Le projet développé par la société française GECI International au travers de sa filiale GECI Aviation a débuté en 1988 s'appelait au départ SB100C[2],[3]. Cotée sur Alternext, GECI Aviation était le nouveau nom du regroupement de Reims Aviation Industries et Sky Aircraft (2010).
La première équipe de conception travailla en 2001-2002 en Roumanie sous la direction de Desmond Norman, co-concepteur du Britten-Norman Islander britannique[4]. Le premier vol était alors prévu pour 2004[3].
En , l'allure générale de l'avion avait été modifiée de façon importante : nouveau fuselage, nouvelle voilure et train modifié[7], ce qui rendait obsolète la maquette présentée au Salon aéronautique du Bourget de .
De 2010 à 2012, la Région Lorraine a versé à la société Sky Aircraft trois avances remboursables pour un montant global de 21,1 M€. Après avoir espéré rentrer au capital de l’entreprise (ce qui est juridiquement impossible pour elle), la région verse en 2010 une première aide de 9,1 M€. Puis une seconde de 7 M€ en 2011 et une troisième de 5 M€ en 2012. Seules, les deux dernières ont été gagées par Geci International, caution en cas de défaut de paiement de sa filiale lorraine. La première aide, cautionnée par Geci Aviation n’offre pas le même niveau de garantie[8].
Repoussée d'année en année, la sortie du premier prototype n'était toujours pas réalisée en , la société ayant été mise en redressement judiciaire en . La liquidation judiciaire de la société, prononcée le a mis un arrêt définitif à ce projet[9].
Caractéristiques envisagées
Le Skylander était un bi-turbopropulseur à ailes hautes, à train fixe et cabine non pressurisée, capable de transporter jusqu'à 19 passagers ou 2,7 tonnes de fret. C'était un avion prévu dans la catégorie CS23 / FAR23.
Le Skylander devait être un avion polyvalent capable d'effectuer de nombreuses missions :
transport de passagers en version Commuter 19 places ou VIP ou 2,7 tonnes de fret
transport de fret en vrac (28 m3 de volume cabine pour 3 tonnes de charge utile), de palettes (4 palettes standard PKC) ou de containers LD3 (version ultérieure)
transport combiné passagers et fret (combi 10/12 pax + volume fret de 14,5 m3 et plus)
Le site de production aurait été implanté en Meurthe-et-Moselle, sur l’ancienne base aérienne de l'OTAN de Chambley-Bussières sur une surface de 22 hectares. GECI Aviation avait bénéficié pour ce complexe industriel du soutien de l’État, de la Région Lorraine, de la Direction à l’aménagement du territoire (DIACT) et d'Oséo[réf. souhaitée].
La découpe des premiers copeaux, le first metal cut, avait été réalisée, sur un élément de volet, le à Baccarat en Lorraine au sein de la société Baccarat Précision.
En , la société Cobham Avionics avait annoncé avoir été présélectionnée pour équiper le cockpit du Skylander[12] mais en , aucun prototype n'était encore construit.
En , le premier vol était annoncé pour deux ans après soit 2005[13].
En , le premier vol était prévu pour le second semestre 2011[14].
Si en , le processus de fabrication avait été annoncé comme déjà commencé en vue de la production du premier prototype au second semestre 2011, il n'en avait rien été.
En effet, en la phase d’industrialisation est loin de pouvoir commencer puisque la demande d’agrément de conception (DOA), première étape de la procédure visant à la certification de l’appareil n’a pas encore été déposée à l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA). Cette procédure est longue (plusieurs années), contraignante[15] et incontournable[réf. souhaitée].
En , la société GECI était contrainte d'annoncer le décalage du premier vol au premier semestre 2012 et des livraisons pour fin 2013, et confirmait l'information en juin[16].
Cette date prévisionnelle de lancement fut alors contestée par la presse locale sur la base de l'absence de DOA[17].
Dans le rapport trimestriel GECI publié en , la date du premier vol était repoussée au second semestre 2012. Puis en , GECI repoussait encore la prévision de ce premier vol en .
Le , les pouvoirs publics français revenaient sur leur engagement à financer l'appareil[18] à la suite d'un audit du programme par des experts[19]. Le , le président du Conseil régionalJean-Pierre Masseret annonçait que la région n'abandonnerait pas le projet[20]. Une semaine plus tard, l'État français démentait les dires de GECI sur son désengagement au financement du projet[21]. Le , en pleine tourmente médiatico-financière du projet Skylander[22],[23], GECI International sollicitait la suspension de la cotation de ses actions auprès d'Euronext compte tenu des difficultés rencontrées par sa filiale GECI Aviation[24].
Face au manque de financement du projet, Sky Aircraft filiale à 100 % de Geci Aviation fut placée en redressement judiciaire le avec une période d'observation de six mois[25]. Finalement, la liquidation judiciaire a été prononcée le . La procédure de liquidation judiciaire a été close le 16 mai 2021 [26].
Intentions (annoncées) de commandes
Au salon du Bourget de , Geci International annonçait une centaine d'intentions de commandes, notamment de la part d'Alkan Aviation (Egypte), de Farnair Switzerland (Suisse), de General Aviation (Turquie), de Falcon Aviation (Dubaï)[11]. La même année, au salon de Dubaï, la compagnie turque ACT Airlines signe une lettre d'intention pour 15 Skylander SK-100[27].
Au salon du Bourget le , Serge Bitboul, PDG de Geci International, annonçait être en négociations pour une centaine de commandes. Des discussions étaient « en cours avec des compagnies basées en Asie et au Moyen-Orient [...] et le patron de Geci avait signé un protocole d’accord d’acquisition de quatre premiers Skylander avec TransAsia Aviation »[10].
Au salon du Bourget de étaient annoncées les intentions de commandes (Memorandum of understanding) suivantes[28] :
compagnie malaisienne TransAsia : 8 avions avec 4 options.
compagnie thaïlandaise Kan Air : 5 avions avec 3 options
compagnie russe Aviamost : 40 avions et 260 options. Ce qui en ferait son plus gros client éventuel[29]. L'existence de la compagnie donna toutefois lieu à une forte controverse et l'on s'étonnait de l'intérêt d'un pays qui dispose déjà d'un prototype volant assez proche de conception comme le Technoavia Rysachok[30].
Lors de la liquidation judiciaire, la maquette en bois a été vendue 6 000 € fin 2013 à un camping de Loire-Atlantique pour en faire un mobil-home original[31]. Quant à la maquette numérique, elle avait été attribuée à Redstone Capital pour 1,4 M€ le [32] qui devait évaluer cette maquette d'ici le . Cette option a été abandonnée. Le Skylander 105 a essayé de se faire une nouvelle jeunesse sous le nom de SKY-205[33]. Finalement, le projet aurait été repris par la société chinoise Tianjiao en pour 1,9 M€ seulement[34].
Dans un droit de réponse envoyé par Serge Bitboul à la rédaction de France Télévisions à la suite de la diffusion en 2020 du reportage Skylander, chronique d’un avion fantôme selon lequel les grands perdants ont surtout été les contribuables lorrains, le Pdg de Geci International tente néanmoins de faire croire que le nouveau Cessna 408 SkyCourier[35] est issu du SK105, présenté comme « très beau projet de construction d’un avion 19 places qui a été finalement développé et commercialisé par CESSNA récemmen t»[36]. Il n'en est rien : malgré des objectifs équivalents en termes de capacité de transport, le Cessna 408 SkyCourier[37], développé par Textron Aviation, présente de notables différences : longueur, envergure, vitesse, autonomie, motorisation, cockpit, aérodynamisme (ailes à hauban, nez, etc.).
Début mai 2021, la chambre commerciale du tribunal judiciaire de Metz sommait Geci International de rembourser à la Région Grand Est une créance de 11,1 M€ au titre du remboursement des avances consenties par la région pour ce projet avorté[38]. Le jeudi 20 janvier 2022, la cour d’appel de Paris a confirmé deux jugements en première instance du 2 mars 2020 condamnant Serge Bitboul à indemniser 18 actionnaires de Geci Aviation[39]. En revanche, la région Grand Est a été finalement déboutée de sa demande de remboursement des avances de 20 M€ par le tribunal correctionnel de Paris le 28 février 2023[40].
↑(en-GB) « Skylander light utility aircraft development plans take shape », Flightglobal.com, (lire en ligne, consulté le )
↑ ab et c(en-GB) « GECI seeks risk-sharing partners for cargo aircraft », Flightglobal.com, (lire en ligne, consulté le )
↑« Le Skylander a été conçu en Roumanie, par Desmond Normand, en 2001-2002 », L'Est Républicain, (lire en ligne).
↑« Bien que séduit par les mille emplois annoncés, le gouvernement portugais a finalement renoncé à s’engager dans une aventure incertaine estimant que le projet " manquait de cohérence et de consistance ". » « Le Skylander a été conçu en Roumanie, par Desmond Normand, en 2001-2002 », L'Est Républicain, (lire en ligne).