Tatiana Ventôse, pseudonyme de Tatiana Jarzabek, est une vidéaste webpolitiquefrançaise, née le à Nancy. Elle est principalement connue en tant qu'animatrice et cofondatrice du Fil d'actu ainsi que pour les analyses politiques qu'elle publie régulièrement sur sa propre chaîne YouTube.
Tatiana Jarzabek naît à Nancy le et grandit entre Villerupt et Longwy en Meurthe-et-Moselle[1]. Elle indique avoir été « élevée par [s]a grand-mère qui avait fui la dictature franquiste[2]».
Tatiana Ventôse étudie l’anglais, l’espagnol et les civilisations britannique et hispanique jusqu’en master[1]. À cette occasion, elle passe plusieurs années à l’étranger, comme étudiante Erasmus puis assistante de langue et enseignante de français en Angleterre. À son retour en France, elle s'inscrit au CAPES d'anglais, qu'elle obtient. En 2014, elle commence à enseigner en tant que professeure d’anglais en Seine-Saint-Denis[1],[3]. Elle démissionne de l’Éducation nationale peu de temps après[2].
En 2012, elle rejoint le Parti de gauche. Le , elle rejoint sa direction grâce à son élection par le congrès de Villejuif en tant que secrétaire nationale[5],[6],[7], chargée de la communication[8]. À la suite de désaccords politiques, elle démissionne et quitte le Parti de gauche six mois plus tard[1],[9]. En 2016, elle participe également à lancer le mouvement « On vaut mieux que ça » pour lutter contre la loi El Khomri[1] et s'implique dans le mouvement Nuit debout[3] avant de fonder Le Fil d'Actu[10]. Fin , la vidéaste est présente aux côtés des Gilets jaunes. Elle fait également partie des vidéastes qui analysent le mouvement[11]. Elle déclare en 2022 qu'elle fut « à 100 % avec le mouvement des ronds-points[12] ».
Rapprochement politique avec le Rassemblement national et d'autres figures de l'extrême droite
Le , elle annonce son intention de se présenter aux élections européennes et lance le Mouvement V., dont le but est de « reconstruire la France » avec le youtubeur Grégory, dit Greg Tabibian de la chaîne J'suis pas content considérée par Arrêt sur images comme proche de la fachosphère[14]. Ils co-écrivent un livre intitulé Jusqu'ici tout va (très) mal, édité par Plon[15]. Selon le site Débunker de Hoax, cette alliance avec Greg Tabibian signe « son entrée officielle dans le cercle très fermé de la fachosphère »[16].
En septembre 2024, Cécile Ollivier du magazine Elle la classe parmi les influenceuses « au discours xénophobe et antiféministe », aux côtés de Thaïs d'Escufon, Marguerite Stern et Alice Cordier[23]. Selon l'article, bien qu'elle ne se reconnaisse pas dans les termes « extrême droite », tout son champ lexical renvoie à la fachosphère.
Parcours de vidéaste
En , Tatiana Ventôse fait partie d'une équipe d'une dizaine de jeunes — dont aucun n'est journaliste de formation — qui créent Le Fil d'Actu, un JT diffusé sur YouTube qui tente de « proposer une lecture différente de l'actualité, loin du flux d'informations en continu des chaînes [télévisées] »[1],[3], « l'anti-BFM TV[24] ». Elle choisit son pseudonyme « Ventôse » en référence aux lois de ventôse an II[25][réf. à confirmer].
En , Tatiana Ventôse reçoit le quatrième « Prix éthique » de l'année de la part de l'association Anticor[26] : « Cette année, Anticor a fait la part belle aux jeunes en récompensant « Osons causer » et « Le Fil d’Actu ». L’association reconnaît ainsi l’importance des nouveaux médias dans la lutte contre la corruption, la fraude fiscale et le gaspillage de l’argent public. » En septembre de la même année, elle participe au Frames festival à Avignon, où elle s'oppose, parmi d'autres vidéastes, au discours de Jean-François Cesarini, venu aborder la loi travail[27].
En 2019, Le Fil d'Actu compte 100 000 abonnés[10]. La même année, Tatiana Ventôse fait partie du « top 5 des créatrices à découvrir en 2018 » mises en avant par YouTube pour la journée internationale des femmes[28].
En 2021, elle affirme dans Le Figaro refuser tout placement de produit dans ses vidéos et gagner entre 1 800 et 3 500 euros brut par mois[7]. En , le magazine Challenges la classe sixième d'un « top 10 des influenceurs politiques les plus populaires » avec 332 900 abonnés sur YouTube et Instagram[12].
Critiques
Le site d'actualité Mr Mondialisation lui reproche en 2019 de discréditer Greta Thunberg à travers « la mise en scène d’un mille-feuille argumentatif » ; ainsi, la jugeant notamment « trop jeune » et « vendue au système », la vidéaste donnerait d'elle une « image caricaturale »[29].
Selon le politologue Philippe Corcuff, sa prise de position en faveur de Marine Le Pen au second tour de l'élection présidentielle de 2022 s'intègre dans une « extrême droitisation des débats publics » et un confusionnisme politique global entre des militants de gauche et d'extrême droite[5]. Pour Antoine Bristielle, chercheur en science politique, elle s'inscrit également dans la part importante des extrémismes politiques parmi les influenceurs web[30].
Dans Franc-Tireur, en mai 2023, le politologue Rudy Reichstadt juge qu'elle tient régulièrement des propos climatosceptiques. En particulier, dans une vidéo sur Youtube, elle dénonce « les bobos du climat » qui, selon elle, « essaient de faire peur » avec le réchauffement climatique[31]. Conspiracy watch la qualifie au même moment comme faisant partie de la « réinfosphère francophone » et participant à un « climato-complotisme »[9]. Le journal L'Humanité estime qu'elle tient des propos complotistes et climatosceptiques dans une vidéo sans aucune donnée scientifique[32].
Libération la cite parmi les influenceurs d'extrême droite qui participent à une réécriture de l'histoire menant à « une guerre d'usure contre la recherche scientifique dans le but de la décrédibiliser et pour imposer leur propre roman national »[22].
En novembre 2024, Les Surligneurs identifient une vidéo de Tatiana Ventôse intitulée « Inondations Espagne — Le plan (pas) secret de l’élite financière qui va nous affamer » comme étant à l'origine d'une rumeur qui impute à la banque espagnole CaixaBank l'origine des inondations dans la région de Valence. Se basant sur une étude publiée par la banque et sur son financement d'un plan de développement du secteur agroalimentaire, elle conclut que « l’élite financière » veut « liquider tout ce qu’il y avait avant, le plus possible de petites exploitations et concentrer la terre entre des mains toujours moins nombreuses pour pouvoir augmenter les profits ». Cette vidéo est reprise par le vidéaste complotiste Sylvano Trotta qui introduit l'idée d'une manipulation directe du climat : « Tiens donc, on apprend dans cette vidéo de Tatiana Ventôse que comme par hasard, un plan de la CaixaBank […] validé par le gouvernement espagnol […] prévoyait un plan de restructuration des exploitations agricoles de la région de Valence. Cela tombe bien, les dites exploitations ont été inondées ! Tu parles d’un hasard… »[33].
Publications
Auteure
Collectif, #On vaut mieux que ça, Paris, Flammarion, .
Jusqu'ici, tout va (très) mal : antidote au chaos politique (avec Greg Tabibian), Plon, (ISBN978-2259277181).
Il est venu le temps des producteurs, Le Fil d'Actu Éditions, 2024, (ISBN978-2-487560-00-0).
Traductrice
Pablo Iglesias Turrión, Podemos : Les leçons politiques de Game of Thrones, Paris, Post-éditions, .
↑Emmanuel Taïeb et Rémi Lefebvre, Séries politiques: Le pouvoir entre fiction et vérité, De Boeck Supérieur, (ISBN978-2-8073-3226-3, lire en ligne), Note n°9