Karim (Anas El Baz) et Adil (Omar Lotfi), deux amis d'enfance, sont de jeunes oisifs au vocabulaire vulgaire, qui vivent de petits boulots et d'arnaques dans l'un des anciens quartiers européens de la ville de Casablanca (« Casa la blanche ») qu'ils ont rebaptisée « Casanegra » (« Casa la noire ») terme ironique suggéré par un chauffeur de taxi pour exprimer l'abîme entre les riches (de Casablanca) et les pauvres (de Casanegra). Karim, beau gosse bien fringué, gère un réseau d'enfants de rue qui vendent des cigarettes au détail, alors qu'Adil rêve de partir travailler à Malmö et cherche la somme d'argent nécessaire à son projet. Karim vit dans une famille où le père, ancien ouvrier d'une usine de traitement de poisson, est handicapé majeur, alors qu'Adil vit avec sa mère et son beau-père psychopathe et violent, et finit par fuir après s'être vengé en brûlant la voiture de ce dernier. Zrirek (Mohamed Benbrahim) un truand mafieux local qui se fait payer en menaçant ses victimes à l'aide d'une perceuse, leur propose de travailler pour lui. Il les envoie d'abord récupérer une somme chez Rami, un homosexuel réticent, qu'ils finissent par tabasser et voler, Dans sa somptueuse villa, Adil découvre une grosse somme qu'il cache. Karim se rend en boîte de nuit de luxe où il rencontre Nabila, la vendeuse de meubles voisine, divorcée et en quête d'amour, mais il est trahi dans son amour par ses vendeurs de cigarettes qui révèlent son vrai visage de paumé. De son côté, Adil fait fuir sa mère en province et lui remet la somme volée à la station d'autocars. Lors d'une réunion dans la boîte de nuit miteuse qu'il fréquente, Zrirek, qui s'intéresse beaucoup aux courses, leur propose de droguer un cheval gagnant pour miser sur un autre et gagner beaucoup d'argent, mais le cheval s'enfuit et dans la course-poursuite qui s'ensuit, Zrirek est blessé et arrêté par la police. La fin nous remet au début de l'histoire...
Critique lors de la sortie en salle
Par Samuel Douhaire : Casablanca est-elle toujours la « ville blanche » ? La jeunesse sans avenir de la métropole marocaine préfère parler de « ville noire », tant la misère et la violence y règnent. Visiblement, le réalisateur a voulu associer réalisme social et style hollywoodien : un pari ambitieux et, en dépit de quelques longueurs, plutôt séduisant. La photographie stylisée, les scènes d'action, filmées caméra à l'épaule, restituent la vitalité bouillonnante (et inquiétante) de « Casa ». Le scénario épouse la structure du film noir pour raconter, en un long flash-back, le destin de deux amis d'enfance, engagés comme hommes de main par un gangster sadique. Karim (Anas El Baz) est sapé comme un héros de Reservoir Dogs, Adil (Omar Lofti) pourrait être le petit-cousin maghrébin de Robert De Niro dans Mean Streets.[1]
Le film doit beaucoup au charme de ces deux personnages et à l'énergie de leurs interprètes. On regrette d'autant plus la caricature des seconds rôles : le chef mafieux, notamment, qui menace ses clients avec une perceuse suscite davantage la rigolade que la terreur...
« Bien écrit, réalisé et joué, c’est le genre de film, décomplexé, oxygéné, à susciter le débat, voire la polémique. Ça passe et ça casse. Et c’est tout sauf une mauvaise chose. »
« Qu’il y soit dit beaucoup de choses souvent tues sur la réalité de cette ville – le chômage, le racket, l’exploitation des enfants... – ne change rien à l’impression d’assister à une suite de constats qui, faute de s’incarner, se transforment en clichés. »
« Violence, langage cru, sexe... Jamais un film marocain n'aura été si loin. Casanegra, le second long métrage du réalisateur Noureddine Lakhmari, 44 ans, est en passe de devenir un phénomène de société au Maroc. Dans les quatre villes - Casablanca, Rabat, Tanger et Marrakech - où le film est projeté depuis le 24 décembre 2008, les salles affichent souvent complet. Jeunes, vieux, riches, pauvres, femmes voilées ou en jean, affluent en masse. »
Musique
Casanegra est aussi le titre de la deuxième chanson de l'album Byad Ou K7al[17] – « Noir et blanc » en darija[18] – du rappeur marocain Don Bigg, sorti fin 2009[17]. Celui-ci avait été approché pour réaliser la bande-son du film de Nour-Eddine Lakhmari, auquel ladite chanson fait un clin d'œil, sans que la collaboration ait aboutie[17].
La chanson du générique du film, composée et interprétée par un autre rappeur marocain, Amine Snoop (alias Al Kayssar), en featuring avec Myriam Sid, a fait l'objet d'un clip également réalisé par Nour-Eddine Lakhmari[19].
L'année indiquée est celle de la cérémonie. Les films sont ceux qui sont proposés à la nomination par le Maroc ; tous ne figurent pas dans la liste finale des films nommés.