Acción Española (en français « Action espagnole ») est une revue bimensuellecatholique, conservatrice et royaliste éditée à Madrid du 15 décembre 1931 à juin 1936. Son contenu s'est notamment opposé aux gouvernements pendant la Seconde République espagnole. Le périodique fut suspendu par le gouvernement pendant trois mois, d'août à novembre 1932, et totalisa quatre-vingt huit numéros. Parmi les financeurs de la revue, nous retrouvons des personnalités telles que Juan March.
Le premier numéro indiquait comme directeur de publication « El Conde de Santibañez del Río », un titre de noblesse qui servait de pseudonyme à Fernando Galicien de Chaves Calleja, plus connu sous le nom de marquis de Quintanar. Son nom figura sur la revue jusqu'au numéro vingt-sept, publié le 16 avril 1933. À partir du 1er mai 1933, Ramiro de Maeztu prit la direction de la revue.
Fondation et ligne éditoriale
Le monarchiste Eugenio Vegas Latapié a été celui qui, selon ses propres mémoires, a pris l'initiative de fonder une « association culturelle » et un groupe de pression nommé Acción Española qui soutiendrait la publication d'une revue éponyme. Cette stratégie fut soigneusement calquée sur celle de l'Action française. D'ailleurs, l'Acción Española a largement contribué à la traduction de Maurras en espagnol notamment l'Enquête sur la monarchie ou d'auteurs similaires comme La Révolution française de Pierre Gaxotte, Lois de la politique française de Charles Benoist, Vers un ordre social chrétien de La Tour du Pin[1]. Son objectif a été défini par l'intellectuel José Pemartín au plus fort de la guerre civile espagnole[2] :
« Créer un environnement de "pensée nationale", de nationalisme noble et élevé, qui préserverait le culte ardent de ce qui est profondément espagnol et créerait, le moment venu, l'atmosphère favorable à une action décisive, à l'action espagnole, à l'authentique Façon espagnole d'écrire l'histoire... »
Eugenio Vegas Latapié a mis en œuvre une contre-propagande des activités républicaines à l'aide de production de contenus et d'analyses intellectuelles. Les rédacteurs de l'Acción Española sont aussi familiers du registre antisémite puisé dans leurs références françaises dont principalement L'Action française.
Le 3 mai 1938, Charles Maurras est accueilli à la frontière franco-espagnole par une délégation de l'Acción Española[3],[4].
En mars 1937, l'Acción Española publie depuis Burgos une anthologie d'une quarantaine de pages dont un essai critique sur « L'Espagne comme pensée » par José Pemartín Sanjuán[5].
Le numéro 37, a incorporé trois nouveautés stylistiques : la refonte de la couverture du magazine avec des éléments cubistes plus modernes, l'incorporation d'un chevalier à cheval sous la croix-épée de Santiago (emblème espagnol), invoqué à la façon classique « ¡Santiago y cierra España! » et enfin une devise biblique latine sur la dernière page : « D'une main il travaillait et de l'autre il tenait la joie »[5].
« Le retour à la tradition chrétienne est en Occident le retour de l'église de Santiago, quant à l'Orient ce serait celui de l'église de Saint Jean. Nous le symbolisons dans le chevalier qui va se défendre sous la croix de l'Apôtre et invoquer son nom. Car être, c'est se défendre. Tout ce qui vaut : la foi, la patrie, la tradition, la culture, l'amour, l'amitié, doit être défendu, pour continuer à l'être. Il n'y a pas de vacances possibles face à la nécessité de se défendre. Ces îles chanceuses où les hommes peuvent dormir tranquilles, sans se soucier du lendemain, ne sont qu'un rêve de paresse. Être, c'est se défendre. Et les maîtres de la défense sont les chevaliers. C'est sa fonction et sa raison d'être. »[7]
(es) Laura Blasco de la Llave, « L'Action française ante la guerra civil española : simpatías pronacionales de un movimiento », Revista de Estudios Políticos, Universidad Complutense de Madrid, no 167, , p. 193-230 (ISSN0048-7694, lire en ligne, consulté le )
(es) Jose Javier Badía Collados, La revista Acción Española, aproximación histórica y sistematización de contenidos, Pamplona, Universidad de Navarra,
(es) Alfonso Botti, « Cielo y dinero. El nacionalcatolicismo en España (1881-1975) », Alianza, Madrid, , p. 73-89 (ISBN84-206-2717-8)
(es) Raúl Morodo Leoncio, « La formalización de Acción Española », Revista de Estudios Políticos, Madrid, , p. 29-48 (ISSN0048-7694)
(es) José Peña González, « Accion Espanola la justificacion doctrinal de la Guerra Civil Espanola Jose Pena Gonzalez », Actas, , p. 33-46 (lire en ligne, consulté le )
(en) Darío Varela Fernández (dir.), « Acçao Realista, Action Française, Acción Española : ibero-french nationalist projects through magazines (1920-1930) », dans Memory, Transitions and the Transnationalism in Iberia, Cambridge Scholar Publishing, , p. 255-270