Le président sortant Evaristo Carvalho, éligible pour un second mandat, décide de ne pas se représenter. Candidat du parti ADI du président sortant, le député et ancien ministre Carlos Vila Nova se qualifie pour le second tour, ainsi que Guilherme Posser da Costa, ancien premier ministre et candidat du MLSTP-PSD. Le second tour est cependant retardé de près d'un mois en raison d'accusations de fraude de la part du troisième homme, Delfim Neves, qui sont finalement rejetées par la Cour constitutionnelle.
Selon les résultats préliminaires, Carlos Vila Nova l'emporte au second tour avec une confortable majorité de près de 58 % des suffrages exprimés.
Contexte
Habitué aux alternances politiques pacifiques, Sao Tomé-et-Principe est considéré comme l'un des pays modèles en termes de démocratie sur le continent africain[1]. En tant que pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, il bénéficie d'une croissance économique régulière, mais doit faire face à une corruption importante[2].
Le , Carvalho décrète la date du pour l'organisation du scrutin. Il ne consulte pas les différentes forces politiques ni n'attend le rapport final de la Commission électorale nationale avant d'annoncer sa décision, ce qui est une première. Il annonce six jours plus tard, par la voix du président de l'Assemblée nationaleDelfim Neves, ne pas souhaiter se représenter[5]. La liste des candidats est dévoilée le par le Tribunal constitutionnel et totalise 19 candidatures, un record pour une présidentielle santoméenne[6],[7].
La campagne présidentielle dure quinze jours avant l'élection[9]. D'après le président de la Commission électorale nationale, Fernando Maquengo, elle s'est déroulée dans un climat de paix et de tranquillité[10]. Elle est marquée par les mesures de protections liées à la pandémie de Covid-19. Les rassemblements sont interdits et la distanciation sociale est obligatoire[9], des consignes qui ne sont pas toujours respectées par les candidats[10].
Dix-neuf personnes sont candidates, dont six sont soutenues par un parti politique. La plupart des candidats dénoncent la corruption qui sévit dans le pays. Lors de son discours à la fête nationale du , Evaristo Carvalho dénonce la pratique du « bain » (« banho »), qui consiste en à acheter des voix, qu'il considère comme une « exploitation de la pauvreté des citoyens »[11],[12].
Abel Bom Jesus, dit Anda Pligo, homme d'affaires dans l'agriculture, ancien membre de l'ADI[16] ;
Manuel do Rosário, professeur, agriculteur et écologiste ;
Moisés Viegas, consultant international, entrepreneur et conférencier, cofondateur de l'ONG Núcleo Solidário de São Tomé e Príncipe, âgé de 42 ans[17] ;
Olinto das Neves, ancien directeur des transports terrestres ;
Roberto Garrido, fonctionnaire.
Majorité gouvernementale
Au terme d'une journée de réunion et d'élection au sein du Conseil national (réduit de 600 à 300 membres en raison de la pandémie de Covid-19)[18], Guilherme Posser da Costa (Premier ministre de 1999 à 2001) est officiellement investi candidat par le MLSTP-PSD le [19].
L'ensemble des autres prétendants confirment leur volonté de se présenter en tant qu'indépendants[19] : Maria das Neves (Première ministre de 2002 à 2004, candidate en 2011 (14 %) et 2016 (24,3 %)), Victor Monteiro (directeur de cabinet dans anciens présidents Fradique de Menezes et Manuel Pinto de Costa et candidat en 2001), Jorge Amado (président du parti en 2012) et Elsa Pinto (vice-présidente du parti et ministre des Affaires étrangères de 2018 à 2020, candidate en 2011 (4,4 %))[20]. Aurélio Martins (président du parti de 2011 à 2018), est l'unique membre candidat à ne pas faire de demande d'investiture[18],[21]. Alcino Pinto, président de l'Assemblée nationale de 2012 à 2014, évoqué comme un possible candidat, meurt en [22]. Au total, six candidats sont issus du MLSTP-PSD[23].
Résultats de l'élection au Conseil national du MLSTP-PSD[24]
Président sortant, Evaristo Carvalho est rééligible pour un second mandat[26] mais ne se représente pas. La direction de l'Action démocratique indépendante annonce sur Facebook début la candidature de Carlos Vila Nova, ministre des Infrastructures, des Ressources naturelles et de l'Environnement dans le précédent gouvernement de Patrice Trovoada[28]. Elle est présentée comme davantage consensuelle que celle pressentie de l'ancien Premier ministre controversé Patrice Trovoada[29].
Miques João do Nascimento de Jesus Bonfim, membre à la fois de la Plateforme national pour le développement de Sao Tomé-et-Principe (scission du MLSTP-PSD de 2014[33]) et d'une aile opposée à Elsa Garrido du Parti vert, partis pour lesquels il s'est présenté aux dernières élections législatives, déclare lui aussi sa candidature, deux jours plus tôt[34],[35]. Il a tenté en 2019 puis en 2020 de destituer Elsa Garrido de la présidence du Parti vert, sans succès[36]. Âgé de 36 ans, il est le plus jeune candidat à l'élection[34],[35].
Les résultats sont contestés dans l'entre-deux tours, un fait inédit dans le pays. Le premier tour est ainsi suivi d'accusations de fraude par Delfim Neves et d'une période d'attente de la décision de la Cour constitutionnelle, celle ci devant statuer sur l'existence ou non de fraude et sur un éventuel recompte des voix. Après s'être d'abord exprimée en faveur d'un recompte, la cour statue finalement sur une absence de fraude et valide le premier tour. Le retard provoqué par ce délai l'amène cependant à repousser au l'organisation du second tour, initialement prévu le 8[40], avant de le repousser une seconde fois au [41].
Le mandat du président sortant expirant le , il est prolongé par le Parlement faute de la tenue du second tour avant cette date[42].
Selon les résultats préliminaires rendus publics par la CENI le lendemain du second tour, Carlos Vila Nova l'emporte avec près de 58 % des suffrages exprimés. L'élection présidentielle poursuit ainsi la situation de cohabitation entre un président membre de l'ADI et un Premier ministre du MLSTP-PSD[48].