Le premier tour des élections générales uruguayennes a eu lieu le . Il a été remporté par le Front large (Frente Amplio, coalition de gauche), qui a obtenu 1 105 277 de voix, soit 47,96 % des suffrages, ce qui lui donne une majorité absolue au Congrès (16 sénateurs sur 30 et 50 députés sur 99). José Mujica (« Pepe »), l'ancien guérillero Tupamaro candidat du Front large pour la présidence, a remporté le second tour, le , avec 52,9 % des voix[1]), contre 42,9 % pour Luis Alberto Lacalle, l'ancien président candidat du Parti national (ou Parti blanco). José Mujica prendra ses fonctions le [2]. L'alliance, au second tour, du Parti blanco, du Parti colorado et du Parti indépendant, n'a ainsi pas suffi à bloquer la seconde victoire consécutive du Front large[3].
Malgré l'alliance des partis traditionnels (blanco et colorado), le candidat du Front large, José Mujica, l'a emporté contre le « nationaliste » libéral Luis Alberto Lacalle, avec 52,9 % des voix contre 42,9 %. Mujica s'est imposé dans les départements les plus habités d'Uruguay, en particulier le département de Montevideo (environ 1 million d'habitants pour une population totale de 2,5 millions d'habitants), où il a obtenu près de 59,5 % des voix, de Canelones, Salto, Paysandú et Soriano. Lacalle s'est imposé dans les autres départements[6], mais même dans ceux-là, le Front large a obtenu environ 11 % de suffrages en plus au second tour qu'au premier tour[7].
Dans le département de Montevideo, la formule Mujica-Astori l'a nettement emporté dans les quartiers populaires[8] : 628 votes contre 141 à Pajas Blancas(es); 4 202 suffrages au premier tour dans le quartier du Cerro(es), contre 1 150 pour les partis traditionnels; ou encore à Casabó; à La Teja, la gauche a triplé ses résultats par rapport à 2004; à Sayago, Mujica obtenait plus de 72 % des voix, et à Peñarol, autre quartier important pour le réseau ferroviaire, Mujica obtenait 65 % des voix. Au contraire, la droite fait le double de voix à Trouville et Villa Biarritz (quartiers de Montevideo), ainsi qu'à bon score à Carrasco(es), où se trouve la Rambla de Montevideo[8]. Par ailleurs, le Front large a aussi obtenu des bons scores parmi les classes moyennes[9].
Référendums
Deux référendums furent organisés en même temps que le premier tour.
Le premier, organisé à l'initiative des parlementaires du Front large, portait sur la possibilité de voter par correspondance pour les 600 000 émigrés uruguayens, qui n'ont pas le droit, aujourd'hui de voter[10]. Il n'obtint que 862 454 suffrages (37,42 %), soit moins que le seuil de la moitié des suffrages requis.
Le second, un référendum d'initiative populaire organisé à l'instigation de la confédération syndicale PIT-CNT, du SERPAJ (Association Paix et Justice), de la FEUU (Fédération des étudiants universitaires d'Uruguay) et du Front large, portait sur l'abrogation de la Loi de Caducité de 1986[10], amnistiant les violations des droits de l'homme commis par les militaires pendant la dictature (1973-1985). Cette proposition fut rejetée, seuls 1 105 768 des Uruguayens (47,98 % des suffrages) ayant voté en sa faveur. Un référendum organisé en 1989 avait aussi échoué à abroger cette amnistie, considérée comme contraire au droit international par la Commission des droits de l'homme des Nations Unies.
Les listes pour les sénatoriales et les législatives
Le résultat global d'une lema (de toutes les sublemas du groupe politique) est pris en compte en dernière instance pour le calcul des sièges de sénateurs et de députés, lesquels sont ensuite répartis par chaque groupe politique en fonction des scores proportionnels obtenu par chaque sous-liste. En d'autres termes, la lema ayant gagné le plus de votes est considérée victorieuse, les sièges accordés à celle-ci en fonction de son résultat étant ensuite redistribués entre toutes les sous-listes.
Ce système peut conduire une sous-liste ayant eu moins de vote qu'une autre sous-liste, mais appartenant à la liste principale victorieuse, à obtenir plus de sièges que sa rivale. Il explique notamment la constitution de trois grands blocs politiques, le Front large, le Parti blanco et le Parti colorado, disposant chacun de tendances rivales qui présentent des sous-listes.
Le Front large a présenté trois sous-listes principales pour lesquelles les électeurs pouvaient voter, qui sont des formes de coalitions au sein de l'alliance de gauche. Une fois de plus, le Mouvement de participation populaire (MPP, qui inclut le Mouvement de libération nationale - Tupamaros, MLN-T) s'est imposé comme la première force politique du Front large, qui a fait élire, au total, 16 sénateurs[12]. Le MPP a ainsi 6 sénateurs sur les 16 du Front large, et 25 députés sur les 50 du Front large, représentant à lui seul 1/5 du Sénat et 1/4 de la Chambre des représentants.
Lacalle, battu au second tour par José Mujica, avait choqué lors de la campagne en affirmant qu'il fallait couper les dépenses publiques « à la tronçonneuse »[10].