Il naît dans une famille protestante, fils de Sibille Wachter et de Jean Georges Lauth, médecin-accoucheur et membre du grand sénat de Strasbourg. Enfant précoce (immatriculé à la Faculté de philosophie dès l'âge de quatorze ans), il se voue d'abord à l'étude des langues anciennes. Après une excellente formation en philosophie, en mathématiques et en sciences naturelles, il obtient le titre de docteur en médecine de l'Université de Strasbourg en 1781 en soutenant une thèse sur l'analyse de l'urine. Il présente la même année un mémoire de licence en botanique sur l'érable. Il poursuit sa formation médicale à Paris aux côtés de Pierre-Joseph Desault et de Jean-Louis Baudelocque puis à Londres auprès de John Hunter, à Bruxelles, aux Pays-Bas (Leyde, Utrecht, Cassel) et en Allemagne, fréquentant les universités de Goettingen, Marbourg, Giessen, Francfort, Mayence et Manheim.
En 1782, de retour à Strasbourg, il est nommé adjoint des médecins accoucheurs Rœderer et Ostertag. Après la mort de Jean-Frédéric Lobstein en 1784, il est admis au poste de prosecteur et de démonstrateur d'anatomie puis de professeur ordinaire d'anatomie et de chirurgie en 1785. Médecin en chef de l'hôpital civil de Strasbourg, il refuse alors par patriotisme une chaire d'anatomie de l'Université de Tübingen. En 1794, il est nommé à la chaire d'anatomie et de physiologie de l'École de santé. Cette chaire prendra plus tard le nom d'Anatomie normale et pathologique en 1808 (première chaire d'anatomie pathologique en France) sous la direction de son titulaire: son élève Jean Lobstein. Il sera le maître de Karl Ehrmann, doyen de la Faculté de médecine de Strasbourg entre 1857 et 1867. Sa réputation, son enseignement et ses travaux le mèneront à devenir membre associé non résidant de l'Académie royale de médecine en 1826, peu après sa création.
« L’examen cadavérique est le moyen, par la confrontation constante entre les symptômes et les lésions d’acquérir une connaissance médicale telle que la médecine puisse directement, à partir des symptômes connaître la cause et le pronostic. »[2] (1804)
« L’anatomo-pathologie ne saurait être qu’une curiosité scientifique, quand elle n’est pas toujours accompagnée de l’observation des symptômes de la maladie. »[3]
Il est le fondateur du premier musée anatomique de la Faculté de médecine de Strasbourg. Il réhabilita la Tour du Schloessel[4].
Il est le père de Gustave Lauth (1793-1817) anatomiste et chirurgien, Charles Lauth (1795-1858 ?) avocat puis juge, et Ernest Alexandre Lauth (1803-1837), professeur de physiologie. L'une de ses filles épousera l'archéologue Jean Geoffroy Schweighaeuser.
Il meurt au retour d'un voyage au bord du Rhin le à Bad Bergzabern dans le Palatinat français, où il est inhumé.
Œuvres et publications
(la)De acere, [dissertatio inauguralis botanica], Joh. Henricus Heitz (Argentorati), 1781, 40 p.
(la)Dissertation de analysi urinæ et acido phosphoreo, Joh. Henricus Heitz (Argentorati), 1781, [2]-54 p., in-4°.
Mémoires lus à la Société des sciences, agriculture et arts du département du Bas-Rhin,[extraits du premier volume du recueil des mémoires de la Société imprimé en 1811], in-8° , 72 p., lire en ligne sur Gallica.
Mémoire sur les Frères Lambert, vulgairement nommés hommes porc-épics, 1811.
Mémoire sur l'usage interne du phosphore, 1811.
Essai sur les moyens de diminuer la consommation du quinquina, 1811.
Considérations sur les caractères qui distinguent les animaux des végétaux, 1811.
Gabriel Masuyer: Discours sur M. Thomas Lauth, professeur d'anatomie, (Séance publique de la Faculté de médecine de Strasbourg, du 14 déc. 1826), Levrault F.G (Strasbourg), 1827, p. 3-24.
« Thomas Lauth », in:Dictionnaire historique de la médecine ancienne et moderne, ou Précis de l'histoire générale, technologique et littéraire de la médecine [suivi de la Bibliographie médicale du dix-neuvième siècle et d'un Répertoire bibliographique par ordre de matières] par MM. Dezeimeris, Ollivier (d'Angers) et Raige-Delorme, tome 3, p. 409-11, Texte intégral.
E. Beaugrand: « Les Lauth », in: Dictionnaire encyclopédique des sciences médicales publ. sous la dir. A. Dechambre [puis de] L. Lereboullet ; L. Hahn secrétaire de la dir. [puis] directeur-adjoint, Masson (Paris), P. Asselin (Paris)[puis] Asselin et Houzeau (Paris), 1874-1889, série 2, t. 2, p. 46-47, Texte intégral.
Elisabeth Lang, Jean-Marie Vetter: Les deux professeurs issus de la faculté luthérienne . 1 : Jean Hermann, le naturalisme (1738-1800). 2 : Thomas Lauth (1758-1826), 1995, in: L'Ecole de Santé de Strasbourg, 14 frimaire an III, [actes du colloque du bicentenaire du 3 décembre 1994].
Jean-Marie Le Minor, Henri Sick, « Autour du 350e anniversaire de la création de la chaire d'anatomie de la Faculté de Médecine de Strasbourg (1652-2002) », in: Histoire des Sciences médicales, 2003, 37 (1), pp. 31–42, Texte intégral.
Jean Marie Vetter, Thomas Lauth. l'individualisation de l'anatomie pathologique à Strasbourg. [Thèse de médecine] Faculté de Médecine de Strasbourg, 1968.
↑Eugène et Émile Haag, La France protestante ou vies des protestants français qui se sont fait un nom dans l'histoire, depuis les premiers temps de la réformation jusqu'à la reconnaissance du principe de la liberté des cultes par l'Assemblée nationale, Genève, 1856, p. 434-435
↑Cité par Paul Prudhomme de Saint Maur, Professeur honoraire d’anatomie pathologique : « L’Anatomie Pathologique parisienne toute une histoire! » Diaporama en ligne
↑Cité par Dr Gilbert G. Guiraud : « Histoire de la pathologie osseuse et de ceux qui ont fait avancer les connaissances » Texte intégral