillip Sponenberg, Mason's World Encyclopedia of Livestock Breeds and Breeding, CAB International, , 6e éd., 1 107 p. (ISBN1-84593-466-0, OCLC948839453), « Boer », p. 445.
[van der Merwe et Martin 2002] (en) F.J. van der Merwe et J. Martin, « Four Southern African Horse Breeds », Animal Genetic Resources Information, vol. 32, , p. 57–72 (ISSN1014-2339 et 2076-4022, DOI10.1017/S1014233900001565, lire en ligne, consulté le )
[van Dyk et Cothran 1998] (en) E. Van Dyk et E. G. Cothran, « Genetic analysis of three South African horse breeds », Journal of the South African Veterinary Association, vol. 69, no 4, , p. 120-125
[Schreuder 1915] (en) P. J. Schreuder, The Cape Horse. Its origin, breeding and development in the Union of South Africa. PhD thesis, Ithaca, Cornell University,
[South Africa Department of Agriculture 2006] (en) South African Country Report on Farm Animal Resources, South Africa Department of Agriculture, (lire en ligne)