À la différence de la plupart des autres pays occidentaux, l'Espagne dispose d’un seul service pour le renseignement et le contre-espionnage.
Histoire
Au XVe siècle, le roi Philippe II crée un réseau d'espions à travers toute l'Europe, grâce à l'or et l'argent rapportés des colonies d'Amérique. Au-delà des ambassadeurs eux-mêmes, des agents aux fonctions variées (artistes, religieux, esclaves, etc.) font circuler des messages codés qui remontent jusqu'au roi lui-même[1].
La dernière réforme date d'une loi du 6 mai 2002, qui transforme le CESID en Centre national de renseignement (CNI)[2].
Objectifs
Le principal objectif du CNI est de fournir au gouvernement des informations pour prévenir et, le cas échéant, éviter tout risque ou menace qui affecterait l'indépendance et l'intégrité de l'Espagne, les intérêts nationaux ainsi que la stabilité de l'État de droit et de ses institutions. De plus, la loi dispose que les objectifs concrets du Centre seront définis annuellement en Conseil des ministres par un document secret, la directive de renseignement (Directiva de Inteligencia).
Fonctionnement
Le CNI est organiquement dépendant du ministère de la Défense, mais jouit en réalité d'un régime d'autonomie fonctionnelle, que ce soit dans son organisation interne, la gestion de son budget ou de son personnel.
En 2016, le CNI compte environ 3 500 agents. En 2020, ses effectifs devraient atteindre 4 000 agents, conformément aux annonces de recrutements effectuées en juin 2016 par son directeur d'alors, Félix Sanz Roldán.
Le Centre communique au Congrès des députés, conformément aux dispositions de son règlement et par l'intermédiaire de la commission parlementaire responsable du contrôle des crédits affectés aux budgets réservés et présidée par le Président du Congrès, les informations appropriées sur son fonctionnement et ses activités. Les réunions de la commission et les informations qu'elle recevra ont un caractère secret[2].
Il doit donner son accord à l'adoption de tout type de mesure ayant pour effet ou objet la violation du domicile ou du secret de la correspondance, à condition que ces mesures se justifient par l'accomplissement des missions et fonctions du CNI[3].
Controverses
L'Espagne utilise Pegasus (logiciel espion) le logiciel espion contre le mouvement indépendantiste catalan dès 2015[4]. Selon Citizen Lab, l'activiste politique catalan et professeur universitaire Jordi Sànchez aurait été le premier indépendantiste visé en 2015 à la suite d'une manifestation à Barcelone, bien que la majorité des cas d'espionnage contre le mouvement indépendantiste catalan se sont produits entre 2017 et 2020[5].
En avril 2022, Citizen Lab a publié un rapport[5] confirmant qu'au moins 63 individus, membres du Parlement européen en faveur de l'indépendance de la Catalogne, présidents catalans, juristes représentant des catalans éminents et membres d'organisations catalanes telles que l'Assemblé nationale catalane et Òmnium Cultural ont été visés par Pegasus, notamment entre 2017 et 2020. Le 5 mai 2022, la responsable des services secrets espagnols, Centro Nacional de Inteligencia (CNI), Paz Esteban, a admis que des indépendantistes catalans avaient été espionnés via Pegasus, mais assure que cette surveillance a été menée dans un cadre légal[7].
Notes et références
↑Antonio Orti, « L'âge d'or de l'espionnage espagnol », Courrier International, no 1623, , p. 58, traduction d'un article paru le 23/05/21 dans Historia y vida.
↑(es) Alberto R. Aguiar, « Todo lo que se sabe hasta ahora del hackeo y el espionaje a los teléfonos de políticos independentistas de Cataluña que se hizo con tecnología de la israelí NSO Group » [« Tout ce que l'on sait à ce jour sur le piratage et l'espionnage des téléphones des politiciens indépendantistes en Catalogne, réalisés avec la technologie du groupe israélien NSO »], Business Insider, (lire en ligne, consulté le ).
(es) Antonio M. Diaz Fernandez Los servicios de inteligencia españoles. Desde la guerra civil hasta el 11-M. Historia de una transición, Madrid, Alianza Editorial, 2006.