« Le 8 janvier suivant (1796), un autre rassemblement de six mille hommes, après avoir défilé par le bourg de Berric, se porta encore sur la même côté de Muzillac ; il faisait un froid si vif, que dans cette nuit que nous passâmes presque tous au bivouac, trois soldats furent gelés. Nous marchâmes au nombre de douze cents hommes jusqu'au nord de la mer. Nous voyions l'escadre anglaise qui s'était rapprochée autant que possible ; il n'y avait pas de sa faute, mais un vent du nord, contraire comme la première fois, rendait tout débarquement impossible et ne permettait aucune communication, ce qui était d'autant plus malheureux que nous manquions de tout, excepté d'hommes.
Un débarquement à cette époque nous eût rendus maîtres du pays. Un détachement de trois cents grenadiers, ignorant notre arrivée, se rendait à Vannes. Après avoir dispersé quelques chouans qui, pour se mettre à l'abri du vent, s'étaient couchés dans les joncs, il trouva en bataille, sur la grande route, le gros de l'armée qui était resté en observation. Assailli par une vive fusillade, il se replia en désordre sur Muzillac, après avoir perdu une vingtaine d'hommes.
La division de Silz, jadis une des meilleures de l'armée, ne se rassemblait plus ; l'ennemi, de son côté, n'y commettait plus d'hostilités. Pour la faire sortir de cet état de stupeur et lui redonner de l'activité, le général Georges ordonna à une autre division de s'y porter et de la parcourir ; plusieurs petits détachements républicains, qui marchaient avec sécurit dans un pays qu'ils croyaient tranquille, furent surpris et égorgés[1],[2]. »
— Notes de Louis du Bot de Villeneuve.