Les élections législatives serbes de 2022 ont lieu le 3 avril 2022 afin de renouveler les 250 sièges de l'Assemblée nationale de la Serbie.
Initialement prévues pour 2024, les élections sont organisées de manière anticipée deux ans avant la date prévue pour qu'elles aient lieu le même jour que l'élection présidentielle serbe de 2022.
La coalition menée par le Parti progressiste serbe (SNS) perd de peu sa majorité absolue des sièges mais conserve la majorité relative, devançant nettement les autres coalitions et partis.
Les législatives de juin 2020 sont marquées par la victoire sans appel de la coalition menée par le Parti progressiste serbe (SNS) au pouvoir et ses alliés, dans le contexte d'un boycott de nombreux partis d'opposition qui ne considèrent pas les conditions d'organisation du scrutin comme démocratiques. Le scrutin est un succès pour le président de la république Aleksandar Vučić ainsi que pour la présidente du gouvernement, Ana Brnabić, qui est reconduite dans ses fonctions.
Conservateur et pro-européen, le SNS est au pouvoir depuis 2016 au sein d'un gouvernement de coalition avec le Parti socialiste (SPS) de l'ex-chef du gouvernement, Ivica Dačić[1].
Jusqu'alors président du gouvernement, le chef du SNS Aleksandar Vučić est élu président de la République dès le premier tour de la présidentielle d'avril 2017 avec 55,06 % des voix. Ana Brnabić lui succède à la tête du gouvernement, devenant par la même occasion la première femme, la première personne ouvertement homosexuelle et la première d'origine croate à exercer cette fonction[2].
La victoire de la coalition menée par le Parti progressiste serbe est qualifiée de « raz de marée électoral » par les observateurs, celle-ci réunissant près de 63 % des suffrages et 189 sièges sur 250, bien au-delà de la majorité absolue nécessaire pour gouverner. Bien qu'en deuxième position, son ancien partenaire de coalition, le Parti socialiste de Serbie, ne réunit que 11 % des suffrages et 32 sièges. Le reste est remporté par plusieurs partis mineurs bénéficiant pour certains des facilités liés à leur statut de parti ethnique. La victoire du gouvernement sortant intervient cependant dans le contexte d'un boycott de nombreux partis d'opposition qui ne considèrent pas les conditions d'organisation du scrutin comme démocratiques et dénoncent une dérive autoritaire[3],[4].
Bien que ne disposant que de peu de pouvoirs constitutionnels, le président Aleksandar Vučić est fortement associé à cette victoire électorale. Renforcé par sa gestion de la crise liée au coronavirus et bénéficiant d'une importante popularité, Vučić a les coudées franches pour s'engager dans des négociations sur la reconnaissance du Kosovo, dont les élections l'année précédente ont abouti quelques mois plus tôt à un nouveau gouvernement favorable à leurs reprise[5],[6]. Ce dernier tombe cependant courant décembre 2020, et les législatives anticipées aboutissent à la victoire du parti nationaliste de gauche Autodétermination d'Albin Kurti, qui coupe court aux projets d'échange de territoire dans la région.
A l'initiative d'Aleksandar Vučić et du gouvernement, de nouvelles élections législatives sont organisées deux ans avant la fin naturelle du mandat de l'assemblée afin de les tenir en même temps que le premier tour de l'élection présidentielle de 2022, une première dans le pays[7].
L'Assemblée nationale est un parlement unicaméral doté de 250 sièges pourvus pour quatre ans au scrutin proportionnel plurinominal avec listes bloquées dans une unique circonscription électorale nationale. Les sièges sont répartis selon la méthode d'Hondt à tous les partis ayant franchi le seuil électoral de 3 % du total des votants — contre 5 % auparavant[8] — y compris les suffrages blancs et nuls. Les partis représentant une minorité nationale sont cependant affranchis de ce seuil, pour peu qu'ils aient été reconnus comme tels à leur demande par la Commission électorale de la République[9],[10].
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Le scrutin est une victoire en demi teinte pour le président Aleksandar Vučić, dont la coalition « Ensemble, nous pouvons tout faire » arrive en tête en devançant nettement les autres coalitions et partis mais perd sa majorité absolue des sièges, ne conservant que la majorité relative[13].
Réélu le même jour au premier tour, Vučić déclare lors de son discours de victoire au soir du 3 avril que « L'influence de la crise ukrainienne sur les élections a été énorme » et que « la Serbie a penché dramatiquement vers la droite »[13],[14].
Le 27 août, le président Aleksandar Vučić charge la présidente du gouvernement Ana Brnabić de former un nouveau gouvernement[15]. Après plusieurs mois de négociations, la coalition menée par la Parti progressiste serbe (SNS) conclu un accord avec le Parti socialiste de Serbie (SPS), permettant la présentation d'un nouveau gouvernement le 23 octobre suivant, soit plus de six mois après les élections[16]. Le gouvernement Brnabić III est investi après avoir reçu la confiance de l'Assemblée nationale trois jours plus tard, par 157 voix pour et 68 contre, 25 députés n'étant pas présents au moment du vote[17],[18].