Les 146 passagers et 6 membres d’équipage à bord ont péri dans l’accident, ce qui en fait la pire catastrophe aérienne de l'histoire du Pakistan, ainsi que le premier accident mortel impliquant un Airbus A321.
L'autorité de l'aviation civile pakistanaise(en) a déclaré que l'accident a été causé par une utilisation inadéquate des commandes de vol par le commandant de bord. L'attitude arrogante du celui-ci pendant tout le vol a fait perdre au copilote son estime de soi, le rendant moins susceptible de dénoncer les erreurs du commandant et mettant fin à toute gestion significative des ressources de l'équipage, en raison de l'environnement de travail toxique qui a résulté dans le cockpit.
Avion
L'appareil impliqué était un Airbus A321-231 immatriculé AP-BJB, de numéro de série 1218 et construit en 2000.
Il a été initialement livré à la compagnie aérienne allemande Aero Lloyd, puis il a ensuite été utilisé par Aero Flight avant d'être repris par la compagnie pakistanaise Airblue en 2006.
Cet version allongée de l'Airbus A320, équipé de deux turboréacteurs IAE V2533-A5, cumulé 34 018 heures de vol, effectuées en 13 566 cycles (décollages/atterrissages), au moment de l'accident[3].
La majorité des passagers présents à bord étaient pakistanais, mais il y avait également deux ressortissants américains, ainsi qu'un ressortissant autrichien et un somalien présent à bord.
Le commandant de bord du vol 202, Pervez Iqbal Chaudhry, 61 ans, totalisait 25 497 heures de vol à son actif, dont 1 060 heures aux commandes d'un Airbus A321. Le copilote Muntajib Ahmed, âgé de 34 ans, ancien pilote de F-16 dans les Forces aériennes pakistanaises, cumulait 1 837 heures de vol, dont 286 heures sur A321.
Le vol 202 a quitté Karachi à 07h41 heure locale (02h41 UTC). Les contrôleurs aériens de l'aéroport international Benazir Bhutto ont perdu le contact avec l'avion à 09h41 heure locale (04h41 UTC). Les conditions météorologiques à ce moment-là étaient marginales, et l'équipage d'un avion de China Southern Airlines s'était dérouté vers un autre aéroport et un vol de Pakistan International Airlines (PIA) avait déjà effectué trois approches interrompues 30 minutes plus tôt.
L'avion a entamé la phase d'approche vers Islamabad par le sud-est, suivant une procédure d'approche « circulaire » (Circle-to-Land), qui oblige les pilotes à voler vers l'aéroport jusqu'à établir un contact visuel. Il s'agit ensuite de contourner l'aéroport par l'Est et le Nord, en restant à une distance de 9 km de l'aéroport, jusqu'à s'aligner sur la piste 12, qui fait face au sud-est. L'A321 s'est écrasé dans les montagnes en dehors du rayon de 9 km requis pour l'approche, à environ 15 km au nord de l'aéroport, en faisant face presque plein ouest, avant de pouvoir s'aligner sur la piste 12 pour l'approche finale.
Les pilotes n'ont envoyé aucun signal d'urgence avant le crash. Le ministre de l'Intérieur pakistanais, Rehman Malik, a déclaré que l'avion se trouvait à 2 600 pieds (790 m) lors de l'approche sur Islamabad, mais qu'il est remonté à 3 000 pieds (910 m) avant de finalement s'écraser. L'altitude de 2 600 pieds (790 m) était supérieure à l'altitude de descente minimale de sécurité (2 510 pieds (770 m) au-dessus du niveau de la mer ou 852 pieds (260 m) au-dessus du niveau du sol), si l'avion était resté dans le rayon de 9 km autour de l'aéroport.
L'appareil a été retrouvé près du point de vue de Daman-e-Koh(en), dans les collines de Margalla Hills(en), à l'extérieur d'Islamabad.
Enquête et causes de l'accident
L'autorité de l'aviation civile pakistanaise(en) (CAA) a immédiatement ouvert une enquête sur l'accident. Airbus a déclaré que la société fournirait une assistance technique complète aux autorités pakistanaises ; une équipe composée de six membres, dirigée par Nicolas Bardou, directeur de la sécurité des vols de la compagnie, est arrivée à Islamabad le .
Les enregistreurs de vol de l'avion ont été localisés le . Junaid Ameen, directeur général de la CAA, a précisé que les boîtes noires seraient examiné par des "experts étrangers" en Allemagne ou en France, le Pakistan ne possédant pas l'équipement nécessaire pour décoder les enregistreurs de vol. Il a également déclaré que le processus d'extraction d'informations pourrait prendre de six mois à un an. Les autorités pakistanaises ont décidé d'envoyer l'enregistreur phonique (CVR) et l'enregistreur de paramètres (FDR) au Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) en France.
Le rapport final, publié par la CAA en , cite le manque de professionnalisme de l'équipage, ainsi que les mauvaises conditions météorologiques présentent dans la région (fortes pluies et brouillard), comme les principaux facteurs à l'origine de l'accident du vol 202.
Les données récupérées dans les enregistreurs de vol confirment que le commandant de bord a ignoré ou n'a pas répondu correctement à de multiples alertes provenant de l'avertisseur de proximité du sol (GPWS) et de la tour de contrôle.
Elles confirment également que le copilote a passivement accepté les actions du commandant de bord, après que celui-ci, à plusieurs reprises tout au long du vol, a adopté un ton autoritaire et l'a réprimandé à plusieurs reprises, ce qui lui a fait perdre son estime de soi, le rendant moins susceptible de dénoncer les erreurs du commandant de bord[4].
Le rapport conclut que l'équipage n'a pas fait preuve du jugement et des compétences professionnelles suffisantes pour cette étape du vol, en raison d'un environnement de travail toxique qu'il avait lui-même créé.
Dans leur détermination à atterrir par mauvais temps, ils ont commis de graves violations des procédures standards et des manquements à la discipline de vol dans le cockpit, ce qui a mis l'appareil dans une situation dangereuse, au-dessus d'un terrain montagneux et à basse altitude.
Conséquences
Après le crash du vol 202, Airblue a promis aux familles des victimes qu'un mémorial serait érigé. Le mémorial devait coûter 20 millions de roupies et la conception finale a été finalisée en juin 2011. Le mémorial a finalement été construit près de Daman-e-Koh(en).
À l'occasion du 10e anniversaire de l'accident, les autorités d'Islamabad ont planté 152 arbres le long de la piste de Yadgar-e-Shuhada, les arbres représentant le nombre de personnes tuées dans l'accident.