La mélodie Ballade de la reine morte d'aimer est l'une des premières compositions de Maurice Ravel, écrite en 1893[1].
Elle est composée d'après un poème du journaliste belge Roland de Marès (1874-1955) extrait des Ariettes douloureuses[2], « pièce dans le goût préraphaélite[3] ». Le titre original du poème, Ballade de la Reine de Bohême, est changé par Ravel en Ballade de la reine morte d'aimer[4].
La partition, empreinte de l'influence d'Erik Satie[5],[4], n'est pas publiée du vivant du compositeur mais en 1975, par Salabert[6].
Ballade de la reine morte d'aimer utilise généreusement des harmonies modales. La mélodie s'ouvre en mode dorien et s'installe sur la durée en si naturel[8].
Une autre caractéristique remarquable est sa construction autour des sonorités de cloche[8]. La musicologue Bénédicte Palaux Simonnet constate ainsi que « dès les premiers sons confiés à une cloche, l'ingéniosité du compositeur s'impose. La narration se spatialise entre ligne vocale dépouillée et battement d'airain du piano. Puis, l'antagonisme trouve sa résolution dans l'envol de cloches et clochettes de Thulé : la Reine est passée du monde mortel à l'infini sonore[4] ».
L'attrait pour les sonorités de cloche est une constante chez Ravel, des exemples futurs résonnant notamment dans Entre cloches (des Sites auriculaires)[8], La Vallée des cloches (des Miroirs) ou Gibet (de Gaspard de la nuit)[4].
Pour Palaux Simonnet, avec la Ballade de la reine morte d'aimer, c'est déjà « tout le futur vocal du musicien qui se révèle ici en vraie grandeur[4] ».
La durée moyenne d'exécution de la mélodie est de cinq minutes environ[8].