La tête de Chien est un promontoire de 550 mètres d'altitude situé en France et dominant Monaco qui a joué un rôle militaire stratégique au cours du XVIIIe siècle[2].
Toponymie
Le nom occitan du promontoire est Testa di can, littéralement « Tête de chien ». Un peu d'imagination permet de reconnaître le vague profil d'un chien et de valider cette étymologie erronée. Il est plus probable qu'on a affaire à la racine pré-indo-européenne kan, variante de kal, attachée à la désignation de la pierre, selon Albert Dauzat[3], Trombetti[4] et Pierre Fouché[5], cités dans l'ouvrage de Jacques Astor[6].
En 1897, Gustave Saige proposait comme étymologie : « Tête du camp »[7]. Cette explication est peu convaincante. En 1899, Michel Clerc se montra très dur envers Gustave Saige, et mit en évidence que la plupart des étymologies proposées étaient fantaisistes[8].
La tête de Chien, avec ses 550 mètres d'altitude, et le mont Agel, avec ses 1 148 mètres, dominent la principauté de Monaco.
Histoire
C'est cette tête de Chien qui fit perdre beaucoup de son importance stratégique à la forteresse de Monaco au cours du XVIIIe siècle : avec le progrès technique (artillerie de type Gribeauval développée par Jean-Baptiste Vaquette de Gribeauval, etc.), une batterie installée sur ce promontoire pouvait désormais écraser la place à bout portant ; aussi le prince Honoré III de Monaco en vint à limiter les frais pour l'entretien de sa forteresse.
Le fort de la tête de Chien, dit aussi fort Masséna, terminé en 1884, fait partie de l'ensemble des fortifications bâties entre 1874 et la Première Guerre mondiale sous la responsabilité du général Raymond Adolphe Séré de Rivières.
L’exploitation d'une ancienne carrière a été arrêtée pour assurer la préservation du site naturel. Le maître autel en marbre polychrome de l'église Saint-Michel de La Turbie a une table de communion en agate et en onyx extraits d’une carrière située la tête de Chien. L’ancien carreau est aujourd’hui occupé par des équipements sportifs de plein air ou en salle.
Le domaine de trois hectares, avec le fort de la tête de Chien, a été vendu le à la principauté de Monaco[12],[13]. Le souhait du gouvernement serait d’y déplacer ou d’accueillir des activités qui n’ont pas fondamentalement besoin d’être sur le territoire monégasque. « C’est un grand chantier de réflexion qui s’ouvre » a précisé le ministre d’État de la principauté[14].
Activités
L'accès au site se fait au départ du village de La Turbie[15] et du parking de la tête de Chien[16].
Les rochers de la tête de Chien sont bien connus des adeptes de l'escalade[17],[18], y compris pour des grimpeurs de renom comme Patrick Berhault[19]. On y pratique également la slackline.
↑Albert Dauzat, La toponymie française, Paris, Payot,
↑A. Trombetti, Saggio di antica onomastica mediterranea, Firenze, Rinascimento del libro,
↑Pierre Fouché, Quelques considérations sur la base toponymique : A propos du pré-indo-européen, KAL, pierre, Revue des langues romanes. LXVIII, 1937-1939, p. 401-411
↑Jacques Astor, Dictionnaire des noms de familles et noms de lieux du midi de la France, Millau, Editions du Beffroi, , 1296 p. (ISBN2-908123-59-2), p. 839
↑Gustave Saige, Note sur les origines phéniciennes de Monaco et la voie Héracléenne, Monaco, Imprimerie de Monaco,
↑Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, tome 11, no 41, 1899 [lire en ligne].
Pierre Baïssas, Patrick Berhault et Michel Bricola, Escalades dans la Tête de Chien, la Loubière, Club alpin de Monaco, presses de l'imprimerie de Bureau Services Monaco, , 55 p.