La famille d'Achille Chavée s'installe en 1912 à Marche-en-Famenne. Il est pensionnaire au collège Saint Roch à Ferrières pendant la guerre 14-18. La famille déménage en 1922 à La Louvière. Achille Chavée, expulsé de l'Institut Saint Joseph de La Louvière, entre à l'Athénée royal de Mons. Il entame des études de droit à Université libre de Bruxelles (1925) puis s'inscrit en 1930 au barreau de Mons[1].
Il s'engage en 1927 dans l'action politique et fonde avec Walter Thibaut l'« Union fédéraliste wallonne » qui revendique l'autonomie culturelle et politique de la Wallonie. Il participe à la création de la revue La Bataille wallonne qui paraît en 1929. Il prend la défense des ouvriers et des mineurs après les grandes grèves débutées dans le Borinage et la région du Centre, ensuite étendues au bassin industriel wallon en 1932[2].
En 1934, à La Louvière, chez Albert Ludé, futur chimiste, Chavée crée, avec André Lorent, bibliothécaire, et Marcel Parfondry, instituteur, le groupe Rupture dont l’engagement politique est la principale motivation. Fernand Dumont, invité aux premières réunions du groupe, le rejoint rapidement. En 1935, Chavée publie son premier recueil Pour cause déterminée et le premier (et unique) numéro de la revue Mauvais temps au sommaire duquel figurent Fernand Dumont, André Lorent, René Magritte, Constant Malva… La même année, Chavée collabore au Bulletin international du Surréalisme et cosigne Le Couteau dans la plaie qui réunit pour la première fois le groupe surréaliste de Bruxelles : Magritte, Mesens, Paul Nougé, Louis Scutenaire, André Souris, et celui du Hainaut. Deux autres recueils de Chavée paraissent aux éditions Rupture : Le Cendrier de chair (1936) et Une fois pour toutes (1938)[3].
En 1936, Achille Chavée rencontre André Breton et Paul Éluard à Paris. Il cosigne à Bruxelles le tract Le Domestique zélé qui marque l'exclusion du groupe belge du musicien André Souris[4]. En novembre, il part pour l'Espagne et s'engage dans les Brigades internationales et combat sur le front d'Albacete. Il participe au processus d'élimination physique des militants anarchistes par les staliniens[5].
En 1945, Achille fonde à Mons « Haute nuit » avec Lefrancq, Van de Spiegele et Simon. Ce groupe proclame le rejet de tout dogmatisme, son hostilité au conformisme dans l'art et sa croyance en l'avant-garde. Chavée participe activement au mouvement du Surréalisme révolutionnaire. Il préside « Les amitiés belgo-soviétiques » jusqu'en 1955. Après la création des éditions Daily-Bul, il participe aux réunions des « Daily-Buliens » à Montbliart. En 1956, il fonde le groupe « Schéma » et adhère en 1961 au Mouvement populaire wallon. Achille Chavée collabore encore à plusieurs revues surréalistes belges (L'Invention collective, Le Ciel bleu, Le Salut public, Phantomas, Temps mêlés…) et publie une trentaine de recueils de poèmes[7].
Œuvres
Poésie
1935 : Pour cause déterminée, Bruxelles, René Henriquez.
1936 : Le Cendrier de chair, La Louvière, Cahiers de Rupture.
1938 : Une fois pour toutes, La Louvière, Cahiers de Rupture.
1940 : La Question de confiance, Mons, Groupe surréaliste en Hainaut.
1946 : D'ombre et de sang, La Louvière, Éditions du Boomerang, avec un dessin de Pol Bury.
1962 : Poèmes choisis, Bruxelles-Paris, Anthologie de l'Audiothèque.
1963 : « Tendances nouvelles de la littérature et de l'art dans la région du Centre », dans la revue Rencontre, La Louvière, Cahiers de l'IPEL, no 1-2, janvier-juin.
1963 : Le Sablier d'absence, Bruxelles, Éditions Edda s.d.
Poèmes et aphorismes dits par l'auteur, Robert Delieu et Paul Louka, Musique de Paul Louka, La Louvière, Daily-Bul.
1979 : Achille Chavée vu par Daniel Sottiaux.
Coffret contenant un livret avec de nombreux fac-similés de documents et une cassette audio avec les voix d'Alexandre Von Sivers, Jean-Pol Ganty et Achille Chavée, Éditions Décembre-CEALI.
↑Marie-Paule Berranger, « Achille Chavée, surréaliste dans la révolte », revue littéraire mensuelle Europe no 912, « Les surréalistes belges », p. 133, avril 2005.