Les élections fédérales australiennes de (en anglais : Australian federal election, 2004) se tiennent le , afin d'élire les 150 représentants et 40 sénateurs sur 76 de la 41e législature du Parlement d'Australie.
Au pouvoir depuis neuf ans, la Coalition du Premier ministre libéral John Howard s'adjuge une quatrième victoire consécutive, une deuxième progression en voix et sièges d'affilée et la première majorité absolue au Sénat depuis . L'écart séparant le centre droit du Parti travailliste australien frise les 10 % des suffrages. Alors que Howard devient le sixième chef de l'exécutif à former son quatrième gouvernement, le chef travailliste Mark Latham se maintient initialement en fonction, avant de se démettre en , officiellement pour raisons de santé.
Contexte
Au cours des élections fédérales du , la Coalition du Premier ministre libéral John Howard est confirmée par les électeurs pour un troisième mandat au pouvoir. Alors que le scrutin de s'était soldé par une victoire en sièges et une défaite en voix, celui de voit une nette victoire des partis de centre droit avec 43 % des voix et 51 % des préférences, soit 82 représentants sur 150. Ainsi, le Parti travailliste australien (Labor) de Kim Beazley se trouve maintenu dans l'opposition, où il est confiné depuis cinq ans et demi. Totalisant 37,8 % des voix et 49 % des préférences, il ne conquiert que 65 députés. Si les partis minoritaires échouent à entrer à la Chambre des représentants, ils obtiennent six sénateurs sur 40 à élire, le Parti démocrate australien (Democrats) tenant les clés de la majorité au Sénat avec huit élus, contre 35 à la Coalition et 29 au Labor.
Tandis qu'Howard est reconduit dans ses fonctions de Premier ministre par le gouverneur généralPeter Hollingworth, Beazley abandonne la direction du Parti travailliste. Son adjoint Simon Crean est élu sans opposant à sa succession et devient le deuxième chef de l'Opposition de l'ère Howard.
Moins de trois mois après le scrutin, l'Australie-Méridionale renouvelle les 47 sièges de sa Chambre de l'Assemblée. Gouverné depuis neuf ans par le Parti libéral d'Australie (Libs), cet État repasse sous le contrôle du Parti travailliste, qui forme un gouvernement minoritaire avec l'appui d'indépendants et d'anciens libéraux. Le Labor conserve ensuite le contrôle de la Chambre de l'Assemblée de Tasmanie en , sans accroître sa majorité, puis obtient des gains substantiels le en Victoria avec 20 élus supplémentaires. Il peut ainsi former un solide gouvernement majoritaire.
L'année voit la reconduction des travaillistes au pouvoir en Nouvelle-Galles-du-Sud avec une majorité identique au mois de , puis la démission du gouverneur général deux mois plus tard. Nommé en sur recommandation de John Howard, cet ancien archevêque de Brisbane était alors accusé d'avoir commis des abus sexuels sur une jeune fille dans les années 1960 et d'avoir couvert des faits similaires par la suite. Le gouverneur de TasmanieGuy Green assume alors l'intérim jusqu'à l'intronisation de Michael Jeffery le .
Parallèlement, le Parti travailliste entre dans une crise de direction, qui sera résolue en deux temps. Mis en cause pour sa faible popularité, Crean convoque le une élection pour le poste de chef. Opposé à son prédécesseur Kim Beazley, il le défait facilement par 58 voix contre 34. Pressenti comme candidat, le ministre fantôme des Affaires étrangères Kevin Rudd renonce à postuler. Il finit par démissionner le , après avoir perdu le soutien de sa propre équipe. Beazley présente de nouveau sa candidature et se trouve opposé à Mark Latham. Rudd, de nouveau pressenti, appuie Beazley tandis que Julia Gillard renonce également à postuler au profit de Latham. Ce dernier l'emporte avec 47 suffrages, soit deux de plus que son concurrent.
Le Labor remporte peu après une dernière élection d'État, étant reconduit au gouvernement du Queensland avec une majorité légèrement diminuée le . Le suivant, John Howard annonce que le gouverneur Jeffery a prononcé à sa demande la dissolution de la Chambre des représentants, convoquant pour le les nouvelles élections fédérales.
Au cours de la campagne, Latham s'engage notamment à rappeler les troupes australiennes déployées en Irak d'ici à la fin de l'année.
Le jour du scrutin, chaque électeur exprime dans sa circonscription un ordre de préférence parmi les candidats qui se présentent. Il doit attribuer un classement à chacun d'entre eux, sous peine de nullité.
Lors du dépouillement, les premières préférences sont comptées. Si un postulant remporte la majorité absolue, il est proclamé élu. Dans le cas contraire, le candidat ayant reçu le plus faible nombre de suffrages est éliminé et les deuxièmes préférences sont de nouveau répartis. La procédure recommence jusqu'à ce qu'un candidat obtienne la moitié des voix, plus une. Ce système, institué en , évitait que la concurrence entre partis de centre droit ne facilite l'élection de candidats de gauche. Il engendre l'émergence d'un fort bipartisme : en , seuls trois sièges à la Chambre échappe au Parti travailliste et à la Coalition.
Sénat
L'hémicycle du Sénat.
La Sénat (Senate) est composé de 76 sénateurs (Senators) élus au scrutin à vote unique transférable. 72 sénateurs sont élus pour six ans, renouvelables par moitié, à raison de 12 par État. Quatre sont élus pour trois ans, renouvelés intégralement en même temps que la Chambre des représentants, à raison de deux par territoire.
Le jour du scrutin, chaque électeur exprime dans sa circonscription un ordre de préférence parmi les candidats qui se présentent. Les partis ont la possibilité d'instaurer des « group voting tickets » : ils déterminent à l'avance la répartition des préférences en cas d'échec ou victoire d'un candidat.
Lors du dépouillement, le nombre de suffrages exprimés est divisé par le nombre de sièges à pouvoir (six dans chaque État, deux dans chaque territoire), ce qui donne le quotient électoral, soit le nombre minimum de voix nécessaire pour être élu.
Les premières préférences sont ensuite comptées. Si un candidat est élu, son surplus de votes (la différence entre le quota et son nombre de suffrages reçus) est attribuée au candidat ayant reçu le plus grand nombre de préférences à suivre. Si celui-ci est à son tour élu, son surplus est également redistribué. Si à un quelconque moment, aucun candidat n'est élu alors que des sièges restent à pourvoir, le candidat arrivé en dernier des premières préférences est éliminé et ses deuxièmes préférences (ou les suivantes) sont réparties entre les candidats restants.
Moins de deux semaines après le scrutin, John Howard est assermenté Premier ministre pour la quatrième fois et forme un nouveau gouvernement. Il est seulement le sixième chef de l'exécutif à constituer une quatrième équipe ministérielle. Dans celle-ci, Alexander Downer reste ministre des Affaires étrangères et Peter Costello ministre des Finances. Au sein du Labor, Mark Latham se maintient initialement en fonction mais finit par démissionner le pour raisons de santé. Remplacé par Kim Beazley, il établit le record du mandat le plus court à la direction du Parti travailliste, qu'il a mené pendant seulement 13 mois.