Autre nouveauté, chaque candidat se présente désormais accompagné d'un suppléant, amené à le remplacer dans son mandat de député en cas de décès ou d'entrée au gouvernement.
Est élu à l'issue du scrutin le candidat qui réunit la majorité absolue des suffrages exprimés et un nombre de voix au moins égal au quart (25 %) des électeurs inscrits dans la circonscription. Si aucun des candidats ne satisfait ces conditions, un second tour est organisé entre ceux d'entre eux ayant réuni un nombre de voix au moins égal à 5 % des suffrages exprimés. Au second tour, le candidat arrivé en tête est déclaré élu, qu'il réunisse sur son nom la majorité absolue des voix ou simplement une majorité relative.
Le seuil de qualification, basé sur un pourcentage relativement faible des suffrages exprimés, tend à faciliter l'accès au second tour de plus de deux candidats. Les candidats en lice au second tour sont ainsi généralement trois (on parle de « triangulaire »), voire quatre (« quadrangulaire »).
Campagne
Dans l'Ariège, désormais divisée en deux circonscriptions, les socialistes peuvent aborder le scrutin avec une certaine confiance. Territoire acquis à la gauche depuis plusieurs décennies, le Parti socialiste SFIO y recueille en effet systématiquement près d'un tiers des voix depuis 1945.
Ce dernier, secrétaire-général du Parti radical, voit sa position singulièrement affaiblie par l'échec sévère du camp du non. Candidat à sa réélection dans la deuxième circonscription, il ne peut toutefois empêcher la candidature dissidente de Constant Joulé dans la première circonscription, celui-ci se présentant sans l'investiture de la fédération locale du parti[2].
Les communistes, menés par l'ancien député Pierre Poumadère, alignent un candidat dans chaque circonscription sans grand espoir de surmonter l'impasse que constitue pour eux le scrutin majoritaire à deux tours.
La toute jeune Union pour la nouvelle République accorde son investiture à deux candidats dans l'Ariège, département où les gaullistes n'ont cependant jamais rencontré beaucoup de succès durant la IVe République, tandis que dans la première circonscription le Mouvement républicain populaire investit Maurice Byé, déjà quatre fois candidat à la députation entre 1945 et 1951.
Les poujadistes de l'Union de défense des commerçants et artisans, en perte de vitesse depuis leur percée électorale de 1956, présentent néanmoins deux candidats sous l'étiquette « Défense des libertés ».
Dans la première circonscription, Jean Durroux, bien que favori, doit cependant compter avec la candidature du maire de Lavelanet Fernand Delmas. Ancien responsable de la fédération ariègeoise de la SFIO, celui-ci a rompu avec le parti en 1955[3] et se présente contre Durroux comme candidat d'« Union Socialiste et Républicaine ».
Candidats
Candidats et suppléants
Liste des candidats titulaires (T) et suppléants (s)
La gauche, dans son acceptation la plus large, confirme au premier tour son hégémonie dans l'Ariège en rassemblant près de 75 % des suffrages exprimés. Cette proportion est néanmoins en forte baisse par rapport à 1956, où 90 % des électeurs s'étaient portés sur les listes de gauche. Les radicaux sont particulièrement touchés par cette diminution, Georges Galy-Gasparrou accusant la perte de 5 000 voix dans la deuxième circonscription au premier tour, avant d'être sévèrement battu au second.
L'Union pour la nouvelle République, malgré sa faible implantation dans le département, se distingue particulièrement dans la deuxième circonscription, parvenant à attirer des électeurs de droite et nombre de sympathisants radicaux.
Dans la première circonscription le MRPMaurice Byé – après un score honorable de 19,04 % au premier tour – parvient au second tour à rassembler l'essentiel des voix du centre et de la droite, et manque de justesse de ravir le siège de Jean Durroux, ce dernier n'étant réélu qu'avec 521 voix d'avance.
Le Parti socialiste SFIO, favori du scrutin dans le département, renforce ses positions électorales au premier tour mais, comme partout ailleurs, est handicapé au second tour par un mauvais report des voix de gauche du fait du maintien des candidats communistes. Ainsi, même dans un territoire aussi favorable aux socialistes que l'Ariège, la SFIO n'obtient les deux sièges à pourvoir que d'extrême justesse.
Voir aussi
Bibliographie
Ministère de l'Intérieur, Les élections législatives, La Documentation française, 1960, p. 160-163.
Louis Claeys, Deux siècles de vie politique dans le département de l'Ariège 1789-1989, Pamiers 1994.
Bruno Labrousse, illustré par Denis Martinez, Les politiques ariégeois, 1789-2003, 346 p, Toulouse - Imp. Chauvin, 2004 (ISBN978-2-9521573-0-8).
↑Ministère de l'Intérieur, Les élections législatives : métropole - Départements d'outre-mer : 23 et 30 novembre 1958, Algérie : 30 novembre 1958, départements des Oasis de la Saoura : 30 novembre 1958, territoires d'outre-mer : 19 avril-10, 24 et 31 mai 1959, Documentation française, , p. 18.
↑« Ariège : les socialistes semblent bien placés », Sud-Ouest, (lire en ligne).
↑« Histoire locale. Le paradoxe Delmas », La Dépêche du Midi, (lire en ligne).