En 1915, l'idée est proposée de monter des canons de 75 mm modèle 1897 sur des camions. En effet, les canons de 75, prévus pour la traction hippomobile, ne peuvent rouler à plus de 8 km/h[1]. Les camions testés sont des Saurer type B à deux roues motrices puis des Jeffery Quad à quatre roues motrices[2].
À partir du , les régiments d'artillerie affectés à l'artillerie de corps d'armée deviennent des régiments d'artillerie portée à trois groupes[2]. En juin 1918, une 5e division est créée dans la réserve générale d'artillerie avec les 18 régiments d'artillerie portée, qui quittent leur rattachement aux corps d'armée. À la fin de la guerre, 34 régiments sont opérationnels et trois en formation[2].
Lors de la guerre, le principal modèle est le Jeffery Quad (et son successeur Nash Quad), ainsi que le Panhard K13 et le Latil TP, renforcés en 1918 par quelques Saurer type B[3].
Entre-deux-guerres
En 1920, l'Armée française expérimente l'emploi de tracteurs agricoles pour améliorer la mobilité des canons de l'artillerie portée. Ces tracteurs doivent être transportés comme les canons sur le plateau de camions. Pour la traction des canons de 75, une dizaine de tracteurs Cletrac sont livrés en 1921, renforcés par plus d'une centaine d'Ara Alpha Prime à partir de 1923. Le Renault HI est adopté pour la traction des canons de 105 long modèle 1913 et 155 court Schneider. L'Armée recourt également au principe de véhicule primé : elle récompense un modèle de tracteur agricole destiné au marché civil afin de disposer d'une quantité suffisante de tracteurs en cas de réquisition[3].
À partir de 1922, la dotation de camions de l'artillerie portée de 75 est renforcée par des Berliet CBA, plus puissant, recarrossés pour l'emport de canons de 75[3]. À la même date, le camion Pierce-Arrow de 5 t modèle 1918 est adopté pour l'emport du 155 C et le Saurer B pour celui du 105 L[4].
Lors de la réorganisation de 1923-1924, les régiments d'artillerie portée sont renumérotés dans la série 300 à 360. Elle est équipée de canons de 75 (série 300 à 340), de 105 L modèle 1913 (série 350) et de 155 C Schneider (série 360)[5],[4].
Entre 1930 et 1933, les régiments d'artillerie portée de 75 en métropole sont tous transformés en régiments d'artillerie à tracteurs tous-terrains, type Citroën Kégresse, beaucoup plus faciles d'emploi. L'Armée ne compte plus que des régiments d'artillerie lourde portée, à l'exception de quelques canons de 75 portés dans les régiments d'artillerie de région fortifiée et dans les colonies[3].
Seconde Guerre mondiale
Au début de la Seconde Guerre mondiale, l'artillerie portée est considérée comme dépassée mais reste en service jusqu'à usure complète de ses matériels[4]. Une vingtaine de régiments d'artillerie portée sont recréés à la mobilisation[3]. Équipés de matériels anciens datant souvent de la guerre précédente, les RAP sont complétés par la réquisition de tracteurs agricoles d'origines diverses. Des camions civils sont également modifiés pour emporter des canons ou des tracteurs agricoles sur leur plateau[6].
Elle reste également en service dans les colonies, à l'image du canon utilisé lors de la bataille de Koufra par la colonne Leclerc. L'Armée commande 80 Renault AGR 2 porte-canons et porte-tracteurs pour renforcer l'artillerie portée en outre-mer et peut-être également en métropole[6].
Conscient que l'artillerie portée est dépassée, à cause du temps de mise en batterie des pièces, le commandement militaire lance la transformation des régiments d'artillerie portée en régiments d'artillerie tractée. Les nouveaux tracteurs sont pour partie des tracteurs tous-terrains semi-chenillés (type Unic P107) mais également des camions routiers importés, type Fiat SPA 38 et StudebakerK 25[6].
La transformation n'étant pas complète en mai 1940, les régiments d'artillerie portée participent néanmoins à la bataille de France. Un régiment comme le 304e RAP parvient à rester apte au combat jusqu'à la mi-juin alors qu'il s'oppose à l'avance allemande depuis le avec son matériel ancien[6].
↑ abcd et eFrançois Vauvillier, « Jeffery et Nash Quad : L'oncle d'Amérique débarque avant l'heure », Guerre, blindés et matériels, Histoire & Collections, , p. 24.
↑ abcdefghijklmnopq et rFrançois Vauvillier et Guy François, « L'artillerie de campagne de 75 portée, 3e partie : En métropole et sur le Rhin », Histoire de guerres, blindés et matériels, no 142, , p. 27-40.
↑ ab et cFrançois Vauvillier et Jean-Michel Touraine, L'automobile sous l'uniforme 1939-40, Massin, (ISBN2-7072-0197-9), « L'artillerie portée », p. 112-115.
↑ abcdefghijkl et mFrançois Vauvillier, Rémy Scherer et Nicolas Palmier, « Les régiments d'artillerie de 75 portée en campagne, 4e partie », Histoire de guerres, blindés et matériels, no 143, , p. 40-54
↑Historique du 3e régiment d'artillerie coloniale : 1914-1918, Paris, Chapelot, 52 p. (lire en ligne), p. 25.
↑ a et bLieutenant-colonel Perrier, Historique du 53e régiment d'artillerie pendant la Grande Guerre : 2 août 1914-20 janvier 1919, Clermont-Ferrand, Impr. générale de Bussac, , 107 p. (lire en ligne), p. 18.
↑Pierre Briot, Naissance d'une garnison, (lire en ligne).
↑ a et bHenri Kauffer, « L'artillerie », dans Pierre Guinard, Jean-Claude Devos et Jean Nicot, Inventaire des archives de la Guerre : Série N 1872-1919, vol. 1 : Introduction, guide des sources, bibliographie, Troyes, Imprimerie La Renaissance, (lire en ligne), p. 160-161.
↑ a et bHistorique du 203e régiment d'artillerie de campagne : campagne 1914-1919, Carcassonne, Imprimerie Gabellé, 16 p. (lire en ligne), p. 5, 7.
↑Historique du 238e régiment d'artillerie de campagne, Paris, Librairie Chapelot (lire en ligne), p. 8, 18.
↑ ab et cFrançois Vauvillier, « Les tracteurs d'artillerie Citroën-Kégresse », Histoire de guerre, blindés et matériel, Histoire & Collections, no 139, , p. 23-32.
↑Auguste Édouard Hirschauer, « Annexe 2 : Notice Historique », dans Rapport fait au nom de la Commission de l'armée, chargée d'examiner le projet de loi adopté par la chambre des députés, relatif à la constitution des cadres et effectifs de l'armée, Impressions du Sénat (no 263), (lire en ligne), p. 224-225.