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Grand prix international à la 13eTriennale de Milan en 1964, Vittorio Gregotti a été directeur des arts visuels de la Biennale de Venise de 1974 à 1976[1]. Il fonde son agence Gregotti Associati en 1974. En 1999, Gregotti Associati International fonde la société Global Project Development, spécialisée en design et développement durable architectural pour les pays en essor touristique, avec pour objectif le respect de l’environnement.
En tant qu’architecte, Vittorio Gregotti a pris ses distances avec les théories et les modèles dominants, hérités du mouvement moderne, pour trouver son inspiration dans les cultures locales et régionales. Il adopte dans ses projets une démarche visant à les rattacher à l’histoire du lieu, et non à une abstraction visant à sa reproductibilité en un site quelconque.
On lui attribue plusieurs orientations dans son travail. Il est parfois apparenté aux Nouveaux Rationalistes italiens, comme Giorgio Grassi, se référant aux thèses de Jane Jacobs, Robert Venturi, et Aldo Rossi, qui avaient induit une réorientation de la création architecturale par rapport aux données du site, ce dès les années 1960-1970. L'intérêt porté par ces théoriciens à la vie urbaine et à l'urbanisme de quartier a trouvé un écho dans les réalisations des membres de l'école du Tessin et de la Tendenza — nom donné à ce groupe d'architectes historicistes.
Les valeurs qui lui sont attribuées reposent sur deux principes anti-modernistes : d'une part, le rejet de la tendance universalisante du rationalisme moderniste et, d'autre part, la valorisation des sources historiques, accueillant les traditions locales dans les logiques de projet et de construction.
Ces aspects sont visibles à la fois dans les projets de son agence, mais également dans sa production bibliographique dense.
Abstract de deux de ses principaux ouvrages
Le territoire de l’architecture (1re édition 1966)
Il s’agit d’un classique de la littérature du XXe siècle portant sur l’architecture. Dans celui-ci, Vittorio Gregotti discute de certaines des principales questions dans la pratique architecturale : la complexité des matériaux de construction en architecture, sa relation avec l’histoire, la genèse du concept de rationalité et la démarcation de la « tradition des Modernes », la complexité du concept de typologie et la géographie comme thème central constituant à la fois le matériau et le moteur des intentions du projet.
Prenant en compte dans ses réflexions les catégorisations esquissées dans la phénoménologie, le structuralisme et la sémiologie, Gregotti développe une conception de la pratique architecturale qui, dit-il, ne se pratique pas « comme [issue d’un] traité, mais plutôt comme un exercice », visant à définir « le champ de compétence et l’articulation existant entre les disciplines de la conception architecturale ».
Au sujet de cet ouvrage, Manfredo Tafuri (Progetti e architettura, 1982) écrivit que le thème principal de l’ouvrage était le dialogue entre géographie et signes architecturaux, imposant un changement d’échelle impliquant une nouvelle méthodologie dans la conception architecturale, la poésie étant toutefois toujours sous-jacente.
La ville visible (La citta visibile, Turin 1991)
Comme Vittorio Gregotti l’écrivait lui-même dans l’introduction de son ouvrage, « durant ces quarante dernières années, la transformation la plus importante en provenance de la « critique positive » de la Modernité en architecture consiste en la reconnaissance de l’importance de la prise en compte du contexte — historique et géographique — ainsi que des éléments signifiants spécifiques du site. Le projet architectural moderne devient alors conscient de sa propre nature, dialogue entre l’existant et les modifications qu’il y apportera ».
Cet ouvrage cherche par conséquent les réponses aux problèmes posés par le projet urbain et plus généralement par les transformations qu’a subi le contexte physique actuel. Toutefois, ces réflexions ne restent pas exclusivement théoriques et sont appuyées par des exemples de projets architecturaux réfléchissant aux différentes façons de construire une ville nouvelle « commençant par la ville elle-même et son histoire ». Gregotti est animé de la conviction selon laquelle il est toujours possible « pour la culture de la planification urbaine et territoriale de proposer un nouvel état d’équilibre », basé sur « le réordonnancement et la clarté, qui sont les outils les plus importants de l’architecture ».
(it) Tafuri, M. (1982). Vittorio Gregotti. Milan : Electa.
« La forme du territoire : une analyse de paysage à travers de l'œuvre de Vittorio Gregotti » (1989). Bulletin de l'Association de Géographes Français. 66. 3. 199-204.