Par le traité, Jean Sigismond renonce au titre de « roi élu de Hongrie » (electus rex Hungariæ)[6] et prend celui de prince de Transylvanie et des parties du royaume de Hongrie qui y sont annexées (princeps Transylvaniæ et partium regni Hungariæ eidem annexarum)[6],[7].
Le traité précise que le principe conserve néanmoins le droit d'utiliser le titre royal dans sa correspondance avec les Turcs[7] ; et que les parties susvisées du royaume de Hongrie s'entendent quatre comitats du royaume de Hongrie, à savoir ceux de Máramaros, de Bihar, de Kraszna et de Közép-Szolnok[8].
Le traité stipule que, dorénavant, le prince et ses successeurs posséderaient en paix la Transylvanie et les Parties (Partes), comme princes libres (tamquam liberi principes), avec tous les droits propres aux princes libres (justice, exécution, donation), mais qu'ils ne pourraient aliéner les biens appartenant à la Sainte Couronne du pays — seulement les mettre en hypothèque — car ceux-là dépendent toujours du roi[7].
Il stipule également que le prince et ses successeurs considéreraient l'empereur et le roi comme le chef de toute la chrétienté et roi de Hongrie, ainsi leur supérieur et plus puissant qu'eux, et la Transylvanie ainsi que les Parties de la Hongrie qu'ils possédaient comme membres du royaume de Hongrie (pro membro Regni Hungariae)[7].
Le traité prévoit que, si les princes mouraient sans successeurs, la Transylvanie reviendrait au roi de Hongrie, comme partie véritable et inséparable de son empire (tanquam verum et inseparabile membrum)[7] ; et que, si le prince ou ses successeurs perdaient la Transylvanie, le roi les indemniserait par les principautés d'Opole et de Ratibor[7].
Maximilien II reconnait Jean-Sigismond comme « Prince de Transylvanie » et en contre-partie Jean-Sigismond renonce à son titre de roi de Hongrie et reconnaît Maximilien II comme roi de Hongrie et suzerain de sa principauté[9].
Interprétations divergentes
L'historiographie hongroise moderne considère que dans ce cas précis, un État vassal comme la principauté de Transylvanie, même pourvu d'institutions et de forces propres, constitue en termes de droit public une partie du royaume de Hongrie[10], tandis que l'historiographie roumaine, pour sa part, considère la Principauté comme un État distinct, vassal de la Hongrie de facto et de jure jusqu'au traité de Spire, vassal de jure mais en fait indépendant depuis ce traité et jusqu'en 1699, puis vassal des Habsbourg après 1699, transformé en grand-duché autrichien en 1711 et aboli en 1867 lors de l'établissement de l'Autriche-Hongrie[11] : ce second point de vue s'appuie entre autres arguments sur la formulation du traité de Spire qui reconnait Jean-Sigismond comme « princeps Transsylvaniae et partium regni Hungariae dominus » (« Prince de Transylvanie et seigneur de parties du Royaume de Hongrie ») faisant ainsi une distinction entre principauté de Transylvanie et Hongrie orientale[12].
Notes et références
Notes
↑Le traité de Spire est aussi connu comme l'accord de Spire[1] ou la paix de Spire[2],[3].
↑Gerald Volkmer, Das Fürstentum Siebenbürgen (1541-1691) : außenpolitik und völkerrechtliche Stellung, Arbeitskreis für Siebenbürgische Landeskunde, Heidelberg, 2002 ; Anton Moisin, Istoria Transilvaniei, Vol. I - V, Bucarest 1998 - 2003 et Academia Republicii Populare Romîne, Istoria Romîniei, Bucarest 1960.
[Gooss 1911] (de) Roderich Gooss (éd.), Österreichische Staatsverträge : Fürstentum Siebenbürgen (-), Vienne, A. Holzhausen, coll. « Veröffentlichungen der Kommission für neuere Geschichte Österreichs » (no 9), , 1re éd., 1 vol., XI-974, 25 cm (OCLC690859879, SUDOC140399402), « Vertrag zwischen Kaiser Maximilian II. und Johann Sigismund Szapolyai, geschlossen unter polnischen Vermittlung, ddo. Speyer , August 16 » [« Traité entre l'empereur Maximilien II et Jean Sigismond Szapolyai, conclu par la médiation polonaise, à Spire, le »], p. 182-204.
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
[Oborni 2013] (en) Teréz Oborni, « Between Vienna and Constantinople : notes on the legal status of the principality of Transylvania », dans Gábor Kármán et Lovro Kunčević (éd.), The European tributary states of the Ottoman Empire in the sixteenth and seventeenth centuries, Leyde et Boston, Brill, coll. « The Ottoman Empire and its heritage : politics, society, and economy » (no 53), , 1re éd., 1 vol., VII-449, 24 cm (ISBN978-90-04-24606-5, EAN9789004246065, OCLC862909240, BNF43642385, DOI10.1163/9789004254404, SUDOC171536185, présentation en ligne, lire en ligne), p. 67-89.
[Oborni 2015] Teréz Oborni, « Le royaume des Szapolyai, du royaume de Hongrie orientale à la principauté de Transylvanie (-) », Histoire, économie et société, vol. 34e année, no 3 : « La Hongrie ottomane, XVIe – XVIIe siècles », , p. 65-77 (DOI10.3917/hes.153.0065, JSTOR44162185, résumé, lire en ligne).
[Péter 1987] Katalin Péter, « Naissance du pouvoir princier en Transylvanie », dans André Stegmann (dir.), Pouvoir et institutions en Europe au XVIe siècle (actes du XXVIIe Colloque international d'études humanistes, tenu à Tours en ), Paris, J. Vrin, coll. « De Pétrarque à Descartes » (no 51), , 1re éd., 1 vol., 316, 24 cm (ISBN2-7116-0955-3, EAN9782711609550, OCLC462283292, BNF34996484, SUDOC001400193, présentation en ligne, lire en ligne), p. 205-211.
[Póka et Tóth 2015] Ágnes Póka et Ferenc Tóth, « Chronologie », Histoire, économie et société, vol. 34e année, no 3 : « La Hongrie ottomane, XVIe – XVIIe siècles », , p. 104-108 (DOI10.3917/hes.153.0104, JSTOR44162188, lire en ligne).