Les conceptualisations sociologiques de ce que représente le social sont apparues avec la nécessité de définir l'objet de recherche de la sociologie. Georg Simmel et Émile Durkheim furent les premiers sociologues à définir ce qu'est la sociologie en proposant une explication de nature sociale à certains types de phénomènes observables : les « phénomènes sociaux ». Selon Marc Sagnol, Simmel cherchait à expliquer les processus dynamiques qui font en sorte que des systèmes comme une « société » ou un « individu » puissent s'observer et présenter des régularités observables : il cherchait à expliquer comment ces systèmes ont pris forme et il s'intéressa donc aux interactions et aux actions réciproques[1]. L'auteur ajoute qu' « avec cette définition nous sommes très proche du fait social, bien que le vocabulaire utilisé soit tout autre »[2].
Robert Castel précise que bien que le terme social ait davantage une connotation politique et un sens liée à la solidarité sociale, il fait aussi référence en sociologie aux interactions sociales qui peuvent être aussi positives que négatives, et tient à préciser que la notion de contrôle social tout particulièrement, permet d'observer la « force contraignante » de la régulation sociale qui agit sur le social : « Mais ce qui, pour la tradition sociologique classique, se lit ainsi en termes positifs comme autant d'efforts pour assurer un minimum de solidarité sociale peut aussi bien s'interpréter en termes négatifs si l'on met l'accent sur les coûts d'une telle stratégie[3]. »
Ontologie du social
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Typologie des constructions sociales
Le dictionnaire de philosophie propose une séparation nette entre les concepts[4].
En droit, le terme « social » fait référence aux relations. Tantôt il désigne ce qui se rapporte aux relations du travail (ex. : le droit social) , tantôt il désigne ce qui se rapporte aux relations entre associés d'une même société (ex. : le mandat social).
En politiques publiques
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Le terme est parfois critiqué en philosophie pour être un terme sans signification et qui ne sert qu'à empêcher toute réflexion. Ainsi, l'économiste autrichien Friedrich Hayek écrivait-il en 1957 dans ses Essais de philosophie, de science politique et d'économie, que « l'adjectif social est devenu un mot qui ôte à toutes les expressions tout sens clair »[5]. Il critique en particulier la déresponsabilisation induite par l'utilisation à outrance du terme social, au détriment de la responsabilité des individus libres. Dans Droit, législation et liberté, il revient sur cette dénonciation du « social », en particulier à travers la critique de la « justice sociale ».
Selon Annette Disselkamp et Richard Sobel, la conception du social chez Hannah Arendt est limitée, en « affirmant qu'elle les prive de toute appréhension politique de la condition humaine »[6]. Les auteurs soulignent que la philosophie et la sociologie demeurent des domaines différents, mais tiennent à préciser que la tendance à confondre le politique dans la conception du social est ancienne[6].
Références
↑Marc Sagnol, « Le statut de la sociologie chez Simmel et Durkheim », Revue Française de Sociologie, vol. 28, no 1, , p. 99-125 (ISSN0035-2969, DOI10.2307/3321447, lire en ligne, consulté le )
↑Marc Sagnol (p.102), « Le statut de la sociologie chez Simmel et Durkheim », Revue française de sociologie, Access JSTOR through a library JSTOR, no Vol. 28, No. 1, , p. 99-125
↑Robert Castel (p.68), « De l’intégration sociale à l’éclatement du social : l’émergence, l’apogée et le départ à la retraite du contrôle social », International Review of Community Development / Revue internationale d’action communautaire, no 20, , p. 67–78 (ISSN0707-9699 et 2369-6400, DOIhttps://doi.org/10.7202/1034112ar, lire en ligne, consulté le )
↑Friedrich Hayek, Essais de philosophie, de science politique et d'économie, 1957, chap. XVII.
↑ a et bDisselkamp Annette, Sobel Richard, « L'ambivalence politique du « social » dans les sociétés capitalistes : Arendt avec Castel », Raisons politiques 2/2012 (no 46), p. 195-215 URL : www.cairn.info/revue-raisons-politiques-2012-2-page-195.htm. DOI : 10.3917/rai.046.0195.
Christian Godin, Dictionnaire de philosophie, Paris, Fayard, coll. « Éditions du temps », , 1.534 (ISBN978-2-213-62116-6), p. 1222.
Émile Durkheim, « La sociologie et son domaine scientifique. » Édition électronique de la version française d'un article publié en italien, « La sociologia e il suo domino scientifico » in Rivista italiana di sociologia, 4, 1900, p. 127-148. Réimpression dans Émile Durkheim, Textes. 1. Éléments d'une théorie sociale, p. 13-36. Collection Le sens commun. Paris : Éditions de Minuit, 1975, 512 pages.
Hannah Arendt, Condition de l'homme moderne. Paris : Calmann-Lévy, 1961 et A983, 406 pages.
Dominique Pécaud, Risques et précautions, l'interminable rationalisation du social. Paris : La dispute, 2005, 313 pages.