Le domaine royal de Château-Gaillard a fait l’objet d’une inscription au titre des monuments historiques en 1963 pour sa chapelle et ses jardins situés devant le château. Au terme de cinq ans de restauration, le domaine a été ouvert au public en 2014. L'ensemble du domaine de Château-Gaillard est protégé au titre des monuments historiques en 2023[2].
Voisin du Clos Lucé, le domaine royal de Château-Gaillard consiste en un château édifié sur une terrasse dégagée du flanc méridional de l’Éperon des Châteliers, dominant un parc d’une quinzaine d’hectares aménagé sur d’anciens marais de l’Amasse. Exposé au sud et abrité des vents du nord par une vaste concavité abrupte de l’éperon formant une falaise d’une vingtaine de mètres de haut, ce site dont le microclimat est comparable au climat méridional, y permit la première transposition française du jardin à l'italienne.
Comptant parmi les créateurs italiens du Quattrocento accompagnant Charles VIII lors de son retour de la Première campagne d'Italie, Pacello da Mercogliano est à l'origine des jardins de la Renaissance française par les créations paysagistes et les travaux d'acclimatation agronomique qu'il conduit à partir de 1496 aux « Jardins du Roy » de Château-Gaillard. L'implantation de ces jardins se fait dans ce site du fait de son exposition au sud et de la présence de sources et cours d'eau, inexistants sur l'éperon du Château d'Amboise. En matière de paysagisme, il y réalise en particulier la première perspective paysagère axiale et les premiers parterres « à la Française », en y intégrant le « miroir d’eau » apporté par l’Amasse et le cours d'une source qui l’alimente. En matière d'acclimatation agronomique, il y mène les premières acclimatations d'agrumes (notamment d'orangers et de citronniers) et de pêchers au nord de la France méditerranéenne, en y développant la serriculture en serres chaudes et en y créant la première orangerie royale française (associant la technique horticole des « caisses d'empotage »). Il est en outre l'obtenteur de la prune reine-claude et à l'origine du développement de la culture septentrionale des melons et tomates en chartreuse comportant des parcelles horticoles séparées par des murs coupe-vent.
Parc pacellien & premiers jardins de la Renaissance
Traversé par l’Amasse et le cours d’une source qui s’y jette, le parc d’une quinzaine d’hectares s’étend au pied du flanc méridional de l’éperon des Châteliers.
Arche datant de 1496 dans le parc
Conçu et aménagé initialement par Pacello da Mercogliano, il compte notamment : un ancien portail d’accès datant d’environ 1500 dont le linteau est aux Grandes-armes de la Première Maison de Valois, des arbres multiséculaires (chênes, cèdres, ifs, tulipiers de Virginie, ormes, hêtres, acacias, arbres de Judée…), une chaumière du XVIIIe siècle, des grottes ainsi qu’une allée de 350 mètres de long bordée de plusieurs rangées de platanes, créée en 1885 par Jean Théodore Coupier[3],[4], ingénieur chimiste et industriel, alors propriétaire des lieux.
Les huit « grands parquets » devant le château dégageant pour la première fois la perspective axiale forment un parterre monumental qui autrefois était entouré d'un jardin clos de 1 hectare, délimité par de hauts murs de plus de trois mètres de hauteur. Aujourd'hui redessiné depuis 2012 et planté de végétaux, il recrée l'atmosphère et l'ambiance micro-climatique de 1500.
En 1848, Cartier dans sa revue d'archéologie tourangelle rappelle que le domaine prit le nom de « Jardins du Roy » dès 1500.
La fontaine de jouvence centrale entoure l'allégorie des quatre fleuves du paradis : l'eau, le lait, le vin et le miel.
Par son architecture générale conforme aux règles architectoniques des bâtiments français du XVe siècle (toitures pentues, lucarnes surmontés d'un fronton en trapèze curviligne surmonté d'un fronton cintré orné d'une coquille et candélabres en acrotères, tourelle d'escalier hors-œuvre en poivrière de plan octogonal, croisées, etc.), à laquelle sont associées une ornementation intérieure et une façade de corps de logis sur terrasse intégrant les critères artistiques de la Renaissance italienne, le Logis royal de Château-Gaillard présente une harmonieuse synthèse architecturale du Gothique international et de l'architecture de la Renaissance.
fenêtre encadrée de pilastres et surmontée d'une coquille
Les sculptures des chapiteaux surmontant les pilastres encadrant les croisées sont toutes différentes les unes des autres, alternant ordres ionique et corinthien. Les trois frises sculptées de l'entablement figurent de haut en bas des méandres, des coquilles et des rosettes. La corniche est quant à elle sculptée de feuilles d'acanthe. De nombreuses restaurations des sculptures entreprises depuis 2010 (par le sculpteur Bisson) permettent de mettre en valeur de nombreux éléments datant de la première Renaissance. De nombreux blasons ornent la façade tels ceux de René de Savoie, oncle de François 1°, René de Villequier, Grand Chambellan d'Henri III, d'Honorât de Savoie, du Cardinal de Lorraine-Guise, tous propriétaires du Domaine royal.
La tourelle du XVe siècle en poivrière, de plan octogonal d'une section de 2,75 m, abrite un escalier à vis desservant les trois étages du corps de logis. Elle serait le seul élément subsistant de la construction médiévale précédente, ce qui expliquerait son emplacement atypique à l’arrière de ce dernier[réf. nécessaire]. Trois culs-de-lampe du XVe siècle y subsistent, figurant : un diablotin, un soleil et une chimère. Avant le remaniement de la façade du corps de logis par Charles de Guise-Lorraine à partir de 1559, l'accès au corps de logis se faisait à l'arrière de ce dernier par la porte extérieure de la Tourelle, dont le linteau est aux armes de René de Savoie.
Cette tourelle aux dimensions monumentales faisait partie d'un ensemble castral visant à protéger l'entrée sud de la cité d'Amboise par la rivière de l'Amasse. Cet ensemble castral est encore visible sur des cartes postales de 1900 laissant apparaître des murailles et une tour sur le coteau.
Le pavage de la cour, située à l'arrière du corps de logis (entre ce dernier et la falaise), a été entièrement restauré.
Aménagements intérieurs du Corps de logis
Salle Louis-XII
Enluminure représentant Louis XII et Anne de Bretagne
Cette pièce abrita en 1559 les conciliabules entre Catherine de Médicis, le duc de Guise, son frère le cardinal de Guise et le jeune roi François II accompagné de son épouse Marie Stuart, visant à déjouer la conjuration d'Amboise initiée par les protestants. Les vitraux restaurés figurent des épisodes de la conjuration et un portrait du cardinal de Guise qui la réprima.
Un petit édicule de tuffeau blanc, sculpté dans le style des céramiques d’Andrea della Robbia, occupe le fond de la cavité. Il comporte : un panneau encadré de deux pilastres ornés de rinceaux (figurant des oiseaux, des arcs et des flèches ainsi que divers symboles religieux et profanes), un couronnement par un arceau orné de rinceaux et surmonté d'un vase en bas-relief figurant une « tête de Madeleine », une console à rinceaux sculptée d'un écu vide d'armoiries et un piédestal dont le dé est sculpté de deux diablotins. Cet édicule, de style italien, n'a pas son équivalent en Touraine. En outre, un blason en mauvais état aux armes de René de Savoie subsiste sur l'un des pilastres.
Une plaque de marbre de Paros, gravée d'une dédicace en latin et accompagnant l'emblème de Louis-XII le porc-épic, fut posée dans la chapelle Au début du XXe siècle.
ANNO DNI MILLESSIMO Q GENTESSIMO QUITO DECIO DNICA DIE DECIA IX AUGUSTI REVEREDVS IN X PATER YVO DINA PMISSIONE EPS REDONESIS DE PMISSY ET LICETIA REVERENDISSIMI DNI DNI CHOFORI ARCHIPEI TURONESIS CONSECRAVIT HANC CAPELA ET ISTUD ALATARE IN HONORE GLORIOSE VIRGNIS MARIAE ET RELIQUIAS UNDECIM MILIUM VIRGINV IN EDOEM ALTARI INCLUSIT SINGULIS CHRISTI FIDELIBUS IN DIE CONSECRATIONIS VNUM ANNV ET IN ANNIVERSARIO DIE IPSAM VISITENDIBVS QUADRAGINTA DIES DE VERA INDULGENCIA IN FORMA ECCLESIE CONSVETA.
Dédicace latine inscrite sur la plaque de marbre intérieure
Autres communs troglodytiques
Les cuisines sont closes par une façade dont le parement est en moellons. Cette façade est ouverte de deux fenêtres et d'une porte dont les tableaux sont maçonnés avec des pierres de taille en tuffeau blanc. Cette dernière est surmontée d'un trumeau orné d'un cartouche sculpté d'un écu, de rinceaux et de rosettes. Ces cuisines disposent d'une cheminée dont le manteau et la hotte sont maçonnés avec des pierres de taille en tuffeau blanc et dont le conduit (d'un mètre de section) traverse la roche sur une hauteur de 25 mètres.
Le chai, voûté et intact, bénéficie d'une température de 13 °C s'y maintenant toute l’année. Trois fours à pain, au moins contemporains de la construction du Logis royal, ont été redécouverts ; l'un d'eux, en parfait état, est visible sur la terrasse. La glacière vient elle aussi d’être redécouverte, à mi-parcours du « Sentier Dom-Pacello ». En outre, un colombier comptant 200 boulins est aménagé dans la falaise.
Autres dépendances
Un puits encore en eau a aussi été redécouvert, à un emplacement inhabituel : sur la terrasse devant le Logis royal. Il est constitué d’un fut de 12 mètres de profondeur dont le chemisage est en pierres de taille.
Un autre moulin se situait sur l'Allée de Chateau Gaillard doublée de double ormeaux (cadastre de 1804), appelé "Pont Moulin", se citait à cet endroit un pont romain à double arche qui fut détruit par Napoléon III pour la construction de tunnels de dérivation de la rivière Amasse destinés à protéger la ville d'Amboise d'inondations chroniques.
Le Parc et « les Jardins du Roy »
Plan de visite du domaine de Château Gaillard Amboise.
Le parc et Les Jardins du Roy comptent de nombreuses espèces d'animaux et de flore constituant une réelle biodiversité rare en ville. Il fut partiellement replanté par Jean Théodore Coupier, conservateur au musée du Louvre et propriétaire à la fin du XIXe siècle du domaine.
Un nouvel apport d'espèces rares en végétaux a été entrepris afin de prolonger et d'enrichir l'histoire du lieu (agrumes, conifères, grands arbres d'ornements, plantes méditerranéennes) et de lui redonner son aspect originel de la première Renaissance pacellienne issue de l'inspiration de Poggio Reale en Italie.
Lors des restaurations des dernières années ont été dégagés et retrouvés sept sentiers historiques jalonnant le domaine autour du château, du coteau, de la source, du verger et du potager royaux.
Galerie
Château-Gaillard Amboise, domaine royal.
Vue générale du château depuis les grands parterres.