Saint Réole veut que le monastère d'Orbais, bien que situé dans un autre diocèse comme celui de Hautvillers, bâti par saint Nivard, soit et demeure toujours sous la juridiction et dépendance immédiate des archevêques de Reims, de sorte que les religieux d'Orbais ne puissent se choisir ni reconnaître par la suite un abbé sans leur permission et leur agrément, et que celui qu'ils élisent avec ces conditions soit confirmé par l'archevêque et lui prête le serment de fidélité[2].
Nicolas du Bout prétend qu'il y avait dans l'abbaye des écoles publiques et une espèce d'académie ou séminaire, où on enseignait les belles-lettres et les sciences, qui attirait les étrangers, dont entre autres Gottschalk.
Au moment des invasions normandes, en 882, la châsse contenant les reliques de Saint-Remi est mise à l'abri à Épernay, puis dans l'église de l'Abbaye Saint-Pierre d'Orbais, puis solennellement rapportée en juin 883 à Sainte-Marie.
A partir du concordat de 1516, elle est dirigée par des abbés commendataires. L'abbaye est privée du droit de se choisir un abbé tiré d'entre ses religieux après la mort de Jacques en 1517.
En 1567, les troupes conduites par le sieur de Jenlis à Louis de Bourbon, prince de Condé, pour assiéger Soissons, encouragées par la présence et les discours de Christophle de Gomer, seigneur du Breuil et l'espérance d'un gros butin, assiègent l'abbaye. Nicolas de la Croix, réfugié dans le logis abbatial, après avoir résisté pendant deux jours et demi, est obligé de céder l'abbaye à la fureur des soldats
En 1666, l'abbaye n'a plus que quatre religieux âgés ou infirmes. Charles de Bourlon, évêque de Soissons, leur supérieur, leur permet de s'adresser au père Dom Bernard Audebert, troisième supérieur général, qui leur accorde au mois de novembre, trois religieux, Dom Felix Mauljeau, en qualité de supérieur, Dom Henry Jobart et Dom Claude Gérard. Audebert, fait deux concordats le , pour l'union de cette abbaye à la congrégation de Saint-Maur : le premier avec Pierre de Séricourt, abbé commendataire d'Orbais ; et le second avec Dom Jean Richard, fondé de la procuration de ses autres confrères[4].
Le , l'Assemblée constituante prononce l'abolition des vœux monastiques et la suppression des congrégations religieuses.
Les archives de l'abbaye d'Orbais ont été en partie pillées par l'abbé commendataire Nicolas de la Croix (1551-1577) et pour le reste détruites par les huguenots en 1567.
Elle est classée sur la première liste des Monuments historiques de 1840 pour son église abbatiale, et classée en 1962 pour sa salle capitulaire[5]
1725 : Dom François Rampenoux, Rempnoulx ou Rempenoulx))
1726 : Dom Denis Benoismont
1729 : Dom Mathieu Joret
1729 : Dom Omer Delville
1732 : Dom Pierre Delacroix
1734 : Dom Louis Nattin
1742 : Dom Thomas Mathieu
1745. Dom Guislain Harduin
1748 : Dom Jean Jolivet
1752 : Dom Antoine-René Chabot
1757 : Dom Vincent Bosquillon
1760 : Dom Etienne-Hyacinthe Trouvain
1763 : Dom Etienne-Alexandre Semillard
1766 : Dom Charles Franchomme
1770. Dom Emmanuel-Maximilien-Joseph Delporte ou de La Port
1772 : Dom Joseph-Romain Goudemant ou Goudman
1772 : Dom Pierre-François-Abel Cazé
1775 : Dom Charles-Michel Haudiquen
1778 : Dom Claude-Pierre Tempêté
1781 : Dom Pierre-Joseph Wagon
1783 : Dom Jean-Baptiste Houssart
1783 : Dom Pierre-François-Abel Cazé jusqu'en 1788.
Prieurés
L'influence de l'abbaye s'étend sur les prieurés où elle envoie ses religieux et recueille les revenus :
Prieuré simple ou chapelle de Notre-Dame d'Oiselet, situé à Chapellaine, proche du village de Fère-Champenoise, accord passé en 1147, entre Raoul, doyen du Chapitre de Châlons; et l'abbé d'Orbais, par lequel le Chapitre cède à Orbais tous les droits, cens et rentes qu'il peut avoir , à charge d'une rente en blé et une épaule de sanglier chaque année. En 1547, le prieuré d'Oiselet consistait en chapelle, maison, grange, étables, moulin, 500 journées de terres et prés et droit de justice.
Prieuré simple ou chapelle de Saint-Germain, situé au-dessus et dans la paroisse du Breuil près Orbais, fondé au haut Moyen Âge[8], occupé aujourd'hui par une ferme.
Prieuré ou chapelle de Saint-Thibaud entre Orbais et le hameau de Margny, fondé au XIIe siècle, avait un prieur en 1554, déserté en 1616 et ruiné en 1668.
Dîmes
Droit de patronage et de nomination aux églises ou cures (paroisses) dont le chapitre de l'abbaye percevait les dîmes :
Les armes de l'Abbaye Saint-Pierre d'Orbais se blasonnent ainsi :
d'azur aux deux clefs d'or passées en sautoir, à l'épée brochante d'argent, le tout accosté de deux larmes du même et surmonté de deux fleurs de lys aussi d'or.
Description de l’abbatiale
La destruction des archives médiévales de l'abbaye ne permet pas d'avoir des données historiques précises sur la construction de l'abbatiale. Les dates de construction sont l'objet de controverses. Elles sont dues à une opinion qui veut que Jean d'Orbais, l'architecte de la cathédrale de Reims, a été le maître d'œuvre de l'abbatiale et que celle-ci préfigurerait la cathédrale.
Pour Louis Demaison, la construction de l'église a été commencée peu avant 1180 car, à cette date, d'après le procès-verbal de la cérémonie, l'évêque de Soissons, Nivelon de Quierzy a consacré en présence de l'abbé Guillaume un autel à la Vierge et à saint Thomas et a transféré les reliques du patron de la communauté, saint Rieul ou Réole, dans une nouvelle châsse, et cette cérémonie s'est déroulée dans une bâtisse en cours de reconstruction[10]. L'abbé Guillaume, décédé en 1192 a été inhumé dans la chapelle de la Sainte-Vierge s'ouvrant dans le bras droit du transept[11].
Soumise aux abbés commendataires depuis 1520 avec Louis de Bourbons, cardinal de Vendôme. Une partie de la nef dont la voûte tombe en 1651 alors que Pierre de Séricourt en était abbé commendataire, les réparations se firent jusqu'en 1657 mais uniquement de sauvegarde, reconstruction d'un toit en bois. Au mois de mai 1702, pour empêcher la ruine de la nef par la chute du gros mur vers le midi, les religieux firent placer et poser en travers, sur les chapiteaux des quatre piliers de la nef, deux grosses poutres.
Des travaux furent entrepris par Jacques de Pouilliy de Lançon en 1693 comme la dépose de vitraux pour les remplacer par des vitres claires, des panneaux de bois, les autels pour les adosser aux murs sous les fenêtres[12].
Le plan de l'édifice actuel est tronqué du fait de la disparition d'une partie de la nef, six travées, et d'une partie des bâtiments conventuels. L'architecte, Jean d'Orbais venait de la cathédrale de Reims. Les parcs et jardins ne sont plus clos ni en usage actuellement.
Le bâtiment conventuel restant est classé[13] en 1962.
L'église dédiée aux apôtres Pierre et Paul est, elle aussi, classée comme monument historique par la liste de 1840[14].
Intérieur
Les dalles
Tombe de l'abbé Guillaume ayant pour inscription : « abbas Willelmus quo nostra... a rebus mundi quae causam dant pereundi ad regnum coeli pervenir mente fideli Hoc sub sarcophago requiescit vir venerandus »[15].
Tombe en pierre blanche de l'abbé Guy de Trevesclay (†1352) : « Cy gyst Guy de trevesclay jadis abbé d'orbes qui trepassa l'an de grace MCCCLII au mois de septembre priez pour l'ame de li en disant requiem aeternam dona ei domine et lux perpetua luceat ei cum sanctis tuis in aeternum quia pius es ».
Tombe de Pierre de Chavigny, abbé d'Orbais (†1421), inscrite : « ci gyst messire Pierre de chavigny jadis abb' d'orbaiz qui trepassa en l'an de grace notre seigneur MIIIIXX le septimeme jour du mois d'aout Priez dieu pour l'ame de luy »
La tombe de dom Louveau prieur claustral et vicaire général de Nicolas de la Croix abbé d'Orbaiz.
Un grand nombre de vitraux, du XIIe siècle, décors et grisailles sont classés, la plus grande partie sont ceux se trouvant dans le chœur.
Décors
Elle accueille aussi en décoration des tableaux comme le Repas chez Simon, le Christ au Jardin des oliviers du XVIIe siècle, la Vierge à l'enfant du XIXe siècle par Adèle Lauzier, Saint-Prix par Charles Lauvet.
L'ancienne abbatiale possède plusieurs vitraux du XIIIe siècle qui ont été largement restaurés aux XIXe et XXe siècles :
la verrière typologique la Rédemption, de la baie d'axe, datée de 1200[16]. La partie inférieure a été refaite en 1880 par le peintre-verrier Oudinot ;
le vitrail héraldique de la baie no 24, daté de 1250-1260[17] ;
le Calvaire de la baie no 26, daté de 1215-1220[18] ;
les trois verrières à personnages des baies nos 100 à 102, réalisées entre 1210 à 1260[19] ;
les trois verrières géométriques des baies nos 107, 108 et 117 réalisées entre 1200 et 1250 suivant des modèles cisterciens[20]. Ces verrières ont été restaurées au XXe siècle ;
les six verrières en grisaille décorative du 3e quart du XIIIe siècle, baies nos 108, 109, 110, 11, 112, 119[21].
Verrières de personnages des baies 100 et 102.
Verrière typologique la Rédemption de la baie d'axe (baie 0).
Le vitrail héraldique (baie 24) et vitrail du Calvaire (baie 26).
↑A. Nicaise, Epernay et l'abbaye Saint-Martin de cette ville, Châlons-sur-Marne, 1869, II, p. 138-139
↑Auguste Longnon, Dictionnaire topographique du département de la Marne : comprenant les noms de lieu anciens et modernes, Paris, , 380 p. (lire en ligne).
↑Nicolas Du Bout, Histoire de l'abbaye d'Orbais, p. 61-62(lire en ligne)
↑Nicolas Du Bout, Histoire de l'abbaye d'Orbais, p. 181.
↑Orbais l'abbaye (marne) son église son monastère sa liqueur. Imprimerie J. Coqueugniot d'Autun.
Pierre Héliot, « Deux églises champenoises méconnues: les abbatiales d'Orbais et d'Essomes », dans Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, 1965, tome 80, p. 87-102(lire en ligne)
Reine Renoux, « Orbais-L'Abbaye, ancienne abbatiale Saint-Pierre », dans Dictionnaire des églises de France, éditions Robert Laffont, Paris, 1969, tome V-B, Champagne, Flandre, Artois, Picardie, p. 91-92
Alain Villes, « L'ancienne abbatiale Saint-Pierre d'Orbais », dans Congrès archéologique de France.135e session. Champagne. 1977, Société française d'archéologie, Paris, 1980, p. 549-589
Dany Sandron, Picardie gothique. Autour de Laon et Soissons L'architecture religieuse, Éditions Picard, Paris, , (ISBN2-7084-0607-8), p. 295-304, 447p.