L'abbaye Notre-Dame de Berteaucourt-les-Dames ne doit pas être confondue avec l'abbatiale de Berteaucourt-les-Dames, qui est l'église principale de l'abbaye.
La tradition orale rapporte que Gauthier de Pontoise, abbé de l'abbaye Saint-Martin de Pontoise, vit en songe la Vierge qui lui demandait de fonder un monastère de moniales. Vers 1092, il vint sur les bords de la Nièvre, affluent de la Somme, en 1094 où il fonda un ermitage et fit jaillir une source, l'actuelle source Saint-Gautier[1]. Les pèlerins affluèrent. Gauthier retourna à Pontoise et y mourut en 1099.
Deux femmes, Heleguide (ou Elvige, ou bien Helchide) et Godelande (ou Godelinde), reprirent le flambeau et obtinrent en 1095 l'investiture canonique de l'évêque d'Amiens Gervin.
En 1108, la seconde abbesse obtint confirmation des privilèges et possessions de l'abbaye par Godefroy, évêque d'Amiens.
En 1176, une bulle du pape Alexandre III confirmait l'existence, les biens et privilèges de l'abbaye.
L'abbesse était seigneur de Berteaucourt et avait droit de basse, moyenne et haute justice.
À la veille de sa disparition, l'abbaye possédait des biens dans une cinquantaine de paroisses. Les revenus de l'abbaye s'élevaient à plus de 8 000 livres. Elle possédait une rente de l'hôtel de ville de Paris d'un capital de 2 500 livres en 1714. Les abbesse jouissaient d'une grande popularité parmi les habitants des environs à cause des aumônes et autres libéralités qu'elles distribuaient[2].
La disparition de l'abbaye
Déclarée bien national à la Révolution, les biens de l'abbaye furent mis en vente le . En 1823, une offre de vente prouve que la plus grande partie de l'abbaye était toujours debout. De nombreux bâtiments furent détruits par la suite, et la moitié de l'église abbatiale fut démolie, l'autre moitié servant désormais d'église paroissiale[2].
Le logis abbatial, construit dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, appelé l'hostellerie est le seul bâtiment subsistant de l'abbaye. Laissé longtemps à l'abandon, il fut restauré en 2006-2007 après une tempête qui l'endommagea. Les façades sont de belle facture, ordonnancées par des pilastres à refends, des chaînes d'angles et des bandeaux horizontaux ; l'appareillage est très soigné[3].
L’intérieur est ruiné mais subsistent encore un four à pain et une vaste salle. Une partie du mur d'enceinte de l'abbaye est encore visible.
Florence Charpentier et Xavier Daugy, Sur le chemin des abbayes de Picardie, histoire des abbayes picardes des origines à nos jours, Amiens, Encrage Édition, 2008 (ISBN978 - 2 - 911 576 - 83 - 6).
R. de Guyencourt, « Berteaucourt-les-Dames, l'église » in La Picardie historique et monumentale, tome V, arrondissement de Doullens, Amiens, Yvert et Tellier et Paris, Auguste Picard, 1912-1914 p. 49 à 43 - Lire en ligne.
Claudine Lob-Barton, L'abbaye royale Notre-Dame de Bertaucourt, Berteaucourt-les-Dames, 2000[9].
↑On trouve aussi parfois l'appellation abbaye Sainte-Marie.
Références
↑Lucien Groué, Aux sources de la Nièvre en Picardie, Abbeville, Paillart, , « Abbaye de Berteaucourt ».
↑ ab et cM. Goubron, Notices géographiques et historiques sur la commune de Berteaucourt-les-Dames, manuscrit, Archives départementales de la Somme, 1897.