Jean André Lafargue naît le dans le 15e arrondissement de Paris[2],[3],[4]. Son père Jean deviendra directeur général d'Électricité et gaz du Nord, quand sa mère Florence Chamier est britannique[2] d'origine française huguenote. Il a un frère, Claude, médecin, qui prit également part à la Résistance[2] et fut lui aussi déporté, mais à Dachau[5].
Résistance
En , à presque 23 ans, André Lafargue est mobilisé dans le régiment de Fontenay-le-Comte, en Vendée. « Avec quelques camarades, on s'est rendu à pied vers le port de La Rochelle avec l'espoir d'embarquer pour l'Angleterre[6] », après l'appel de Charles de Gaulle. Mais n'y parvenant pas, il revient vers Paris. Il est alors étudiant à l'École libre des sciences politiques[2] et partage un appartement avec Marcel Renet, qui fonde le journal clandestin Résistance (deuxième du titre, entre 1942 et 1944), où il signe ses articles sous le nom Robert Desniaux, et le mouvement du même nom, où son pseudonyme est La Flèche[7],[8]:
« Moi, c'est davantage mon tempérament de me battre avec ma plume, c'était mon fusil. […] Je suis allé en zone sud pour voir comment fonctionnait Franc-Tireur, j'ai vu Claudius Petit qui m'a appris qu'un représentant du général de Gaulle se trouvait en France mais qu'il n'était pas encore venu en zone occupée. Il s'agissait de Jean Moulin. Il est ensuite venu à Paris et nous avons pris contact avec d'autres mouvements. Il avait été question, via Jean Moulin, que j'aille en Angleterre pour faire connaître le mouvement et leur demander du matériel et des armes. Mais alors que je devais partir, j'ai été arrêté par la Gestapo. »
Arrêté par la Gestapo le au Mans[9], torturé puis déporté via Compiègne[10] dans les camps de concentration de Buchenwald (24/01/1944)[10], de Mauthausen[10] (25/02/1944) et, enfin, dans son annexe, Ebensee (24/07/1944)[10], où il est témoin de l'arrivée des troupes américaines, le »[11]. Pendant sa captivité, ses doigts sont victimes de la gangrène et doivent être amputés[12].
Participant à son retour à l'accueil des déportés survivants au Lutetia à Paris, il évoque en 2005 ce souvenir de sa déportation : « Son matricule 53 858 lui vient encore aux lèvres en allemand, automatiquement[13] ».
Journalisme
Après la Libération, André Lafargue revient au journal Résistance, devenu Paris-Matin. Le titre fusionne avec Le Pays et devient Ce Matin-Le Pays. Quand il cesse de paraître, le journaliste entre au Parisien libéré, qui devient en 1986 Le Parisien-Aujourd'hui en France.
Le , il est officiellement retraité et commence dès le lendemain, le , une activité de « pigiste permanent » au Parisien[2]. La même année, il se marie avec sa seconde épouse, l'actrice Monique Morisi, qui était sa compagne depuis 1957[2].
Il y mène une carrière de critique de cinéma et de théâtre inlassable ; à 95 ans, raconte son petit-fils Jean-Noël Lafargue[14] en 2012, « chaque soir il va voir une pièce de théâtre et chaque jour il occupe son bureau à la rédaction du Parisien où, en qualité de pigiste retraité, il écrit des critiques des spectacles vus la veille » (en 2016, à la veille de ses 99 ans, il publie une critique[15] de la pièce Mère Teresa).
↑« - Mémoire des hommes », sur www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr (consulté le ).
↑Typologie du sauvetage des juifs dans le département de la Sarthe, Limore Yagil, dans Guerres mondiales et conflits contemporains (2009/4, no 236), Presses universitaires de France) : « Sabine Aste, Mme et M. Dangerard cachaient des réfractaires ainsi que plusieurs Juifs. En septembre 1943, ils donnèrent asile à André Lafargue, dit La Flèche, un des responsables nationaux du mouvement Résistance et au lieutenant américain Mac Gorvan abattu au-dessus de la région. Après l'arrestation de Lafargue au Mans le 30 septembre, la Gestapo chercha à arrêter le couple Dangerard. »