Émilie Plater (en polonais Emilia Plater ou Emilia Platerówna[1], en lituanien Emilija Pliaterytė, en allemand Emilie von Plater), née le à Vilnius (alors dans l'Empire russe) et morte le à Vainežeris (actuelle Lituanie), est une noble lituanienne devenue célèbre en raison de sa participation aux combats durant l'insurrection polonaise de 1830-1831.
Elle est la fille du comte François Xavier Plater et d'Anna von der Mohl. Ses parents ayant divorcé en 1815, elle vit ensuite avec sa mère dans un domaine appartenant à un parent, Michel Plater-Zyberk[2], vice-gouverneur du gouvernement de Vilna[3].
Éduquée cependant dans un esprit patriotique (polonais) avec ses deux cousins, Louis et Casimir, elle lit beaucoup et s'intéresse en particulier à Jeanne d'Arc, à Tadeusz Kościuszko, héros de la guerre d'indépendance américaine et de l'insurrection polonaise de 1794, et à une Grecque devenue célèbre au cours de la guerre contre la Turquie, Laskarína Bouboulína (1771-1825). Elle lit aussi des œuvres des grands auteurs allemands de l'époque, Goethe et Schiller (en allemand), ainsi que des écrits issus de la Société des Philomathes de l'université de Wilno (dissoute en 1823). Elle pratique l'équitation et le tir de précision, chose rare pour une femme de cette époque. Elle s'intéresse encore à la culture populaire à travers les chants traditionnels, notamment lors d'un séjour à Dusiaty (Dusetos) en 1823.
De 1824 à 1828, elle voyage en Livonie, Lituanie et Biélorussie ; en 1829, elle se rend dans le royaume de Pologne, à Varsovie, Cracovie et Częstochowa. En 1830, elle perd sa mère ; son père, remarié refuse tout contact avec elle.
Le , la garnison russe de la ville de Rosiene (Rossieny) est chassée par un groupe d'insurgés commandés par Jules Grużewski. Cet événement marque le début l’insurrection en Lituanie.
Participation d'Émilie Plater (29 mars-18 juillet 1831)
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Le , la jeune comtesse Plater rassemble 280 fantassins, 60 cavaliers et plusieurs centaines de paysans armés de faux et rejoint les insurgés du comte Charles Załuski. Le , elle participe à un combat à Przystowiany. Le , le général Dezydery Chłapowski lui confie le commandement de la première compagnie du 25e régiment de Lituanie, avec le grade de capitaine.
Les derniers mois (juillet-décembre 1831)
Après la défaite des insurgés de Lituanie à Szawle () et la décision de Chłapowski de se réfugier en Prusse, elle refuse ce qu'elle considère comme un déshonneur et décide avec quelques personnes, dont son cousin César Plater, de gagner Varsovie, où la lutte se poursuit (jusqu'au 7 septembre).
Mais, au bout de 10 jours, épuisée et prise par la fièvre, elle doit s'arrêter à Augustów tandis que César poursuit sa route. D'Augustow, elle est ramenée en Samogitie chez un sympathisant, Ignace Ablamowicz, à Justianowo (actuelle Vainežeris[4]). Apparemment guérie, elle y meurt néanmoins quelques mois plus tard, le .
Mémoire
La mémoire d’Émilie Plater a été maintenue et diffusée abondamment jusqu’à nos jours, et elle a servi de modèle et d’exemple à de nombreuses Polonaises. Mais bien qu’elle ait commis une transgression de genre pour combattre, en s’habillant en homme, son geste a été transformé dans les récits qui en ont été fait. Au final, sa figure a renforcé les structures patriarcales et la définition du féminin en Pologne[5].
Hommages
Monument à Émilie Plater à Vainežeris
Rues : Ulica Emilii Plater dans nombre de villes polonaises, notamment Varsovie (avec plaque commémorative au no 30), Poznań, Rzeszów...
Joseph Straszewicz, Émilie Plater, sa vie et sa mort, Paris, 1834, 356 p., disponible en ligne (notice BnF : FRBNF31412531)
Marcel Bouteron, Pologne romantique. La Jeanne d’Arc de Pologne, Émilie Plater (1806-1831), Paris, Armand Colin, (présentation en ligne)
Notes et références
↑Platerówna : littéralement, « fille de Plater » ; ce suffixe indique qu'elle n'est pas encore mariée.
↑Michel Plater avait reçu du tsar le droit de porter le nom (russisé) de son épouse Isabelle, née Syberg zu Wischling. Cf. page russe Плятер-Зиберг, Михаил Казимирович (époux d'Isabelle) ; page polonaise Jan Tadeusz Zyberg (père d'Isabelle).