Le Tour d'Algérie est une compétition cycliste disputée par étapes. Le palmarès de cette course est le reflet de l'histoire contemporaine de ce pays. Créé en 1929 (la première édition a été remportée par Marcel Colleu, cf Miroir des sports du mois de ), le Tour d'Algérie disparaît du calendrier cycliste pour réapparaître entre 1949 et 1953. Recréé en 1970, s'adressant aux "amateurs", il connaît des vicissitudes organisationnelles.
Histoire de la course
Située entre la Mer Méditerranée et le désert saharien, l'Algérie offre aux coureurs cyclistes et une multiplicité de reliefs, plaines, plateaux et montagnes. Mais disputé au début du printemps, ce sont aussi les conditions climatiques qui influent fortement sur la course. Ainsi le premier Tour d'Algérie qui soit organisé après l'indépendance du pays est source en 1970 de deux classements en raison de rafales de vent et d'averses de neige survenues au cours de la 7e étape sur les hauts plateaux de l'Oranie, qui avaient réduit le peloton à quelques unités[2].
Le premier Tour d'Algérie professionnel est organisé en 1949[3]. Entre le et le , les concurrents parcourent 2 707 kilomètres en 19 étapes. Partant d'Alger les coureurs prennent la direction Ouest, ils font étape à Orléanville (maintenant Chlef), Mostaganem, Oran, Tlemcen, puis cap au Sud via Sidi Bel Abbes, s'orientent vers l'Est, traversent les montagnes de l'Atlas, en la plus longue étape (254 km) et par Tiaret, Aumale, Bousaâda, arrivent à Sétif, à mi-course à peu près. C'est ensuite Biskra, Constantine et l'étape orientale Souk Ahras- Bône. Le retour vers Alger est ponctué d'étapes aux ports de Philippeville, Bougie, puis en Kabylie à Tizi Ouzou, veille de l'arrivée. Le simple énoncé du parcours montre l'immensité de la tâche des organisateurs, qui reçoivent l'aide des services coloniaux.
Le "Tour d'Afrique du Nord" en 1951
Pour sa troisième édition le Tour d'Algérie est rebaptisé en Tour d'Afrique du Nord, appellation bizarre car se déroule peu de temps après un Tour du Maroc...remporté par Attilio Redolfi qui avait remporté la première étape en Algérie peu de temps avant. Peut-être cela tient de la concurrence entre organisateurs, le Tour d'Afrique du Nord se déroulant en mars, celui du Maroc ayant lieu en avril. Sur le premier l'hebdomadaire Miroir sprint délègue le journaliste Pierre Chany[4]. Il rend compte durant 2 semaines[5]. Le titre de son premier papier est : "le Tour d'Afrique du Nord a débuté dans la tempête". Il poursuit :
De Bou Saada à Sétif (...) les coureurs ont trouvé la pluie, le froid et le vent qui font de certaines étapes un véritable calvaire. Dans cette bataille des hauts plateaux sétiffiens 17 hommes ont disparu emportés par la tornade . (Il ne s'agit que d'une disparition du classement...)
Le reportage permet de suivre la course, dirigée par l'ancien champion Georges Speicher, d'étape en étape, les premiers jours : Blida victoire de Redolfi, Bou Saada, Sétif, victoires de André Rosseel, Constantine, Bône (Annaba), victoires de Robert Varnajo, Bizerte en Tunisie, victoire d'Angelo Menon. Cette incursion en Tunisie permet de justifier le changement d'appellation. Après un jour de repos à Bizerte, base de la Flotte française, l'étape tunisienne, entre Medjez el Bab ("où la bataille fit rage en 1943", note l'ancien FFI Pierre Chany) et Ain Draham, où sombre en perdant 20 minutes le leader Georges Meunier, le lecteur perd le fil de la course, que le journaliste ne fait qu'évoquer, pour livrer un verdict : le tour survient trop tôt dans la saison et risque d'effrayer les "champions métropolitains", dont "les saisons deviennent de plus en plus chargées". On apprend cependant que le "1er Nord-Africain" est Ahmed Kebaïli, 9e du classement final, vainqueur de l'avant-dernière étape, et bien sûr que le vainqueur est le "Flamand" Rosseel, soutenu par une solide équipe. Un petit encart publicitaire sur la même page associe les deux coureurs, Rosseel et Kébaili, et leur équipe en une victoire des bicyclettes Terrot-Dijon.
Le Tour d'Algérie "amateurs" 1970-1988
L'initiative de recréer le Tour d'Algérie revient à la Fédération algérienne du cyclisme. Celle-ci compte dans ses rangs plusieurs anciens coureurs qui mettent leur expérience au service du cyclisme algérien. Parmi eux le président de la commission technique, Ahmed Kebaïli est un ancien coureur du Tour de France, dont il avait pris le départ en 1950 (au sein de la première équipe nord-africaine, il terminait à la 40e place) et en 1952 (il terminait 39e). Il possède des réseaux d'influence non négligeables : emprisonné durant la lutte pour l'Indépendance, événement qui met fin à sa carrière sportive en 1955, entraîneur du club de la Gendarmerie, sont autant de titres qui ouvrent des portes pour régler les problèmes organisationnels et financiers qu'une compétition engendre[6]. En 1970, prévu d'une longueur de 1 936 km, le premier tour d'Algérie depuis l'indépendance réunit 112 coureurs répartis en 16 équipes[7]. Comme les "grands tours" des classements annexes sont mis en place. La Pologne remporte le classement des équipes, et Ryszard Szurkowski, 4e de la première partie du tour, la seule théoriquement enregistrée par l'UCI, remporte le classement par points. Le pays organisateur voit deux de ses coureurs gagner des étapes, Madjid Hamza et Tahar Zaaf, fils du coureur Abdel-Kader Zaaf, célèbre dans les années 1950. Tahar Zaaf termine à la 7e place ce Tour dominé par les équipes de Pologne et de RDA. L'année suivante le 2e Tour d'Algérie est couru en 12 étapes pour un parcours de 1 565 kilomètres. Une équipe soviétique[8] est au départ. Elle l'emporte au classement des équipes et place 3 hommes parmi les 4 premiers. Le meilleur des coureurs algériens est 5e, il s'agit de Madjid Hamza[9]. Les éditions suivantes sont dominées par les coureurs des nations cyclistes européennes. Les coureurs algériens n'arrivent pas à leur niveau. C'est sans doute une des raisons de l'arrêt de l'épreuve après 1975. Le Tour d'Algérie reprend vie en 1984 avec des ambitions internationales moindres. Mais après 1988 l'organisation de la compétition s'arrête pour de nombreuses années.
(Les tableaux statistiques dressés ici sont incomplets en raison des sources fragmentaires ou absentes pour renseigner certaines éditions du Tour d'Algérie. Voir en notes.)
↑Mustafa Sayar, initialement deuxième, a été déclassé en janvier 2014 par la fédération turque de cyclisme. Stefan Schumacher, initialement troisième, devient donc deuxième.
↑Mustafa Sayar, initialement deuxième, a été déclassé en janvier 2014 par la fédération turque de cyclisme. Constantino Zaballa, initialement quatrième, devient donc troisième.
↑Hichem Chaabane est suspendu pour dopage par l'UCI en avril 2015
↑Le premier tour d'Algérie d'après l'Indépendance, organisé en 1970, bénéficie d'une couverture journalistique du magazine Miroir du cyclisme, dont le rédacteur en chef Claude Parmentier a été invité par les organisateurs à suivre la course. Voir le No 125, mars-avril 1970, page 19 à 26 : "Le cyclisme algérien d'hier à aujourd'hui"
↑Voir l'interview de l'organisateur de ce Tour sur le site : premier lien externe.
↑Miroir sprint, No 248, 12 mars 1951, et No 249, 20 mars 1951.
↑informations tirées du dossier sur le cyclisme algérien déjà cité : Miroir du cyclisme, numéro 125, mars-avril 1970, page 26, interview d'Ahmed Kébaïli.
↑Une équipe de France participe à la course. Le premier français classé au terme du premier tronçon, de la course, est Ladislas Zakreta, 11e. Jean-Louis Danguillaume termine à la 22e place.
↑Parmi les équipes au départ, figurent toujours la Pologne, et la RDA, auxquels se joignent des équipes de Belgique, de France, de Roumanie.
↑Les résultats des étapes du Tour d'Algérie entre 1970 et 1975 sont issus de la consultation des annuaires Velo(René Jacobs, Robert De smet, Hector Mahau) 1971, 1972, 1973,1974 et 1976
↑Les résultats détaillés du Tour d'Algérie 1985 ont paru dans Miroir du cyclisme, No 367, avril-mai 1985, qui consacre 5 pages de deux envoyés spéciaux à relater ce Tour sous le titre : Le printemps de l'Algérie. Les dates de l'épreuve ne sont pas mentionnées. Des kilométrages d'étape manquent également. Le kilométrage total est de 867 km. 13 équipes sont au départ : l'équipe Algérie Espoir à laquelle appartient le vainqueur final Sebti Benzine, les équipes nationales amateurs de France (Bataillon de Joinville), du Maroc, de Tunisie, de Syrie, de Grèce, et plusieurs équipes régionales ou d'entreprises algériennes : Mahd/Cnan (Malek Hamza, 2e de l'épreuve, Salim Belksir, Noureddine Tchambaz), Mpa (Abdelkader Reguigui), Emeps (Armée algérienne), Evsm, Mpo, Dndr, Batna/Biskra.
↑Les résultats du Tour d'Algérie 1988 sont publiés dans l'annuaire Velo 89' (Harry Van Dem Bremt, René Jacobs). Disputé du 20 au 31 mars, il est long de 1 460 km. Le parcours n'est pas détaillé.
↑Le premier Tour d'Algérie professionnel est remporté par Hilaire Couvreur (Belgique) en 89 h 2 min 27 s. Le second Roger Dequenne est à 38 secondes. au terme de près de 3 000 km. Troisième le Belge Edward Van Dyck, qui remporte 5 étapes, est à 12 min 38 s. Le premier "nord-africain" est Ahmed Kebaïli, qui termine 5e. Le classement des 5 Tours d'Algérie disputés avant l'indépendance du pays est dans la rubrique "l'armoire aux souvenirs", tenue par Robert Descamps, Miroir du cyclisme, N° 148, octobre 1971.
↑Les coureurs belges dominent les premières éditions du Tour d'Algérie. En 1950 le 4e du classement final, André Rosseel, est vainqueur de quatre étapes. Edward Van Dyck, 7e du classement final, en remporte trois. Premier coureur local, le 5e est Marcel Zelasco. Algérien "pied-noir", né à Alger en 1924, il participe au Tour de France1950.
↑Angelo Menon remporte une étape du Tour d'Algérie 1950, deux étapes du Tour rebaptisé d'Afrique du Nord, en 1951.
↑En 1951, le Tour d'Algérie prend le nom de "Tour d'Afrique du Nord". Les coureurs 4e et 5e sont respectivement Édouard Fachleitner et Jean Dotto.
↑André Rosseel est né le 23 novembre 1924. Il remporte aussi les 2e et 3e étapes.
↑1952 est l'année de la seule victoire française au Tour d'Algérie, toutes éditions confondues. Il est à noter la 5e place finale de André Darrigade, 23 ans, vainqueur de la 10e étape.
↑Vincent Vitetta, né à Nice le 1er octobre 1925 termine 33e du Tour de France1951, dont il est un bon coureur pendant plusieurs années; il en est 20e en 1952, 59e en 1953, 8e en 1954, 16e en 1955, 53e en 1956.
↑Le 1er Tour d'Algérie enregistre 2 classements généraux. Le premier pour les 7 premières étapes de Alger à Tiaret (étapes ou demi-étapes à Tizi Ouzou, Bejaia, Djilleli, Constantine, Batna, Biskra, Bou Saada), le second de Bou Saada à Alger, étapes à Tiaret, Mascara, Tlemcen, Oran, Mohamadia, El Asnam, Tanas, Cherchell
↑L'édition 1984 n'est pas documentée dans les palmarès et autres livres d'or de l'année 1984. La source est une ... carte postale dessinée à l'occasion du 7e Tour d'Algérie en 1985. L'auteur-éditeur en est Ahmed Talbi, à Alger. Cette carte postale tirée à 250 exemplaires était diffusée par son auteur via les réseaux Cartophiles, dont le bimestriel CPC (Cartes postales et collection). Noureddine Tchambaz est né en 1959 (Source : forum de Mémoire du cyclisme)
↑Miroir du cyclisme, No 367, avril-mai 1985, compte-rendu du 7e Tour d'Algérie.
↑Sebti Benzine, né le 30 avril 1963 à El Hadjar, est âgé de 22 ans.
↑Suite du classement 1985 : 4eAzziz Mehdi (Alg); 5eMostapha Nedjari (Maroc); 6e Mostapha Afendi (Maroc); 7e Abdelkader Reguigui (Alg); 8e Pascal Dubois (France)
↑Résultats 2001, donnés sous réserve, trouvés sur un site internet algérien
↑Amr El Nady, né le 4 juin 1975 en Égypte, est le vainqueur des éditions 1999 et 2001 du Tour d'Égypte
↑Résultats du 17e Tour d'Algérie, couru du 12 au 24 avril 2003, en 11 étapes et long de 1 680 km, 54 partants, victoire collective de l'équipe marocaine qui place 3 hommes dans les 3 premiers et remporte 5 étapes, source : site Maghress. Le vainqueur Mohamed Er Regragui (nommé aussi Al Regragui), né en 1976, termine 4e du Tour du Maroc en 2006, épreuve où il remporte une étape en 2007, et 2 étapes en 2008. Cf Site du cyclisme.
↑Le classement final (symbolisé par l'attribution d'un maillot "orange") du Grand Tour d'Algérie cycliste (GTAC) est en 2015 l'addition de 10 épreuves (22 étapes) organisées du 6 au . Le classement général est établi en fonction des résultats obtenus par les concurrents qui peuvent "sauter" une épreuve. Ces 10 épreuves qui donnent lieu à un classement individualisé sont : Critérium à Alger Tour d'Oran (3 étapes) Grand Prix à Oran Grand Prix international de Blida (3 étapes) Critérium à Sétif Tour international de Setif (4 étapes) Tour international d'Annaba (4 étapes) Tour international de Constantine (3 étapes) Circuit à Constantine Circuit à Mouzaia (wilaya de Blida)
↑Sont enregistrées sous pavillon algérien les victoires de Abdelkader Zaaf et de Ahmed Kebaïli obtenues au temps de "l'Algérie française"
↑Sont enregistrées sous le drapeau français les deux victoires de Marcel Zelasco, né à Alger, algérien d'origine européenne
↑Deux victoires obtenues par l'équipe de Pologne dans des contre-la-montre par équipes ne sont pas comptabilisées ici
↑Une victoire obtenue par l'équipe de RDA dans une étape contre la montre par équcipes n'est pas comptabilisée ici
↑victoire de l'équipe de Tunisie dans l'étape contre la montre par équipes en 1985
↑Edward Van Dyck remporte 5 étapes en 1949, 3 étapes en 1948. Le répertoire des victoires d'étapes (1949-2014) est le résultat (incomplet - des années ne sont pas renseignées totalement (2003), voire pas du tout (1984, 1986)-) de la consultation de lEncyclopédie mondiale du cyclisme, éditions Eecloonaar et UCI, 3 volumes, des annuaires Velo, du site Magress/Maroc (2003) et du site dit "du cyclisme", très incomplet comme source pour cette course.
↑André Rosseel remporte 4 étapes en 1950, 2 étapes en 1951, une étape en 1953
↑Abdel-Kader Zaaf remporte une étape en 1949, 2 étapes en 1950, une étape en 1953
↑Fares Allik remporte une étape en 2001, deux étapes en 2003
↑Georges Claes, né en 1949 à Zonhoven est champion de Belgique amateur du kilomètre 1970.