Parti libéral d'Australie

Parti libéral d'Australie
(en) Liberal Party of Australia
Image illustrative de l’article Parti libéral d'Australie
Logotype officiel.
Présentation
Chef Peter Dutton
Fondation
Siège Barton, Canberra, Territoire de la capitale australienne
Chef adjointe Sussan Ley
Président John Olsen
Positionnement Centre-droit[1],[2],[3]
Idéologie Libéralisme économique
Libéral-conservatisme
Coalisé dans Coalition
Affiliation internationale Union démocrate internationale
Adhérents 80 000 (2014)
Couleurs Bleu
Site web www.liberal.org.au
Représentation
Chambre des représentants
41  /  151
Sénat
25  /  76
Gouvernments des états et territoires
1  /  8

Le Parti libéral d'Australie (en anglais : Liberal Party of Australia, souvent abrégé en Liberals, en Libs ou LP[4]) est un parti politique australien. Il se situe à centre-droit de l'échiquier politique australien et s'oppose à son adversaire de centre-gauche, le Parti travailliste (Labor Party), lors des élections fédérales ou territoriales. Internationalement, il est membre de l'Union démocrate internationale. Le parti dirige le gouvernement fédéral de 1949 à 1972, de 1975 à 1983, de 1996 à 2007 et de 2013 à 2022.

Philosophie politique

En 1944, Robert Menzies décrit ainsi la mission de son nouveau parti : « Ce que nous devons rechercher, et c'est une question d'importance vitale pour notre société, est une vraie renaissance de la pensée libérale qui travaillera pour la justice sociale et la sécurité, pour la puissance nationale et le progrès national, et pour le plein développement du citoyen en tant qu'individu, sans les méthodes ennuyeuses et anesthésiantes du socialisme »[5].

Récemment, le parti s'est décrit comme le « parti de la liberté individuelle et de la libre entreprise ». Les grands axes de son programme portent sur une politique libérale sur le plan économique, notamment en favorisant une politique de privatisation et en menant une politique de libre-échange, et une politique conservatrice sur le plan social. Le Parti libéral est par ailleurs favorable à une alliance étroite avec les États-Unis en matière de politique étrangère.

John Howard déclara en 1996 : « Je veux une société australienne qui verrait ce pays comme un carrefour unique entre l'Europe, l'Amérique du Nord et l'Asie. L'Australie a la chance incroyable d'avoir un héritage européen, d'étroites relations avec l'Amérique du Nord mais d'être aussi située géographiquement dans la région Asie-Pacifique, et si nous arrivons à nous considérer comme ce carrefour stratégique, alors je pense que nous avons une opportunité unique de nous tailler un créneau spécial dans…l'histoire du prochain siècle »[6].

Histoire

Le Parti libéral a été fondé le par Robert Menzies. Il regroupait alors des libéraux et conservateurs australiens qui s'opposaient à la domination du Parti travailliste. Sous le gouvernement du libéral Robert Menzies (1949-1966), l'après-guerre fut une période de prospérité pour l'Australie. La politique d'immigration fut élargie par les gouvernements successifs et un grand nombre d'immigrants méditerranéens ont commencé à arriver. Plus tard beaucoup de personnes arrivèrent d'Asie. En 1951, Menzies fit entrer l'Australie dans l'ANZUS (Australia, New Zealand, United States Security Treaty) un pacte militaire entre l'Australie, la Nouvelle-Zélande et les États-Unis.

En terme constitutionnel, une importante réforme fut obtenue par le premier ministre Harold Holt avec le référendum de 1967 où une majorité écrasante d'Australiens vota pour pouvoir donner au pouvoir fédéral le droit de légiférer sur les Aborigènes australiens et leur intégration dans la population. Le référendum fut approuvé par plus de 90 % de la population. En plus, Holt fit passer la monnaie australienne au système décimal le .

John Gorton, ancien pilote de chasse de la Force aérienne royale australienne, fut élu à la tête du parti le . Aux élections de 1969, Gorton perdit la moitié de la majorité des députés. En 1971, Gorton convoqua une assemblée du Parti libéral et une motion de confiance fut mise aux voix. Mis en ballotage, il aurait pu garder son poste en utilisant sa voix prépondérante mais il préféra démissionner et William McMahon fut élu chef du parti et Premier Ministre. La guerre du Viêt Nam et la conscription étaient devenues très impopulaires. Il ne pouvait pas rivaliser avec le leader du parti travailliste, Gough Whitlam, qui faisait campagne pour une nouvelle politique telle que la couverture médicale universelle. Whitlam gagna les élections de 1972.

En 1971, Neville Bonner fut le premier Aborigène au Parlement fédéral australien, choisi par le parti libéral comme sénateur du Queensland.

En 1975, alors que le gouvernement Whitlam était secoué par de nombreux scandales ministériels, Malcolm Fraser et le parti libéral profitèrent de leur majorité sénatoriale pour faire repousser le vote du projet de loi des Finances et ce pour provoquer de nouvelles élections. Après plusieurs mois de blocage pendant lesquels le gouvernement étudia en secret des méthodes pour se procurer de l'argent sans avoir à passer par le Parlement, le gouverneur général, Sir John Kerr, intervint en mettant fin aux fonctions de Whitlam le . Fraser fut immédiatement nommé Premier ministre chargé d'expédier les affaires courantes le temps d’organiser de nouvelles élections. Aux élections de , la coalition parti libéral-Country remporta une des plus importantes victoires de l'histoire du pays. Fraser encouragea l'immigration en provenance des pays asiatiques et permit à de nombreux réfugiés de s'installer en Australie, favorisa le multiculturalisme et créa un système public de radio et de télévision multilinguistique, le « Special Broadcasting Service » (SBS) ; il mena une politique étrangère active et bien, que son gouvernement fut surnommé le « gang du rasoir »[7] en raison des nombreuses coupes faites dans les dépenses publiques, Fraser n'appliqua pas le programme conservateur que ses ennemis politiques annonçaient et que certains de ses partenaires auraient souhaité. En 1976, Fraser a décrété l'Aboriginal Land Rights Act, établissant un processus pour l'identification de la propriété traditionnelle de la terre par des indigènes. Après deux élections victorieuses, il est défait par Bob Hawke en 1983.

Au niveau provincial, le parti a eu plus de réussite avec des premiers ministres réformistes comme Nick Greiner en Nouvelle-Galles du Sud (1988-1992) et Jeff Kennett au Victoria (1992-1999). Kate Carnell, devenue ministre en chef du Territoire de la capitale australienne (Chief Minister) en 1995 - fut la première femme libérale à devenir chef de gouvernement dans un État ou territoire australien.

Le parti libéral resta dans l'opposition pendant treize ans jusqu'en 1996. C'était une période de la division pour les libéraux. John Howard et Andrew Peacock se sont affrontés pour être chef. Le parti a soutenu des réformes de déréglementation des gouvernements travailliste de Bob Hawke et Paul Keating. Poussant une réforme économique plus large, l'économiste John Hewson a mené la partie pour défaire le gouvernement impopulaire de Keating en 1993, pendant une grave récession économique - défaite à l’élection qui « ne pouvait pas être perdue »[8],[9].

John Howard à tenter de reprendre le leadership du parti. Il est battu par Hewson, puis par Alexander Downer en 1994. Mais ce dernier ne réussit pas à gagner du terrain sur Keating et démissionne dès . Le favori pour lui succéder, son vice-leader Peter Costello, ne se présente finalement pas, laissant le champ libre à John Howard pour revenir à la tête du parti. Il remporte alors une écrasante victoire lors des élections générales de 1996[10].

Au niveau fédéral, le Parti libéral a été au pouvoir depuis 1996 jusqu'en , au sein d'une coalition avec le Parti national d'Australie. Au cours de cette période, le commerce avec la Chine s'accrut considérablement et l'Australie a joué un rôle actif dans des affaires internationales notamment : fournissant des finances aux économies asiatiques pour récupérer de la crise financière asiatique ; l'organisation de le Force internationale pour le Timor oriental en 1999 ; le déploiement de troupes en Afghanistan et en Irak ; et l'opération après le tremblement de terre du 26 décembre 2004. Le gouvernement de John Howard a poursuivi une politique privilégiant la citoyenneté sur le multiculturalisme, mais a augmenté de manière significative le programme national d'immigration. Après une période de réformes économiques, (y compris la création d'une taxe sur les produits et services, la gestion privatisée de capitaux gouvernementaux et une réduction des pouvoirs des syndicats des employés des ports nationaux et déréglementation de quelques législations du travail) l'économie d'Australie surpassait pratiquement chaque économie comparable[11],[12].

Le parti travailliste a critiqué ces réformes économiques, son refus de signer le protocole de Kyoto et de demander officiellement pardon pour les actions des gouvernements précédents envers les Aborigènes. John Howard, qui avait été premier ministre d'Australie de 1996 à 2007, fut battu personnellement aux élections du face à Kevin Rudd et le parti est entré dans l'opposition.

Histoire récente

Le successeur désigné d'Howard, vice-président du parti et ancien ministre des finances, Peter Costello, refusa de devenir chef de l'opposition et Brendan Nelson fut élu chef du parti libéral par une courte victoire (45 voix contre 42) sur Malcolm Turnbull. Nelson changea la ligne du parti en soutenant la ratification du protocole de Kyoto et avec le premier ministre Rudd, et au nom du parlement australien, en demandant officiellement pardon pour les actions des gouvernements précédents envers les Aborigènes. Nelson ne put pas entamer la popularité de Kevin Rudd et il fut mis en minorité (41 voix contre 45) lors d'un vote interne au parti et remplacé par Malcolm Turnbull en 2008[13].

Malcolm Turnbull a été Ministre fédéral de l'environnement et des ressources en eau jusqu'en 2007. Avant de devenir député, il a été avocat, banquier et chef du Mouvement républicain australien. Il est le premier républicain à avoir été élu à la tête du Parti libéral fédéral[14]. Turnbull a critiqué la réponse du Kevin Rudd à la crise financière de 2007-2009, en particulier la vitesse avec laquelle le gouvernement a dépensé le grand surplus budgétaire dont il avait hérité du gouvernement de John Howard[15]. Turnbull ne put cependant pas entamer la popularité de Kevin Rudd. Il accusa injustement le premier ministre et le ministre des finances de corruption dans l'affaire du faux-email de Godwin Grech[16] et sa propre popularité diminua nettement. Des collègues l'accusèrent d'être autocratique[17] et les conservateurs lui reprochèrent son approbation d'une Bourse du carbone.

Tony Abbott devint chef du parti le , après une période de division pour les libéraux. Avant de devenir député et ministre fédéral, Abbott fut boursier Rhodes, séminariste, journaliste et chef du Mouvement monarchiste australien[18]. En mai, la Coalition Libéral-National a surpassé les travaillistes dans le Newspoll survey pour la première fois depuis 2006[19]. Rudd démissionna le , juste avant un vote interne du parti demandé par son adjoint, Julia Gillard. Elle le remplaça dans la foulée[20].

Le , eurent lieu des élections législatives anticipées provoquées par la Première ministre sortante. Au cours de la campagne électorale, Abbott critiqua le politique fiscale du gouvernement et promit de mettre un terme à trois projets du gouvernement Rudd-Gillard :

  • la taxe sur les super-profits des compagnies minières ;
  • le développement d'un réseau national internet à haut débit ;
  • et l'introduction d'un Bourse du carbone.

Abbott a réaffirmé sa loyauté à la monarchie en Australie. La coalition national-libéral remporta un siège de plus que les travaillistes mais sans toutefois obtenir la majorité absolue des sièges, obligeant chacun des deux camps à courtiser les quelques élus indépendants et verts australiens pour former un gouvernement de coalition[21]. Après avoir obtenu le ralliement du seul député des Verts, Gillard réussit à obtenir progressivement le soutien de trois députés indépendants et disposa ainsi, à partir du 7 septembre, d'une majorité absolue à la Chambre[22].

En 2010, Ken Wyatt, un libéral, est devenu le premier Aborigène élu à la Chambre des Représentants du Parlement fédéral australien[23].

Les élections fédérales de 2013 voient la victoire de la coalition composée du parti libéral et du parti national, et la défaite du Parti travailliste mené par le Premier ministre sortant Kevin Rudd. Tony Abbott, le leader du parti libéral, est donc choisi pour former un gouvernement, qui prête finalement serment le .

Personnalités notables du Parti libéral

Premiers ministres

Chefs du parti

Premiers ministres des États et territoires

Nouvelle-Galles du Sud
Sir Robert Askin 1965–1975
Thomas Lewis 1975–1976
Sir Eric Willis 1976
Nick Greiner 1988–1992
John Fahey 1992–1995
Barry O'Farrell 2011–2014
Mike Baird 2014-2017
Gladys Berejiklian 2017-2021
Dominic Perrottet depuis 2021
Queensland
Sir Gordon Chalk 1968
Australie-Méridionale
Sir Thomas Playford 1938–1965
Steele Hall 1968–1970
David Tonkin 1979–1982
Dean Brown 1993–1996
John Olsen 1996–2001
Rob Kerin 2001–2002
Tasmanie
Sir Angus Bethune 1969–1972
Robin Gray 1982–1989
Ray Groom 1992–1996
Tony Rundle 1996–1998
Will Hodgman 2014-2020
Peter Gutwein 2020-2022
Jeremy Rockliff depuis 2022
Victoria
Ian MacFarlan 1945
Thomas Hollway 1947–1950
Sir Henry Bolte 1955–1972
Sir Rupert Hamer 1972–1981
Lindsay Thompson 1981–1982
Jeff Kennett 1992–1999
Ted Baillieu 2010–2013
Denis Napthine 2013–2014
Australie-Occidentale
Sir Ross McLarty 1947–1953
Sir David Brand 1959–1971
Sir Charles Court 1974–1982
Ray O'Connor 1982–1983
Richard Court 1993–2001
Colin Barnett 2008-2017

Autres personnalités du Parti libéral

Notes et références

  1. (en) « Naming of the Liberal Party - Robert Menzies Institute », sur Robert Menzies Institute (consulté le ).
  2. (en) School of Historical Studies, Department of History, The University of Melbourne, « EMelbourne », sur emelbourne.net.au (consulté le ).
  3. https://indaily.com.au/news/2023/10/18/libs-in-the-hunt-for-sas-green-vote/
  4. (en) Commission électorale australienne, « Political party name abbreviations & codes, demographic ratings and seat status », sur aec.gov.au (consulté le )
  5. « …what we must look for, and it is a matter of desperate importance to our society, is a true revival of liberal thought which will work for social justice and security, for national power and national progress, and for the full development of the individual citizen, though not through the dull and deadening process of socialism. »www.liberal.org.au
  6. I want to see an Australian society that sees this country as a unique intersection of Europe, North America and Asia. Australia is incredibly lucky to have a European heritage, deep connections with North America, but to be geographically cast in the Asian/Pacific region and if we think of ourselves as that strategic intersection, then I think we have a remarkable opportunity to carve a special niche for ourselves in … in the history of the next century « 'John Howard Interview - 1996 », Four corner, ABC
  7. ABC-TV - The 7:30 Report, 1 January 2006
  8. (en) « Hewson manifesto was ahead of its time », sur news.com.au via Wikiwix (consulté le ).
  9. (en) « 1993 Federal Election », sur australianpolitics.com
  10. (en) « John Howard », sur www.nma.gov.au
  11. (en) « Australia Economy 2018 », sur www.theodora.com
  12. (en) « 2007-08 Commonwealth Budget », sur www.budget.gov.au
  13. (en) « Brendan Nelson's sorry speech », sur The Sydney Morning Herald,
  14. Melbourne Herald Sun
  15. « malcolmturnbull.com.au/Media/L… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  16. http://www.theaustralian.com.au/news/why-i-faked-ozcar-email-godwin-grech/story-0-1225757610973
  17. (en) « Coalition rift: Tuckey slams 'arrogant' Turnbull », sur abc.net.au,
  18. « aph.gov.au/house/members/biogr… »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?).
  19. (en) « Coalition punishes Labor to take poll lead », sur abc.net.au,
  20. (es) « Julia Gillard, primera mujer al frente del gobierno en Australia », Público.es, (consulté le )
  21. « L'Australie sans majorité », LExpress.fr,‎ (lire en ligne, consulté le )
  22. « Australie : Julia Gillard obtient la majorité au Parlement », Le Monde, (consulté le )
  23. (en) « Ken Wyatt declares Hasluck for Liberals », sur dailytelegraph.com.au,

Voir aussi

Liens externes