Émilie Delorme

Émilie Delorme, née le à Villeurbanne, est une administratrice d'institutions culturelles française. Elle est la directrice du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris depuis le .

Parcours

Formation et débuts professionnels

Émilie Delorme étudie le violon, l’alto et l’analyse musicale aux conservatoires de Lyon et de Nancy, où elle obtient un prix d’alto. Elle intègre en parallèle l'École nationale supérieure des mines de Nancy, dont elle sort diplômée en ingénierie civile, et complète sa formation par un troisième cycle en gestion des institutions culturelles à l'Institut supérieur de management culturel[1],[2].

Elle commence à travailler chez IMG Artists avant de rejoindre le festival international d'art lyrique d'Aix-en-Provence en 2000 puis le Théâtre royal de la Monnaie à Bruxelles en 2003[1]. En 2007, elle revient au Festival d'Aix-en-Provence, dont Bernard Foccroulle vient de prendre la direction, pour devenir à partir de 2008 directrice de l’Académie et des Concerts.

Directrice de l'Académie du Festival d'Aix-en-Provence

À partir de 2008, Émilie Delorme est directrice de l’Académie européenne de musique et des Concerts du festival d’Aix-en-Provence[3].

Elle développe un réseau européen d’académies d’opéra, European Network of Opera Academies (Enoa), dont elle prend la direction en 2011, ainsi que le réseau MEDiterranean INcubator of Emerging Artists (Medinea), destiné à développer les coopérations avec des artistes du bassin méditerranéen. À partir de 2014, le festival d’Aix accueille, sous sa direction, l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée qui regroupe chaque saison des musiciens du bassin méditerranéen dans un but de formation et d’insertion professionnelle[3],[4].

Directrice du CNSMDP

Nomination

Émilie Delorme est nommée directrice du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris au . Elle devient la première femme à diriger cette institution depuis sa fondation en 1795[2],[5],[note 1].

En décembre 2022, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak annonce le renouvellement de son mandat pour une période de trois ans[6],[note 2],[7].

Réalisations

Durant son premier mandat, le Conservatoire progresse dans le classement QS Performing Art qui distingue les établissements d’enseignement des arts du spectacle dans le monde : de la 17e place en 2020, il passe à la 5e en 2021, à la 4e en 2022 puis à la seconde en 2023[8],[9],[10].

En janvier 2023, elle initie un projet de « Conservatoire augmenté », qui vise à doter l'institution de nouveaux outils incluant des ressources numériques collaboratives, une plateforme d'enseignement à distance, un studio 3D dédié au son immersif[11],[note 3]. Le projet est lauréat d'un programme d'investissement de 5 millions d'euros dans le cadre du plan France 2030[12].

Polémique

En 2019, à la suite de sa nomination, Le Point, Valeurs actuelles et Marianne lui reprochent une proximité de pensée avec le féminisme intersectionnel et les études décoloniales[13],[14],[15]. Elle fait paraître des droits de réponse au regard de propos jugés calomnieux et diffamatoires. Selon Le Monde, cette « levée de boucliers », observée dans certains médias mais pas au sein de l'établissement dont elle a pris la direction, s'explique par ses « positions très marquées en matière de défense de la parité et de la diversité »[1],[2]. Le 28 février 2020, elle déclare dans une interview au Monde : « Comment peut-on encore s’opposer à ce qu’il y ait plus de mixité et de diversité à tous les niveaux de notre société[16] ? »

Licenciement de Jérôme Pernoo

En mars 2021, à la suite de signalements de faits d'agressions sexuelles de la part d'anciens élèves à l'encontre de Jérôme Pernoo, la direction du CNSMDP alerte le procureur de la République et suspend le professeur de violoncelle à titre conservatoire. Mediapart relaie l'affaire dans un article et s'interroge sur le début d'un éventuel #MeToo de la musique classique[17]. Au terme d'une procédure judiciaire de deux ans devant le tribunal administratif de Paris concernant la façon dont s'est déroulée l'enquête interne, ponctuée de suspicions de parti-pris de la part du cabinet externe sollicité[18],[19],[20], le 26 septembre 2023, Jérôme Pernoo est reconnu coupable, devant le tribunal correctionnel de Paris, d’agression sexuelle sur un ancien élève. Il est condamné à un an de prison avec sursis, ainsi qu'à une interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs pendant dix ans. Il est également inscrit au registre des délinquants sexuels[21].

Autres mandats

Elle est nommée présidente de la Maison de la musique contemporaine à l'issue du premier conseil d'administration de l'association réuni le 7 octobre 2020[22].

Elle est de 2013 à 2020, la présidente du Salon Festival international de musique de chambre de Provence[1],[23],[24],[25].

Décoration

Notes et références

Notes

  1. Le communiqué du ministère de la Culture explique :

    « Émilie Delorme développera au CNSMDP un projet de formation basé sur l'excellence de son enseignement, avec une ouverture, un rayonnement et une mobilité renforcés à l'international, intégrant les enjeux interdisciplinaires dans le contexte de la transition numérique. Le projet portera une attention accrue à la diversité de recrutement des élèves, à la formation tout au long de la vie et à la qualité de l'insertion professionnelle. »

    — Voir : « Nomination d'Emilie Delorme à la direction du Conservatoire national supérieur de Musique et de Danse de Paris », sur Culture.Gouv.fr, .

  2. Le communiqué du ministère précise les contours de son deuxième mandat :

    « D’une part la poursuite des actions qu’elle a engagées, par exemple en faveur de la responsabilité sociétale de l’établissement ou de sa transition numérique. Mais aussi l’innovation pédagogique avec la création d’un Learning Lab, la structuration de l’activité de recherche, ou encore la création d’un bureau des carrières afin de favoriser l’insertion professionnelle comme la formation continue. »

  3. Selon le communiqué du ministère :

    « L’objectif est de pouvoir accompagner la transition numérique de la filière musicale tant vers le déploiement des nouvelles technologies immersives son et image que vers les besoins de la pédagogie. »

Références

  1. a b c et d « Emilie Delorme, première femme nommée à la tête du Conservatoire de Paris » [archive du ], Le Monde, (consulté le ).
  2. a b et c « Émilie Delorme première femme nommée à la tête du conservatoire de musique et de danse de Paris », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  3. a et b « Aix : "Il est vital d’inventer de nouvelles histoires à l’opéra" », Le Monde, .
  4. Guillaume Tion, « La Méditerranée, rives éveillées », Libération,‎ (lire en ligne).
  5. Antoine Pecqueur, « Exclusif : Emilie Delorme à la tête du CNSMD de Paris », La Lettre du musicien,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  6. « Renouvellement d’Emilie Delorme à la direction du Conservatoire national supérieur de musique et de danse de Paris », sur culture.gouv.fr (consulté le ).
  7. Aude Giger, « Émilie Delorme, renouvelée pour trois ans au CNSMD de Paris », sur France Musique, (consulté le ).
  8. « 4e place du CNSMDP au classement QS 2022 : "L’excellence académique récompensée" (Émilie Delorme) », sur News Tank Culture (consulté le ).
  9. « Les secrets de la réussite du Conservatoire national de Paris », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  10. « Le Conservatoire de Paris décroche la deuxième place du classement mondial des meilleures écoles d'art », sur radiofrance.fr (consulté le ).
  11. Interview : « Un conservatoire “augmenté” pour faire du numérique un atout (Émilie Delorme, CNSMDP) » Accès payant, sur News Tank Culture (consulté le ).
  12. La rédaction, « Le projet de "Conservatoire augmenté" du CNSMDP lauréat d’un programme d’investissement de 5 millions d’euros », sur Diapason, (consulté le ).
  13. Clément Pétreault, « Conservatoire national de musique : une nomination qui inquiète », Le Point,‎ (lire en ligne, consulté le ).
  14. L'équipe Musiq3, « Polémique (stérile) autour de la nomination d'Emilie Delorme à la tête du Conservatoire de Paris », RTBF,‎ (lire en ligne [archive du ]).
  15. Isabelle Barbéris, « Emilie Delorme, proche des thèses indigénistes, à la tête du Conservatoire de Paris : la grosse erreur de casting », sur marianne.net, .
  16. Marie-Aude Roux, « Emilie Delorme : "On peut être soliste et garder l’esprit collectif, c’est justement pour cela qu’on est venu me chercher" », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  17. Antoine Pecqueur, « Conservatoires : le #MeToo de la musique classique », sur Mediapart.fr.
  18. Mathieu Yerle, « La sanction disciplinaire du conservatoire de Paris contre Jerôme Pernoo suspendue », sur lefigaro.fr, .
  19. Peggy Sastre, « Les curieuses méthodes de Caroline De Haas », Le Point,‎ .
  20. Samuel Piquet, « Enquête de Caroline De Haas au Conservatoire de Paris : "Il n'y a pas de présomption d'innocence" », sur marianne.net, (consulté le ).
  21. Louis-Valentin Lopez, « Prison avec sursis pour Jérôme Pernoo, et interdiction d'enseigner à des mineurs pendant 10 ans », sur radiofrance.fr, .
  22. Voir sur resmusica.com.
  23. « Émilie Delorme, première femme à la tête du Conservatoire de Paris », HuffPost,‎ (lire en ligne).
  24. Nadia Tighidet, « Avec Emilie Delorme la Méditerranée illumine le Festival », La Provence,‎ (lire en ligne).
  25. Marie-Aude Roux, « Aix : Il est vital d’inventer de nouvelles histoires à l’opéra », Le Monde,‎ (lire en ligne).
  26. « Nomination dans l'ordre des Arts et des Lettres – hiver 2021 », sur culture.gouv.fr (consulté le ).

Lien externe


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