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Élection présidentielle gabonaise de 2025

Élection présidentielle gabonaise de 2025
Corps électoral et résultats
Inscrits 916 665
Votants 642 632
70,11 % en augmentation 13,5
Votes exprimés 620 000
Blancs et nuls 22 632
Brice Oligui Nguema – RDB[a]
Voix 588 074
94,85 %
Alain-Claude Bilie-By-Nze – RPG
Voix 19 265
3,11 %
Président de la République
Sortant Élu
Brice Oligui Nguema
Indépendant
Brice Oligui Nguema
Indépendant

L'élection présidentielle gabonaise de 2025 a lieu le afin d'élire le président de la République gabonaise.

Organisé deux ans après le coup d’État ayant renversé Ali Bongo, le scrutin se traduit par la victoire du général Brice Oligui Nguema, meneur du Coup d'État. Il succède ainsi aux Bongo père et fils, au pouvoir de à .

Contexte

Coup d'État de 2023

Ali Bongo en 2022.

L'annonce des résultats des élections générales gabonaises de 2023, qui donnent la président Ali Bongo élu pour un troisième mandat consécutif, est immédiatement suivie d'un coup d'État. Une douzaine de militaires de plusieurs corps des Forces armées gabonaises déclarent sur la chaîne de télévision Gabon 24 l’annulation des élections et la dissolution des institutions[1]. Qualifiant les résultats du scrutin de « tronqués », ils annoncent la mise en place d'un Comité pour la transition et la restauration des institutions (CTRI), afin de mettre « fin au régime en place ». Ali Bongo est placé en résidence surveillée[2],[3]. L'annonce suscite une liesse populaire dans la capitale Libreville ainsi que dans d'autres villes dont Port-Gentil[1]. Si Internet est rétabli, les militaires maintiennent les frontières fermées[3]. Le putsch reçoit le soutien de la majorité de l'opposition et d'une partie de l'ancienne coalition au pouvoir[4].

Comme annoncé, Brice Oligui Nguema prête serment le au palais présidentiel de Libreville en tant que président de la Transition[5],[6],[7] en présence des juges de la Cour constitutionnelle, du Premier ministre, de la vice-présidente et des présidents des deux chambres parlementaires sortants[8]. Lors de son discours d'investiture, il promet de rendre le pouvoir aux civils lors d'élections « libres, transparentes, crédibles et apaisées », mais après une transition dont il ne précise pas la durée, au cours de laquelle il annonce vouloir organiser un référendum sur une nouvelle Constitution, afin d'établir des institutions « plus démocratiques » et « respectueuses des droits humains »[9],[10].

Dialogue national de 2024

Brice Oligui Nguema en 2024.

En , le nouveau régime organise un dialogue national. Les participants proposent une période de transition de deux ans, la mise en place d'un régime présidentiel avec la suppression du poste de Premier ministre et la mise en place d'une « préférence nationale »[11].

Afin de remplacer la Constitution en vigueur depuis 1991[12], un projet de Constitution est remis au président de la Transition le , qui convoque les deux chambres parlementaires en Assemblée constituante pour discuter du texte pendant dix jours à partir du [13] La junte militaire forme à cette occasion le Comité pour la transition et la restauration des institutions[14]. Le projet prévoit un régime présidentiel dans lequel le gouvernement ne peut être censuré[15]. Pour être candidat à l'élection présidentielle, il faut être de père et de mère gabonais[16]. L'Assemblée constituante n'est par ailleurs pas souveraine, la junte ayant le pouvoir d'accepter ou de rejeter les amendements[15].

L'Assemblée constituante termine ses délibérations le et adopte des amendements sous la forme de recommandations[17]. Ayant opéré 802 amendements, les députés rétablissent le poste de Premier ministre et la possibilité de censurer le gouvernement[18].

Le projet final est adopté en conseil des ministres le et la date du scrutin fixée au [19]. Le texte est rendu public le . Contrairement à la mouture initiale, le candidat à l'élection présidentielle doit avoir au moins un parent gabonais[20].

Si la Constitution est approuvée, par référendum, avec une élection présidentielle, pour , elles marqueront la fin de la période de transition[21].

Référendum constitutionnel de 2024

Contrairement aux scrutins précédents, le référendum constitutionnel gabonais de 2024 est organisé par le ministère de l'Intérieur, et non pas par la commission électorale. Un couvre-feu nocturne est par ailleurs décrété pour des raisons de sécurité[22]. Selon les estimations données par les chaînes de télévision, le taux de participation est de 70 %[23].

Le , le ministère de l'Intérieur annonce la victoire du Oui à la nouvelle Constitution[24],[25],[26]. Les résultats doivent être confirmés par la Cour constitutionnelle puis promulgués par le président de la transition. La nouvelle Constitution prévoit son entrée en vigueur effective à l'issue de la prochaine élection présidentielle, menant ainsi à l'instauration de la Deuxième république dans le pays[27],[28],[29].

Le , la Cour constitutionnelle valide les résultats du référendum, adoptant définitivement la Constitution, qui est promulguée le par Brice Oligui Nguema[30],[31].

Calendrier électoral de la transition

La date de l'élection présidentielle est annoncée le [32]. La date est anticipée par rapport à la prévision antérieure d'. La date des élections législatives n'est pas fixée en même temps que celle de l'élection présidentielle. Le , il n'est pas fourni de calendrier électoral complet pour la fin des élections correspondant à la transition post-coup d'État militaire. La date des élections législatives ne semble pas devoir être fixée avant l'élection présidentielle.

Missions d'observation internationales

Dans les jours qui précèdent l'élection présidentielle, plusieurs organisations internationales dépêchent au Gabon des missions d'observation pour garantir la transparence du scrutin. C'est notamment le cas de l'Union africaine, de l'Organisation internationale de la francophonie ainsi que du Commonwealth[33], dont le Gabon a été partiellement suspendu à la suite du coup d'État de 2023 dans l'attente d'une transition démocratique[34].

Mode de scrutin

Le président de la République gabonaise est élu au scrutin majoritaire uninominal à deux tours pour un mandat de sept ans, renouvelable une fois[35].

La Constitution de 2024 prévoit que sont éligibles les personnes d'âgées de 35 à 70 ans qui ont au moins un parent né gabonais, qui sont détentrices exclusives de la nationalité gabonaise, qui ont résidé au Gabon pendant au moins trois ans sans discontinuité avant l’élection, qui parlent au moins une langue nationale, qui jouissent d'« un état complet de bien-être physique et mental dûment constaté par un collège médical » désigné par les bureaux des deux chambres du Parlement et qui jouissent de leurs droits civils et politiques[35],[36].

Candidats

Les candidatures sont déposés entre le et le [37].

Le ministère de l'Intérieur retient les candidats suivants :

D'autres candidatures sont rejetées. Les candidats suivants sont repêchés par la Cour constitutionnelle :

La candidature de Jean-Rémy Yama a été rejetée par la Cour constitutionnelle, confirmant la décision du ministère de l'Intérieur[39].

Par ailleurs, la nouvelle Constitution, fixant à 70 ans l'âge maximal pour se présenter aux élections, écarte les candidatures des opposants Albert Ondo Ossa, vainqueur présumé du scrutin de 2023, et de l'ancien vice-président Pierre Claver Maganga Moussavou[40].

Résultats

Résultats provisoires consolidés[41]
Candidats Partis Premier tour
Voix %
Brice Oligui Nguema RDB[a] 588 074 94,85
Alain-Claude Bilie-By-Nze RPG 19 265 3,11
Joseph Lapensée Essigone Indépendant 3 744 0,60
Gninga Chaning Zenaba Indépendante 2 419 0,39
Stéphane Germain Iloko LRA 2 214 0,36
Alain Simplice Gombré PPG 2 299 0,37
Axel Stophène Ibinga Ibinga Indépendant 1 384 0,22
Thierry Yvon Michel Ngoma Indépendant 601 0,10
Votes valides 620 000 96,48
Votes blancs et nuls 22 632 3,52
Total 642 632 100
Abstention 274 033 29,89
Inscrits / participation 916 665 70,11

Analyse et conséquences

Brice Oligui Nguema emporte largement cette élection présidentielle avec plus de neuf dixième des suffrages et une participation de 70 %[42]. Alain-Claude Bilie-By-Nze, ancien Premier ministre d'Ali Bongo, annoncé comme son rival le plus sérieux, obtient 3 % des suffrages exprimés. Les autres candidats ne dépassent pas 1 % chacun[42]. C'est la première fois depuis 1967 que le président élu à la tête du Gabon n'est pas membre de la famille Bongo[42]. Le 18 avril, le score du président élu est revu à la hausse, passant de 90,35 % selon les résultats préliminaires, à 94,85 %[43].

Le nouveau président, dont l'investiture est attendue le 3 mai[44], doit notamment nommer deux vice-présidents, le vice-président de la République, au rôle protocolaire, chargé de le remplacer en cas de vacance du pouvoir, et le vice-président du gouvernement, en charge du gouvernement. Le vice-président de la Transition Joseph Owondault Berre et le Premier ministre Raymond Ndong Sima sont pressentis pour occuper ces fonctions respectives. Brice Oligui Nguema doit également organiser de nouvelles élections législatives, départementales, municipales et enfin sénatoriales. Une loi sur l'organisation des partis politique, aux objectifs de réduction drastique du nombre des partis, doit précéder l'organisation des scrutins vers le mois d'août 2025. Jusqu'alors simple « plateforme politique », le Rassemblement des Bâtisseurs (RDB) du nouveau président doit à cette occasion se transformer en parti politique, ses principales figures ayant ainsi lancé une campagne nationale d'adhésion[45].

Notes et références

Notes

  1. a et b Candidat officiellement Indépendant, le RDB étant alors encore une plateforme politique sans le statut officiel de parti.

Références

  1. a et b « Gabon : Ali Bongo officiellement réélu, des militaires prennent le pouvoir », sur Gabonreview.com, Gabonreview, (consulté le ).
  2. « Au Gabon, des militaires proclament l’annulation des élections après l’annonce de la victoire d’Ali Bongo », sur Le Monde, .
  3. a et b « Coup d’Etat au Gabon : le président Ali Bongo placé « en résidence surveillée » par des militaires », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  4. AfricaNews, « Gabon : la CEEAC d'accord pour "une feuille de route" de la transition », sur Africanews, (consulté le ).
  5. Le Point, magazine, « Gabon: le nouvel homme fort prête serment lundi, l'opposition veut imposer son candidat », sur Le Point, lepoint.fr, (consulté le ).
  6. « Gabon : le général Oligui Nguema prend quartier », sur BBC News Afrique, (consulté le )
  7. « Prestation de serment lundi du général Oligui en tant que "président de transition" », sur VOA, (consulté le )
  8. « Dieu, le peuple et le coup d’État : Brice Oligui Nguema a prêté serment – Jeune Afrique », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  9. « Gabon : le général Oligui prête serment de «président de la transition» et promet «des élections libres» », sur Libération, Libération (consulté le ).
  10. « Le général Oligui promet de "rendre le pouvoir aux civils" – DW – 04/09/2023 », sur dw.com (consulté le ).
  11. « Au Gabon, le dialogue recommande une transition de deux ans, un régime hyperprésidentiel et la préférence nationale », sur Le Monde.fr, Le Monde, (ISSN 1950-6244, consulté le ).
  12. « Afrique(s) Au Gabon, une nouvelle Constitution pour un « président-roi » », sur Mediapart, Médiapart, (consulté le ).
  13. « Gabon: début effectif des travaux de l'Assemblée constituante ».
  14. « Gabon : Projet de Constitution entre les mains d’Oligui, Parlement bientôt à l'œuvre », sur Gabonreview.com, Gabonreview, (consulté le ).
  15. a et b « Gabon: quel rôle et quels débats pour l’Assemblée qui examine la future Constitution? ».
  16. Le Nouveau Gabon, « Gabon : Ce qui va changer avec la nouvelle constitution », sur www.lenouveaugabon.com (consulté le ).
  17. « Au Gabon, le projet de nouvelle Constitution est bouclé - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  18. « Projet de Constitution au Gabon: «Dans la proposition du Parlement, le poste de Premier ministre revient» ».
  19. « Gabon: le projet de nouvelle constitution sera soumis à référendum le 16 novembre », sur RFi.
  20. AfricaNews, « Gabon : le texte final du projet de nouvelle Constitution publié », sur Africanews, (consulté le ).
  21. Pierre-Malo Albrecht, « Au Gabon, un référendum très attendu pour la transition du pays », sur La Croix, (consulté le ).
  22. (en) Moki Edwin Kindzeka, « Early reports say a majority of voters in Gabon cast ballots to end military rule », sur Voa, en (consulté le ).
  23. « Le Gabon dans l’attente des résultats après le référendum sur la nouvelle Constitution », sur RFi, .
  24. « Afrique Référendum au Gabon: le «oui» à la Constitution l'emporte avec 91,80% des voix », sur RFi, (consulté le ).
  25. « Référendum 2024 au Gabon : La nouvelle constitution approuvée avec 91,80 % du Oui », sur Infos Gabon, (consulté le ).
  26. Mathilde A., « Gabon : projet de nouvelle constitution, le verdict de la Cour… », sur YOP L-FRII, (consulté le ).
  27. Gouvernement.ga, « Le Référendum Constitutionnel au Gabon : une adoption massive de la nouvelle Constitution », sur gouvernement.ga, (consulté le ).
  28. Le Monde avec AFP, « Gabon : la nouvelle Constitution largement approuvée par référendum », (consulté le ).
  29. « Gabon: après le «oui» massif à la nouvelle Constitution, quelles suites pour la transition? », sur RFi, (consulté le ).
  30. Voice of Africa, AFP, « Gabon: la Cour constitutionnelle valide le "oui" au référendum », sur Voa Afrique, (consulté le ).
  31. « Gabon: la nouvelle Constitution promulguée par le président de la transition », sur RFi, (consulté le ).
  32. Le Monde avec AFP, « Au Gabon, l’élection présidentielle est fixée au 12 avril », .
  33. « Présidentielle au Gabon : les missions d’observation internationales à Libreville pour garantir la transparence », sur ACP, (consulté le ).
  34. Alix-Ida Mussavu, « Présidentielle du 12 avril : la mission d'observation du Commonwealth reçue par Paul-Marie Gondjout », sur Gabonreview, (consulté le ).
  35. a et b https://www.gouvernement.ga/object.getObject.do?id=3958
  36. https://www.lepoint.fr/afrique/presidentielle-au-gabon-la-metamorphose-du-general-pustchiste-brice-oligui-nguema-04-03-2025-2583800_3826.php
  37. Voice of America, « Présidentielle au Gabon: dépôt des candidatures du 27 février au 8 mars », sur voaafrique.com, (consulté le ).
  38. « Présidentielle au Gabon: les recours de quatre candidats validés, celui de Jean-Rémy Yama rejeté ».
  39. « Présidentielle au Gabon : pourquoi le syndicaliste Jean-Rémy Yama ne sera pas candidat - Jeune Afrique.com », sur JeuneAfrique.com (consulté le ).
  40. « Le grand invité Afrique - Gabon: «Un général qui a fait un coup [d’État] n’a peur de personne», dit le président Oligui Nguema », sur RFi, RFI, (consulté le ).
  41. « Résultats provisoires consolidés de l'élection présidentielle du 12 avril 2025 » [youtube], Ministre de l'Intérieur du Gabon, (consulté le ).
  42. a b et c Pierre Lepidi, « Brice Oligui Nguema plébiscité à la tête du Gabon », sur Le Monde,
  43. AC, « Gabon : score réajusté à 94,85 % pour Oligui Nguema », sur APAnews - Agence de Presse Africaine, (consulté le ).
  44. « Gabon : Oligui Nguema investi le 3 mai ? », sur Gabonreview.com, Gabonreview, (consulté le ).
  45. « Gabon: après l'élection présidentielle, Brice Oligui Nguema a déjà la tête à la suite ».

Articles connexes

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