La modification atmosphérique que la neige produit sur un paysage est typique des préoccupations impressionnistes. Il s'agit d'une impression d'hiver, thème déjà traité par Armand Guillaumin (Chemin creux, effet de neige, 1868-69) et Monet (La Pie, 1869). Mais, tandis que les précédents représentent la campagne enneigée, Caillebotte choisit un contexte urbain pour traiter ce thème.
L'époque durant laquelle Caillebotte peint cette toile est une période difficile pour le peintre. Il a tendance à sombrer dans la mélancolie à la suite d'une série de deuils familiaux. En effet, en Caillebotte vient de perdre sa mère, décès faisant suite à la mort de son père le jour de la Noël 1874 et celle de son frère René en 1876. De plus en cette même année 1876, le peintre rédigea son testament, persuadé qu'il ne vivrait pas très vieux[1]. Caillebotte exprime ainsi la tristesse de son âme dans ce paysage de toits enneigés. Pour renforcer encore l'effet d'oppression et de lourdeur, la ligne d'horizon, placée très haut laisse entrevoir un ciel sombre réduit à une simple bande grise. Dessous, l'enchevêtrement des toits ne laisse en rien présager le printemps. Quelques mois après, Caillebotte ralentit son rythme créateur. Bien qu'il produise encore quelques peintures par la suite, cette toile inhabituelle est en quelque sorte le chant du cygne de sa période de jeunesse.
Notes et références
↑A. Grenier et al., Chefs-d’œuvre des impressionnistes, Éditions Atlas, 1997.
Bibliographie
Marie Berhaut, Gustave Caillebotte. Catalogue raisonné des peintures et des pastels, Paris, éd. Bibliothèque des arts, 1994