modifier
L’abbaye Notre-Dame de Valsaintes dite aussi abbaye de Simiane (ou de Boulinette ou de Bolinette) est une ancienne abbaye cistercienne, fondée par les moines de Silvacane, située sur le territoire de la commune de Simiane-la-Rotonde, dans les Alpes-de-Haute-Provence, à proximité du plateau d'Albion. De 1996 à 1999, une partie des bâtiments a été restaurée et le jardin, aménagé en roseraie. Le site est ouvert au public depuis 1999.
Le site de Valsaintes est occupé au paléolithique : des outils de cette période y ont été découverts. À l'époque historique, dans l'Antiquité, le site est dédié à Belenos, d'où le nom actuel de Boulinette ou Bolinette[4].
Un moine irlandais, Malachie d'Armagh, exprima le désir, à son retour de Rome vers l'Irlande en 1144, de fonder un monastère dans cette vallée. Cette volonté s'accomplit, près de quarante années plus tard, grâce à un don du seigneur de Simiane, Bertrand Raimbaud, effectué en présence de Norbert, Augier et Albéric, respectivement père abbé, cellérier et prieur de Silvacane[1]. L'abbaye est fondée en 1180 par des moines de l'abbaye de Silvacane. À cette époque, elle n'occupe pas le site actuel, mais un petit vallon situé à deux kilomètres environ, dans l'ancienne commune de Valsaintes, au lieu-dit actuel « L'Abbadie » (ou « Labadie »), près de la source du Calavon[5]. Le nom de Valsaintes est d'ailleurs hérité de cette vallée et est inapproprié pour qualifier l'édifice actuel, bâti sur une éminence.
Les recherches du XIXe siècle et postérieures ont permis d'établir qu'un monastère pré-existait à cet endroit avant la donation de Bertrand Raimbaud, monastère (ou ermitage) qui avait été détruit par les incursions sarrasines et rebâti à l'occasion de l'affiliation cistercienne[6],[1].
Les moines défrichent et mettent en culture le vallon ; la particularité de Valsaintes est l'établissement d'une verrerie, qui devient assez rapidement très réputée[5].
La peste noire décime les rangs des moines ; les ravages des grandes compagnies achèvent de ruiner le monastère. En 1425, les moines survivants s'enfuient et se réfugient à Silvacane[1].
L'abbaye est transférée sur le site actuel à la suite de la requête de Don Tédénat et l'ordonnance de Monseigneur de Morimond par son décret du 9 juin 1668. La nouvelle église abbatiale est consacrée le 26 mai 1672, par le prieur Dom Jacques le Gras, nommé ensuite de Valsaintes par l'abbé Morimond[5].
Les abbayes de Morimond et Cîteaux se disputaient depuis sa création la filiation de Valsaintes. Le Parlement d'Aix fut saisi de ce litige et le 12 décembre 1684, Dom François de Bergue fut maintenu dans sa possession.
En 1790, les révolutionnaires chassent les moines. L'abbaye est transformée en ferme, puis écurie et bergerie[7], avant d'être complètement abandonnée[8]. En 1996, l'association ATHRE (art, tradition, histoire, recherche, environnement) rachète l'abbaye et décide sa mise en valeur[9].
L'abbaye implantée à l'Abadie est de taille modeste ; l'église abbatiale, bâtie à la fin du XIIe siècle, ou au début du XIIIe siècle, a plutôt les dimensions d'une chapelle, selon Raymond Collier. Les murs épais (1,25 mètre d'épaisseur) ont subsisté, mais pas la voûte. La chapelle est aujourd'hui utilisée comme cellier[1].
Le site de Boulinette appartenait déjà aux moines à l'époque médiévale ; les abbés y avaient élevé un château qui servit de base à la reconstruction d'une abbaye. C'est un corps de logis rectangulaire, assez bien conservé en 1986, haut de deux étages, dont la partie inférieure est occupée par l’église. Cette aile remonte, selon l'estimation de Raymond Collier, au XVIIe siècle, « vers 1668-1670 ». L’autre aile, partiellement ruinée au XXe siècle, date probablement du XVIIIe siècle. Depuis 1996, les parties dégradées ont été restaurées[1].
Un jardin a été aménagé en roseraie autour des bâtiments restaurés et ouvert en 1999[10]. Le jardin, comptant 600 espèces de roses[8], a reçu le label « jardin remarquable » en juillet 2011, le label « 1 % pour la planète » en janvier 2012, et le label « arbre remarquable » en décembre 2011, attribué à un chêne pubescent blanc de trois cents ans[11]. La plupart des variétés de roses (rosiers buissons, grimpants, anciens, arbustes, couvre-sols, lianes, pleureurs, tiges, etc.) sont disponibles à la vente dans la boutique-jardinerie de l'abbaye ainsi que leurs produits homéopathiques pour traitement[12].
À l'automne 2012, plus de trois cents espèces végétales sélectionnées pour leur résistance à la sécheresse ont été plantées pour créer un jardin sec.
En 2015, débute la création du potager agroécologique avec des premiers chantiers de bénévoles. Le premier travail a été la restauration des murets de pierres sèches nécessitant un démontage de ces ouvrages très anciens dans lesquels une végétation sauvage avait poussé. Une réserve d'eau de 1 200 litres a été réalisée. Des bacs à compost ont été mis en place. Les cultures sont organisées sur la base d'associations bénéfiques de légumes ou de fleurs, avec l'usage de plantes « engrais verts » permettant d'enrichir le sol. Une optimisation de l'espace alimente aussi la réflexion de choix des légumes en fonction de leur temps de culture.
Le jardin de l'abbaye de Valsaintes est ouvert à la visite.
(liste non exhaustive) La numérotation des abbés donnée par Hugues Du Tems n'est pas reprise ici par suite des abbés nommés par Cîteaux et d'autres par Morimond.
Sur les autres projets Wikimedia :