Baile a orillas del Manzanares (« Danse de majos au bord du Manzanares[1] » ou El baile de San Antonio de la Florida — « La Danse de Saint Antoine de la Floride ») est une peinture réalisée par Francisco de Goya vers 1776-1777 et appartenant à la deuxième série des cartons pour tapisserie destinée à la salle à manger du Prince des Asturies dans le Palais du Pardo.
Il fut considéré perdu jusqu'en 1869, lorsque la toile fut découverte dans le sous-sol du Palais royal de Madrid par Gregorio Cruzada Villaamil, et fut remise au musée du Prado en 1870 par les ordonnances du et du , où elle est exposée dans la salle 85[2]. La toile est citée pour la première fois dans le catalogue du musée du Prado en 1876[3].
L'empreinte de Mengs et Bayeu, qui supervisaient encore les dessins du jeune Goya, est encore visible dans cette œuvre. L'artiste aragonais décrit le tableau comme "deux majos et deux majas dansant des seguidillas[a],[4]. En arrière-plan, des musiciens, un soldat et un autre maja (élégante). En arrière-plan, la basilique Saint-François-le-Grand de Madrid est à peine visible. Il est très lumineux et coloré, bien qu'il soit sous la surveillance étroite de Mengs. La zone riveraine où se déroule l'action sera celle où Goya acquerra plus tard sa Quinta del Sordo.
Le fait que la composition forme un cercle ouvert suggère que l'artiste veut introduire le spectateur dans la danse[5]. Les hommes sont habillés en courtisans et les femmes en majas. Cela reflète l'intérêt quasi obsessionnel de Goya pour le mélange des classes sociales, difficile à réaliser dans la réalité mais qu'il réussit avec une étonnante maîtrise dans ses compositions. L'utilisation de couleurs vives suggère qu'il s'agit d'une pièce ludique, comme de nombreux cartons de tapisserie. Un homme à l'arrière-plan joue de la musique et se repose, tandis que l'une des femmes dansant reflète l'intérêt de Goya pour saisir l'importance du sujet plutôt qu'un visage expressif[6].
Goya a livré la composition, commandée en octobre 1776, le 3 mars 1777. Les dames qui se déguisaient en manolas pour leurs fêtes appartenaient souvent à l'aristocratie, qui dédaignait les thèmes mythologiques au profit d'amusements champêtres. C'est une scène animée, et on peut dire que les danseurs bougent, essayant de s'échapper de la toile. Les coups de pinceau sont lâches et l'effet de la lumière montre un beau paysage à distance.
Jean Laurent, Catalogue illustré des tableaux du Musée du Prado à Madrid, Madrid, J. Laurent et Cie, , p. 16.
(es) V. de Sambricio, Tapices de Goya, Madrid, Patrimonio Nacional, , p. 84, 92-93, 203-204.
(es) Janis Tomlinson, Francisco de Goya : los cartones para tapices y los comienzos de su carrera en la corte de Madrid, Madrid, Cátedra, , 302 p. (ISBN978-84-376-0392-6), p. 27, 47, 58, 61-76, 89, 169, 293.
(es) Juan Ramón Triadó Tur, Goya, Barcelona, Susaeta, coll. « Genios de la pintura », (ISBN84-305-9689-5).