Son père est Louis du Laurens, né à Puget près de Chambéry, mort le [4], qui épouse en 1553, « avec fort peu de moyens[5] », Louise de Castellan[6], née à Riez, sœur d'un médecin qui deviendra celui du roi Charles IX.
Le père est d'abord médecin à Tarascon, puis à Arles, où il s'établit afin que ses enfants puissent aller au collège[7],[8]. André est d'abord destiné à être moine à Montmajour, mais, grâce à une judicieuse indiscrétion de sa sœur Jeanne, son désir d'être médecin se déclare[9].
En 1600 il est introduit à la cour par la comtesse de Tonnerre[10]. D'abord médecin de Marie de Médicis, il devient médecin ordinaire[14] d'Henri IV. Son crédit lui permet de faire nommer deux de ses frères archevêques, Gaspard, d'Arles et Honoré, d'Embrun. Il a un autre frère, Jean (en religion Jérôme), supérieur provincial des capucins à trois reprises[15],[16],[17].
À la mort de Jean Hucher en 1603, du Laurens est nommé chancelier de l'université de Montpellier, mais il reste à Paris et ses fonctions sont remplies des vice-chanceliers[16],[18], ce qui est contraire aux lois et statuts du Parlement de Toulouse et nécessite un arrêt du Conseil-Privé[10].
Malgré le nombre de traductions de ses Discours et la grande diffusion de ses Historia, la place de du Laurens dans l'histoire de la médecine est modeste. Voici ce que dit Éloy :
« Les ouvrages anatomiques de du Laurens sont plus remarquables par la beauté du style, que par l'exactitude des choses […] il est justement accusé de plusieurs fautes dans l'exposition de la structure du corps humain […] on est encore en droit de lui reprocher de s'être attribué beaucoup de découvertes qu'on avait mises au jour avant lui. Ses erreurs, dit Riolan, viennent de ce qu'il s'en est rapporté au témoignage des autres, au lieu d'examiner lui-même les parties anatomiques dont il fait la description. »
Michaud fait écho et lui reproche de s'arrêter trop souvent à des questions oiseuses et de défendre Galien contre Fallope et Vésale : « il montre même beaucoup d'humeur contre ce dernier, quoiqu'il lui ait emprunté presque toutes les planches qui accompagnent les éditions in-folio de son livre[21] ; parfois aussi il s'approprie sans façon les découvertes des autres. »
Toutefois, les quatre « discours » réunis dans son ouvrage de 1594 (sur la vue, la mélancolie, les catarrhes, la vieillesse) — exemple, au xvie siècle, de la diffusion de la science en langue française[22] — lui ont valu une place dans l'histoire de l'ophtalmologie et dans celle de la gérontologie. Son discours sur la mélancolie[23], qui, dit Jacques Postel, « rassemble l'essentiel des connaissances qu'on avait sur cette maladie mentale à l'aube de l'âge classique[24] », suscite un nouvel intérêt et a été réédité avec un substantiel appareil critique en 2012[25]. C'est dans ce Discours que René Descartes a puisé les exemples de cas de mélancolie cités dans la première des Méditations métaphysiques[26],[27].
À la fois prestigieux praticien de sa science et passeur[28], ou communicateur scientifique, il veut, dit Évelyne Berriot-Salvadore, « convaincre les médecins […], séduire les esprits curieux[29]. ».
Il influença le médecin Jacques Ferrand qui publia à Toulouse en 1610 un Traicté de l'Essence et Guérison de l'Amour ou de la Mélancholie Érotique.
Discours des maladies mélancoliques (1594), Paris, Klincksieck, 2012 — Édition moderne avec appareil critique, préparée par Radu Suciu[32]
Traductions :
1599 : traduction anglaise, de Richard Surphlet[33] ;
1618, 1620 : traduction latine[30], de Johann Theodor Schönlein[34] ;
1626 : traduction italienne, de Giovanni Germano[35],[3]
Triumphus verae et Galenicae demonstrationis de vasorum cordis in foetu communione, Tours, 1593[28] ; ou Apologia pro Galeno et impugnatio novæ ac falsæ demonstrationis de communione vasorum cordis in foetu, 1595[3]
Jean Astruc, « André du Laurens, d'Arles », dans Mémoires pour servir à l'histoire de la faculté de médecine de Montpellier, Paris, Cavelier, 1767
Évelyne Berriot-Salvadore, « Les œuvres françaises d'André Dulaurens », dans Esculape et Dionysos. Mélanges en l'honneur de Jean Céard, Genève, Droz, 2008, p. 243-254[38]
Nicolas Éloy, « Du Laurens (André) », dans Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, vol. 2, Mons, Hoyois, 1778, p. 106
Marie Gaille, « Qu’est-ce que l’homme ? La réponse de l’anatomiste ou La médecine comme anthropologie chez André du Laurens », dans Le Français préclassique, 1500–1650, no 10, Paris, Champion, 2007, p. 61–71
↑ abc et dJean Baptiste Louis Chomel, Essai historique sur la médecine en France, chez Lottin l'ainé, libraire-imprimeur de monseigneur le duc de Berry, rue S. Jacques, près S. Yves, au Coq, (lire en ligne)
↑Cette mention n'est pas sans importance au moment où le latin était la langue de la médecine.
↑« On créa pour lui la charge de médecin ordinaire, dont les fonctions sont d'être toujours auprès du roi, et de remplir la place de premier médecin quand il est malade. » (Astruc, p. 248)
↑Jean Baptiste Louis Chomel, Essai historique sur la médecine en France, chez Lottin l'ainé, libraire-imprimeur de monseigneur le duc de Berry, rue S. Jacques, près S. Yves, au Coq, (lire en ligne)
↑C'est du français que ses « discours » ont été traduits en anglais, la traduction latine n'existant pas encore ; l'absence de texte latin et le désir d'atteindre le grand public ont sans doute rendu possible l'existence d'une traduction anglaise.
↑André Du Laurens, Discours des maladies mélancoliques, édition préparée, présentée et annotée par Radu Suciu, Klincksieck, 2012
↑Annie Bitbol-Hespériès, « Descartes face à la mélancolie de la princesse Elisabeth », dans Une philosophie dans l'histoire, Hommages à Raymond Klibansky, éditeurs: B. Melkevik et J.-M. Narbonne, Québec, Presses universitaires Laval, 2000, p. 229–250.
↑Annie Bitbol-Hespériès, article sur André Du Laurens, dans L. Foisneau (dir), Dictionary of seventeenth-century French philosophers, Thoemmes Continuum, NY, 2008, traduction française, Dictionnaire des philosophes français, Classiques Garnier, juin 2015.