Émilie Delorme étudie le violon, l’alto et l’analyse musicale aux conservatoires de Lyon et de Nancy, où elle obtient un prix d’alto. Elle intègre en parallèle l'École nationale supérieure des mines de Nancy, dont elle sort diplômée en ingénierie civile, et complète sa formation par un troisième cycle en gestion des institutions culturelles à l'Institut supérieur de management culturel[1],[2].
Directrice de l'Académie du Festival d'Aix-en-Provence
À partir de 2008, Émilie Delorme est directrice de l’Académie européenne de musique et des Concerts du festival d’Aix-en-Provence[3].
Elle développe un réseau européen d’académies d’opéra, European Network of Opera Academies (Enoa), dont elle prend la direction en 2011, ainsi que le réseau MEDiterranean INcubator of Emerging Artists (Medinea), destiné à développer les coopérations avec des artistes du bassin méditerranéen. À partir de 2014, le festival d’Aix accueille, sous sa direction, l’Orchestre des jeunes de la Méditerranée qui regroupe chaque saison des musiciens du bassin méditerranéen dans un but de formation et d’insertion professionnelle[3],[4].
En décembre 2022, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak annonce le renouvellement de son mandat pour une période de trois ans[6],[note 2],[7].
Réalisations
Durant son premier mandat, le Conservatoire progresse dans le classement QS Performing Art qui distingue les établissements d’enseignement des arts du spectacle dans le monde : de la 17e place en 2020, il passe à la 5e en 2021, à la 4e en 2022 puis à la seconde en 2023[8],[9],[10].
En janvier 2023, elle initie un projet de « Conservatoire augmenté », qui vise à doter l'institution de nouveaux outils incluant des ressources numériques collaboratives, une plateforme d'enseignement à distance, un studio 3D dédié au son immersif[11],[note 3]. Le projet est lauréat d'un programme d'investissement de 5 millions d'euros dans le cadre du plan France 2030[12].
Polémique
En 2019, à la suite de sa nomination, Le Point, Valeurs actuelles et Marianne lui reprochent une proximité de pensée avec le féminisme intersectionnel et les études décoloniales[13],[14],[15]. Elle fait paraître des droits de réponse au regard de propos jugés calomnieux et diffamatoires. Selon Le Monde, cette « levée de boucliers », observée dans certains médias mais pas au sein de l'établissement dont elle a pris la direction, s'explique par ses « positions très marquées en matière de défense de la parité et de la diversité »[1],[2]. Le 28 février 2020, elle déclare dans une interview au Monde : « Comment peut-on encore s’opposer à ce qu’il y ait plus de mixité et de diversité à tous les niveaux de notre société[16] ? »
En mars 2021, à la suite de signalements de faits d'agressions sexuelles de la part d'anciens élèves à l'encontre de Jérôme Pernoo, la direction du CNSMDP alerte le procureur de la République et suspend le professeur de violoncelle à titre conservatoire. Mediapart relaie l'affaire dans un article et s'interroge sur le début d'un éventuel #MeToo de la musique classique[17]. Au terme d'une procédure judiciaire de deux ans devant le tribunal administratif de Paris concernant la façon dont s'est déroulée l'enquête interne, ponctuée de suspicions de parti-pris de la part du cabinet externe sollicité[18],[19],[20], le 26 septembre 2023, Jérôme Pernoo est reconnu coupable, devant le tribunal correctionnel de Paris, d’agression sexuelle sur un ancien élève. Il est condamné à un an de prison avec sursis, ainsi qu'à une interdiction d'exercer une activité professionnelle ou bénévole avec des mineurs pendant dix ans. Il est également inscrit au registre des délinquants sexuels[21].
Autres mandats
Elle est nommée présidente de la Maison de la musique contemporaine à l'issue du premier conseil d'administration de l'association réuni le 7 octobre 2020[22].
↑Le communiqué du ministère de la Culture explique :
« Émilie Delorme développera au CNSMDP un projet de formation basé sur l'excellence de son enseignement, avec une ouverture, un rayonnement et une mobilité renforcés à l'international, intégrant les enjeux interdisciplinaires dans le contexte de la transition numérique. Le projet portera une attention accrue à la diversité de recrutement des élèves, à la formation tout au long de la vie et à la qualité de l'insertion professionnelle. »
↑Le communiqué du ministère précise les contours de son deuxième mandat :
« D’une part la poursuite des actions qu’elle a engagées, par exemple en faveur de la responsabilité sociétale de l’établissement ou de sa transition numérique. Mais aussi l’innovation pédagogique avec la création d’un Learning Lab, la structuration de l’activité de recherche, ou encore la création d’un bureau des carrières afin de favoriser l’insertion professionnelle comme la formation continue. »
« L’objectif est de pouvoir accompagner la transition numérique de la filière musicale tant vers le déploiement des nouvelles technologies immersives son et image que vers les besoins de la pédagogie. »
↑L'équipe Musiq3, « Polémique (stérile) autour de la nomination d'Emilie Delorme à la tête du Conservatoire de Paris », RTBF, (lire en ligne [archive du ]).
↑Marie-Aude Roux, « Emilie Delorme : "On peut être soliste et garder l’esprit collectif, c’est justement pour cela qu’on est venu me chercher" », Le Monde, (lire en ligne).