Émilie Plater

Émilie Plater
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 25 ans)
Vainežeris (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Nom dans la langue maternelle
Emilia PlaterVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalités
Activité
MilitaireVoir et modifier les données sur Wikidata
Période d'activité
À partir de Voir et modifier les données sur Wikidata
Famille
Père
Franciszek Ksawery Plater (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Mère
Anna Mohl (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Autres informations
Grade militaire
Conflit
Blason
Plaque commémorative

Émilie Plater (en polonais Emilia Plater ou Emilia Platerówna[1], en lituanien Emilija Pliaterytė, en allemand Emilie von Plater), née le à Vilnius (alors dans l'Empire russe) et morte le à Vainežeris (actuelle Lituanie), est une noble lituanienne devenue célèbre en raison de sa participation aux combats durant l'insurrection polonaise de 1830-1831.

Considérée comme une héroïne nationale en Pologne, en Biélorussie et en Lituanie, elle a été comparée par beaucoup d'auteurs à Jeanne d'Arc, notamment par Adam Mickiewicz.

Biographie

Origines familiales et formation

Issue de la famille germano-balte des comtes Plater, installée en Courlande et en Livonie polonaise (actuelle Lettonie), elle naît à Wilno (actuelle Vilnius), capitale du grand-duché de Lituanie à l'époque de la république des Deux Nations (Pologne et Lituanie) – le grand-duché a été annexé par la Russie lors des trois partages de la Pologne (1772, 1793 et 1795).

Elle est la fille du comte François Xavier Plater et d'Anna von der Mohl. Ses parents ayant divorcé en 1815, elle vit ensuite avec sa mère dans un domaine appartenant à un parent, Michel Plater-Zyberk[2], vice-gouverneur du gouvernement de Vilna[3].

Éduquée cependant dans un esprit patriotique (polonais) avec ses deux cousins, Louis et Casimir, elle lit beaucoup et s'intéresse en particulier à Jeanne d'Arc, à Tadeusz Kościuszko, héros de la guerre d'indépendance américaine et de l'insurrection polonaise de 1794, et à une Grecque devenue célèbre au cours de la guerre contre la Turquie, Laskarína Bouboulína (1771-1825). Elle lit aussi des œuvres des grands auteurs allemands de l'époque, Goethe et Schiller (en allemand), ainsi que des écrits issus de la Société des Philomathes de l'université de Wilno (dissoute en 1823). Elle pratique l'équitation et le tir de précision, chose rare pour une femme de cette époque. Elle s'intéresse encore à la culture populaire à travers les chants traditionnels, notamment lors d'un séjour à Dusiaty (Dusetos) en 1823.

De 1824 à 1828, elle voyage en Livonie, Lituanie et Biélorussie ; en 1829, elle se rend dans le royaume de Pologne, à Varsovie, Cracovie et Częstochowa. En 1830, elle perd sa mère ; son père, remarié refuse tout contact avec elle.

L'insurrection de 1830-1831

Le commence à Varsovie l'insurrection du royaume de Pologne contre le tsar Nicolas 1er, aussi roi de Pologne. Le , après de vaines tentatives de négociations, la Diète déchoit Nicolas 1er du trône de Pologne et peu après met en place le Gouvernement national. Tandis que l'armée impériale russe du maréchal Diebitsch attaque le royaume à partir du , sans succès dans un premier temps, l'insurrection s'étend à des provinces polonaises annexées à l'Empire.

Le , la garnison russe de la ville de Rosiene (Rossieny) est chassée par un groupe d'insurgés commandés par Jules Grużewski. Cet événement marque le début l’insurrection en Lituanie.

Participation d'Émilie Plater (29 mars-18 juillet 1831)

Le , la jeune comtesse Plater rassemble 280 fantassins, 60 cavaliers et plusieurs centaines de paysans armés de faux et rejoint les insurgés du comte Charles Załuski. Le , elle participe à un combat à Przystowiany. Le , le général Dezydery Chłapowski lui confie le commandement de la première compagnie du 25e régiment de Lituanie, avec le grade de capitaine.

Les derniers mois (juillet-décembre 1831)

Après la défaite des insurgés de Lituanie à Szawle () et la décision de Chłapowski de se réfugier en Prusse, elle refuse ce qu'elle considère comme un déshonneur et décide avec quelques personnes, dont son cousin César Plater, de gagner Varsovie, où la lutte se poursuit (jusqu'au 7 septembre).

Mais, au bout de 10 jours, épuisée et prise par la fièvre, elle doit s'arrêter à Augustów tandis que César poursuit sa route. D'Augustow, elle est ramenée en Samogitie chez un sympathisant, Ignace Ablamowicz, à Justianowo (actuelle Vainežeris[4]). Apparemment guérie, elle y meurt néanmoins quelques mois plus tard, le .

Mémoire

La mémoire d’Émilie Plater a été maintenue et diffusée abondamment jusqu’à nos jours, et elle a servi de modèle et d’exemple à de nombreuses Polonaises. Mais bien qu’elle ait commis une transgression de genre pour combattre, en s’habillant en homme, son geste a été transformé dans les récits qui en ont été fait. Au final, sa figure a renforcé les structures patriarcales et la définition du féminin en Pologne[5].

Hommages

  • Monument à Émilie Plater à Vainežeris
  • Rues : Ulica Emilii Plater dans nombre de villes polonaises, notamment Varsovie (avec plaque commémorative au no 30), Poznań, Rzeszów...

Bibliographie

Notes et références

  1. Platerówna : littéralement, « fille de Plater » ; ce suffixe indique qu'elle n'est pas encore mariée.
  2. Michel Plater avait reçu du tsar le droit de porter le nom (russisé) de son épouse Isabelle, née Syberg zu Wischling. Cf. page russe Плятер-Зиберг, Михаил Казимирович (époux d'Isabelle) ; page polonaise Jan Tadeusz Zyberg (père d'Isabelle).
  3. Vilna : nom russe de Vilnius/Wilno.
  4. Page lituanienne Vainežeris (kaimas). Il s'agit d'un village de la municipalité de Lazdijai.
  5. Anna Müller, « Transgression, Struggle, and Scandal: The Postawa of the Polish Women Soldiers and Prisoners », Polish Review, 2024, Vol. 69, no 1.
  6. Cet ouvrage n'a pas de pagination d'ensemble : c'est la 87° notice sur 97.

Voir aussi

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