Charles-Philippe Larivière, La Bataille de Montgisard, 1177 (Tableau fictif, le roi Baudouin IV âgé de seulement 16 ans avait combattu durant la bataille).
La bataille de Montgisard (ou bataille de mont Gizar) est une importante bataille livrée entre Saladin et Baudouin IV de Jérusalem le . Baudouin IV, au cours de cette bataille, réussit avec des effectifs réduits à vaincre Saladin, qui cherchait à envahir le royaume de Jérusalem.
Contexte
En 1177, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, arrive en Terre sainte avec une armée. À cette époque, le royaume de Jérusalem et l’Empire byzantin projettent de s’allier pour organiser une campagne commune contre l’Égypte, gouvernée par Saladin. Une escadre byzantine aborde peu après à Saint-Jean-d'Acre, mais Baudouin, gravement atteint de lèpre, ne peut pas prendre la tête de l’armée du royaume et propose à Philippe d’Alsace d’en prendre le commandement. Celui-ci refuse, prétendant qu’il est venu à Jérusalem pour faire ses dévotions et défendre le royaume et non porter la guerre dans des États voisins. Son refus fait échouer l’expédition et les Byzantins retournent chez eux[3].
Philippe d’Alsace quitte Jérusalem, et se rend en à Tripoli, où il aide le comte Raymond III à assiéger sans succès la forteresse de Hama au début du mois d'octobre 1177. Il se rend ensuite à Antioche et, avec le prince Bohémond III d'Antioche, il assiège à la fin du mois de novembre la forteresse de Harenc[4].
La bataille
Baudouin IV avait également envoyé des troupes au siège de Hama, dégarnissant le royaume, car il ne restait plus à Jérusalem que cinq cents chevaliers, comprenant les garnisons des Templiers et des Hospitaliers. En apprenant le projet d’attaque franco-byzantine, Saladin avait quitté Damas pour l’Égypte, afin d’organiser la défense et la résistance du pays. Plus tard, ses espions lui apprennent l’abandon de cette expédition, puis le siège de Hama, qui occupe la plus grande partie de l’armée franque.
Entre le et le , il pénètre dans le royaume de Jérusalem avec son armée forte de trente mille soldats, évite la forteresse de Gaza dont les Templiers avaient renforcé la garnison et marche sur Ascalon[5].
Dès qu’il apprend la nouvelle, le roi[6] part avec toutes les troupes qu’il a pu trouver au-devant de Saladin et arrive à Ascalon peu avant Saladin. Avant de partir, Baudouin avait convoqué l’arrière-ban du royaume, mais celui-ci est capturé par l’armée de Saladin avant d’arriver à Ascalon. Saladin met le siège devant Ascalon, Baudouin tente une sortie mais doit battre en retraite immédiatement[7]. Saladin s’avise que le royaume est sans défense, lève le siège d'Ascalon et poursuit sa route vers Ramla, qu’il prend sans aucun mal, la ville ayant été évacuée, et incendiée, puis assiège Mirabel et Lydda. Pensant que la défense du royaume est totalement paralysée, Saladin autorise ses soldats à se disperser pour piller la région et, ne voulant pas s'encombrer de prisonniers, en fait égorger un certain nombre[8].
Il quitte Ascalon, suit une route en arc de cercle pour contourner l’armée de Saladin et le rejoint en un lieu nommé Mons Gisardus (Tell el-Jezer)[12], près de Ramla. Il attaque l’armée ennemie par le nord alors que Saladin le croit toujours au sud-ouest[13]. Bénéficiant de l’effet de surprise et voulant à tout prix venger le massacre des prisonniers, l’armée franque charge celle de Saladin, amollie et alourdie par le butin. Taqi al-Din tente de contenir la charge ennemie mais plusieurs émirs, dont son propre fils, sont tués, et le reste finit par prendre la fuite[14].
C’est ensuite aux mille mamelouks de la garde personnelle de Saladin de tenter de contenir la charge franque, mais ils sont tous tués. Les prisonniers survivants en profitent pour se libérer et attaquer leurs gardiens. Saladin lui-même échappe de peu à la mort, ordonne à tous de prendre la fuite et profite de la nuit qui tombe pour échapper aux chevaliers croisés[15].
Saladin repart alors vers l'Égypte, tout en étant harcelé pendant sa retraite par des Bédouins. Il ne réussit à rentrer qu'avec seulement le dixième de son armée et arrive au Caire le , à temps pour démentir la nouvelle de sa mort. Baudouin le suit jusque dans la péninsule du Sinaï mais fut incapable de prendre l'avantage[16].
Mais les Francs n’ont pas réussi à tirer avantage de cette victoire et vont subir des défaites au cours des deux années suivantes. Le , en revenant d’un raid, Baudouin manque d’être capturé à Panéas au cours d’un affrontement où est tué le connétable Onfroy II de Toron[17]. Le , l’ost est battu à Marj Ayoun et de nombreux soldats sont tués ou faits prisonniers[18]. Enfin le , Saladin assiège et détruit le Chastelet du Gué de Jacob[19], forteresse que Baudouin venait de faire édifier pour garder la frontière[20]. Mais les deux royaumes sont épuisés et en 1180, une trêve est conclue entre les deux rois[21].
Saladin a également perdu sur le champ de bataille de Montgisard une superbe édition du Corancalligraphiée qui lui fut rendue lors de la trêve obtenue après l'assaut de Saladin sur le Krak de Moab commandé par Renaud de Châtillon. Celui-ci dévalisait toutes les caravanes venant d'Égypte et qui étaient destinées à Damas.