Vidi aquam est l'incipit d'une antiennegrégorienne, et par extension le nom donné à cette antienne, qui peut accompagner le rite de l'aspersion au début de la messe pendant le temps de Pâques dans la liturgie de l'Église catholique et de l'Église anglicane.
L'antienne, qui contient le mot « alleluia » est en usage pendant le Temps pascal, y compris l'octave de Pâques, à partir de la vigile pascale. Elle remplace l' Asperges me, chantée toute l'année sauf au cours de cette période[3],[4],[5].
Le chant accompagne le rite de la bénédiction et de l'aspersion[6] de l'eau bénite.
Il est cependant évident que l'origine de cette pièce était une des antiennes de procession du dimanche de Pâques, selon les manuscrits les plus anciens et les plus sûrs, tel celui d'Einsiedeln 121.
Caractéristiques
Alors que la mélodie de l'Asperges me reste moins ancienne (XIIIe siècle[ll 2]), la notation de l'antienne Vidi aquam remonte au Xe siècle[ll 1]. Cette antienne est donc présumée par certains auteurs mieux préserver les véritables caractéristiques du chant grégorien authentique, composé entre les IXe et Xe siècles. Ainsi, l'ambitus (élan limité en octave) y est effectivement respecté[ll 1]. Le quilisma s'utilisait, trois fois, pour les mots : omnes, facti et le dernier alleluia[ll 1].
Cet usage de l'alléluia dans le texte indique que, telle l'antienne mariale Regina Cœli, son utilisation est réservée à Pâques et au temps pascal.
Il existe une autre version, plus simple, avec le même huitième mode, sans quilisma. On peut y ajouter le même psaume facultatif comme verset[ll 3].
Le texte du Vidi aquam a été mis en musique par de nombreux compositeurs entre la Renaissance et la période contemporaine, notamment sous la forme de motets. Six arrangements différents du Vidi aquam pour trois et quatre voix figurent dans les Codices de Trente, une collection de manuscrits de musique du milieu du XVe siècle. Un Vidi aquam d'un auteur anonyme (motet à cinq voix) figure dans le Livre de chœur de Lambeth, un manuscrit enluminé du début du XVIe siècle ; un autre Vidi aquam anonyme, un motet à quatre voix, figure également dans les Gyffard partbooks, un recueil manuscrit de musique de la Renaissance anglaise de la fin du XVIIe siècle.
À la période contemporaine : William Armiger (motet à quatre voix), Domenico Bartolucci, Paul Grady (motet à sept voix), Oreste Ravanello. En 2020, le compositeur James MacMillan compose pour l'ensemble ORA un Vidi aquam à 40 voix, s'inspirant du Spem in Alium de Tallis, auquel la revue Classical Music trouve the aura of a masterpiece[9].
Par ailleurs, le Vidi aquam, du fait de son texte, a pu inspirer la liturgie liée aux sanctuaires de fontaine[réf. nécessaire]. Par exemple, auprès de la source consacrée à sainte Quitterie près d’Aire-sur-l'Adour : « J'ai vu l'eau vive jaillissant du cœur du Christ, alléluia. Tous ceux que lave cette eau seront sauvés et chanteront : alléluia[10]. »
↑L'alléluia était tout d'abord réservé à Pâques, uniquement. Puis, celui-ci a été utilisé entre Pâques et la Pentecôte. La Regina Cœli garde encore cette tradition. Par la suite, le pape saint Grégoire le Grand fit chanter l'alléluia même après la Pentecôte.