La bataille de Palluau a lieu le lors de la guerre de Vendée. Elle s'achève par la victoire des républicains qui repoussent une attaque des Vendéens contre le bourg de Palluau.
Le 5 mai 1793, la ville de Legé est prise par quatre colonnes républicaines : celle de Beysser partie de Machecoul, celle de Boulard partie de Palluau, celle de Baudry d'Asson partie de Challans et celle de Laborie partie de Saint-Colombin[2]. Les républicains ne rencontrent presque aucune résistance et se replient ensuite sur leurs cantonnements initiaux, ne laissant à Legé qu'une petite garnison de 320 hommes sous les ordres du chef de brigade Prat[7]. Mais le 7 mai, la colonne de Laborie, de retour à Saint-Colombin, est écrasée par Charette lors d'une attaque-surprise[8]. Estimant que Legé est désormais insuffisamment défendue, le général Canclaux ordonne son évacuation[8]. Celle-ci s'effectue le 9 mai en fin de journée : la colonne de Prat se retire sur Machecoul en passant par Palluau, Saint-Christophe-du-Ligneron et Challans[8],[9]. Peu après sa sortie de Legé la garnison est attaquée par des insurgés embusqués, mais ces derniers sont repoussés par un détachement envoyé par Boulard[9]. Le soir même, Charette peut faire son retour à Legé, où il établit son quartier-général[8].
En quelques jours, les forces insurgées du Bas-Poitou et du Pays de Retz se rassemblent pour l'attaque de Palluau[12]. Les victoires de Charette à Legé et à Saint-Colombin accroissent rapidement le nombre de ses combattants[12]. Des insurgés du Loroux, bien armés et aguerris, viennent se joindre à son armée[12]. Les troupes de Joly, Vrignault et Savin prennent également part à l'opération[1],[12]. Le général Boulard évalue les forces vendéennes à 12 000 hommes, d'après le rapport de prisonniers[3]. L'historien royaliste René Bittard des Portes juge que ce nombre doit être réduit d'un tiers[3]. Savary fait quant à lui mention de 10 000 à 12 000 Vendéens, dont 80 cavaliers, avec un canon de 4 livres et un pierrier, aux dires selon lui, d'un insurgé fait prisonnier[13]. Selon l'historien Émile Gabory, les Vendéens sont forts de 7 000 à 8 000hommes avec un canon[1].
Dans ses mémoires[A 1], Lucas de La Championnière écrit qu'ils disposent de deux pièces d'artillerie[12].
Côté républicain, le général Henri de Boulard dispose d'un millier d'hommes selon Gabory[1]. Le 4 mai, le général Canclaux écrit que la colonne de Boulard compte alors 1 200 à 1 300 hommes avec quatre canons[2],[14]. Vers le 7, à la demande de Beysser, Boulard détache 120 hommes de sa troupe pour aller renforcer celle du chef de brigade Prat, alors à Legé[14].
Déroulement
Les Vendéens attaquent sur trois colonnes[1],[13] : Charette et Vrignault arrivent au nord de Palluau, par la route de Legé, Savin attaque au nord-est par la route de Saint-Étienne-du-Bois et Joly au sud-est, par les routes du Poiré-sur-Vie et d'Aizenay[4],[1],[12],[13]. Boulard met ses forces en bataille en dehors du bourg, sur les différents points d'attaque[4],[13]. Le combat s'engage à onze heures du matin[4],[13].
D'après les mémoires du chef vendéen Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, non présent cependant lors de bataille, au nord de Palluau, peu avant le début des hostilités, un officier vendéen à cheval s'avance face aux lignes adverses et imitant le geste de la bataille de Fontenoy salue et engage les républicains à tirer les premiers[4],[1],[12]. Ces derniers lui rendent le salut mais ne tirent pas[1],[12]. Les Vendéens de l'armée de Charette et de Vrignault ouvrent alors le feu avec leurs canons mais ceux-ci ne font aucun dégât et provoquent rires et moqueries de la part des républicains[1],[12]. L'artillerie royaliste cesse le feu après avoir tiré une vingtaine de coups[4]. Les pièces républicaines répliquent plus efficacement et une partie des Vendéens courent se réfugier dans les maisons environnantes[1],[12]. Charette doit lui-même ramener ses hommes au combat à coups de plat du sabre[1],[12], tandis qu'un boulet frappe le sol à ses pieds et le recouvre de terre[12]. Menés par les combattants du Loroux, qui se distinguent ce jour-là par leur bravoure, les Vendéens repartent de l'avant et engagent une longue fusillade avec les républicains, disposés en tirailleurs[1],[12].
De son côté, Joly envoie 900 hommes au sud du bourg pour couper le pont de la Chapelle-Palluau[1],[13]. Le reste de ses forces attaque au sud-est sur la route du Poiré[13]. Cependant l'artillerie républicaine est placée sur un retranchement qui lui permet de faire feu tour à tour sur la colonne de Charette et la colonne de Joly[13]. Au bout de trois heures, l'armée de Joly rompt le combat et se débande[1],[13].
À l'ouest, Savin arrive plus tardivement sur le champ de bataille, mais des combats éclatent par erreur entre ses hommes et ceux de Charette[1],[12]. Il s'ensuit alors une grande confusion : les cavaliers de Charette reculent et jettent le désordre parmi les hommes à pied, tandis que Charette donne l'ordre de retirer ses deux canons, ce qui achève de démoraliser ses hommes[1],[12]. De son côté, Boulard fait avancer une partie de ses troupes sur la route de Legé avec l'appui de l'artillerie[4]. Les Vendéens prennent la fuite et la déroute devient bientôt générale[1],[13],[12]. Charette rallie difficilement ses cavaliers à la Chambodière, puis il se replie sur Legé[1]. La cavalerie républicaine suit les fuyards jusqu'au moulin de la Chambodière, puis rentre à Palluau à sept heures du soir[13].
Pertes
Les pertes républicaines sont de deux tués et de 22 blessés, tandis que les pertes des insurgés sont estimées par Boulard à 150 morts[4],[6]. Selon Pierre-Suzanne Lucas de La Championnière, la moitié des hommes de Charette désertent dans la nuit qui suit la bataille, les autres regagnent le champ de bataille le lendemain sans y trouver les républicains, mais découvrent sept à huit corps sur la grand-route, dont certains ont la langue arrachée[12]. D'après Le Bouvier-Desmortiers, les Vendéens ont perdu 100 hommes, tués ou blessés[5]. Pour Émile Gabory, leurs pertes sont de 150 morts ou prisonniers contre quelques hommes chez les patriotes[1].
Conséquences
Le général Boulard sort victorieux du combat, mais il est conscient du nombre insuffisant de ses troupes et réclame des renforts à Beaufranchet d'Ayat[4]. De plus, une grande partie du bataillon des chasseurs du Midi abandonne le poste de La Mothe-Achard, situé sur la route des Sables, le rendant vulnérable à une attaque des forces de Joly[13]. Le 16 mai, Boulard reçoit un courrier de l'administration des Sables qui le félicite de sa victoire mais lui conseille de se replier[13]. Il abandonne alors Palluau le 17 mai et fait retraite sur La Mothe-Achard[4],[13],[1]. Il fait couper derrière lui le pont de la Chapelle-Palluau, qu'il avait fait rétablir la veille[13]. Le colonel Baudry d'Asson abandonne quant à lui Challans et Saint-Gilles-sur-Vie le 29 mai et se replie sur Vairé et Olonne-sur-Mer[15]. Sans avoir été vaincue, la division républicaine des Sables est ainsi revenue à son point de départ[16].
« Les rigueurs des républicains, quelques menaces du Général envers ceux qui ne le rejoindraient pas, et plus que tout cela, le bruit de ses victoires, accrurent bientôt le nombre de ses soldats. Des paysans du Loroux, attirés par sa réputation, vinrent lui offrir leurs armes et leurs bras ; ces étrangers avaient tous l'air guerrier ; leurs fusils de munition attestaient leurs combats et leurs victoires, et M. Charette commença alors à prendre cet air imposant qu'il a bien perfectionné depuis.
Outre le rassemblement aux ordres de M. Charette, il y avait encore deux petites armées, l'une du côté des Sables commandée par M. Joly et l'autre dans les environs de Beaufou, conduite par M. Savin : ces Généraux étaient alors indépendant les uns des autres, tous se réunirent pour l'attaque de Palluau.
L'armée Charette avec deux pièces de canon se présenta sur le chemin de Legé. Joly attaquait l'autre côté du bourg ; les troupes républicaines étaient sorties pour se mettre en bataille. Les choses se firent dans les règles, un cavalier de l'armée Charette s'avança pour saluer l'ennemi et l'engager à tirer le premier : on lui rendit son salut mais on ne tira point. Alors commença le feu de notre côté ; les premiers coups de canon mal ajustés excitèrent parmi les républicains des éclats de rire que nous entendions fort distinctement. Ils ne tardèrent pas à nous répondre ; aussitôt les paysans s'entassèrent derrière les maisons qui bordaient le grand chemin et tandis que M. Charette à coups de plat de sabre les forçaient d'avancer, un boulet vint frapper à ses pieds et le couvrit de terre. Cependant les plus braves excitant et poussant les autres, on approcha à portée de fusil, les républicains s'avancèrent aussi en tirailleurs et il se fit pendant quelque temps un feu assez soutenu. Le terrain jusque-là était bien disputé, lorsque Savin parut sur la gauche au pied d'un moulin ; nos soldats avancés le prirent pour un nouvel ennemi. Savin de son côté fit feu sur nous, nous croyant de la troupe de Palluau ; il s'ensuivit un désordre affreux. M. Charette dans ce moment ayant donné l'ordre de retirer les pièces de canon, il n'en fallut pas davantage, chacun crut le danger pressant et l'on se sauva à toutes jambes. La cavalerie ennemie ne nous poursuivit pas au-delà de l'endroit où nous avions commencé le combat. M. Joly, qui se battait de l'autre côté, aura sans doute attiré les forces sur lui.
M. Charette resta à Legé, quoique Palluau n'en fut qu'à deux lieues, mais dans la crainte de surprise il fit conduire à Roche-Servière ses deux pièces de canon qu'on aurait pu perdre au milieu du désordre.
Nous sortîmes le lendemain sur la même route ; je ne sais quel était le dessein du Général ; l'armée se trouvait réduite à moitié par la désertion qui avait eu lieu pendant la nuit. Nous marchâmes jusqu'au champ de bataille et nous n'aperçûmes point l'ennemi ; les maisons voisines avaient été incendiées, sept à huit cadavres étaient sur la grande route, on en avait arraché la langue à plusieurs ; je remarquais que ce spectacle diminuait encore le courage de ceux qui étaient présents. Nous emportâmes nos morts et nous retournâmes à Legé sans savoir si l'ennemi avait décampé. Nous en eûmes la certitude le lendemain[12]. »
Alain Chantreau, « Deux attaques de Legé par les armées républicaines : 30 avril et 5 mai 1793 », dans Hervé Coutau-Bégarie et Charles Doré-Graslin (dir.), Histoire militaire des guerres de Vendée, Economica, , 656 p.
Charles-Louis Chassin, La Vendée Patriote (1793-1800), t. I, édition Paul Dupont, 1893-1895.
Lionel Dumarcet, François Athanase Charette de La Contrie : Une histoire véritable, Les 3 Orangers, , 536 p. (ISBN978-2-912883-00-1).
Urbain-René-Thomas Le Bouvier-Desmortiers, Réfutation des calomnies publiées contre le général Charette commandant en chef les armées catholiques et royales dans la Vendée : Extrait d'un manuscrit sur la Vendée, , 630 p. (lire en ligne)