L'expression réalité psychique ( psychische Realität) a été introduite par Sigmund Freud pour désigner une forme de réalité distincte de la réalité matérielle, reliée à la vie fantasmatique et au désir d'une personne.
Définition et histoire de la notion
Pour Freud, la réalité psychique correspond à la réalité des rêves, de l'inconscient, des fantasmes. Le seul lien entre cette réalité psychique et le réel biologique est la pulsion.
Selon Jean Laplanche et J.-B. Pontalis, la « réalité psychique » ( psychische Realität) est un terme qui revient souvent sous la plume de Freud pour désigner « ce qui, dans le psychisme du sujet, présente une cohérence et une résistance comparables à celles de la réalité matérielle », mais « il s'agit fondamentalement du désir inconscient et des fantasmes connexes »[1]. À la différence cependant d'un « ordre de réalité propre et susceptible d'une investigation scientifique » dans le champ de la psychologie, les auteurs du Vocabulaire de la psychanalyse insistent toutefois sur ce qui, en psychanalyse, prend dans le psychisme du sujet « valeur de réalité »[1].
Dans l'histoire de la psychanalyse, l'idée et la notion de réalité psychique sont corrélatives de l'abandon en 1897 par Freud (Lettre du à Wilhelm Fliess) de la théorie de la séduction (ou neurotica)[1],[2]. Freud n'accorde plus dès lors à l' « événement traumatique « réel » — une séduction sexuelle de l'enfant par un adulte — une valeur causale déterminante dans l'étiologie de l'hystérie et plus généralement des névroses »[3]. La réalité psychique des fantasmes et de la sexualité infantile se trouve mise en évidence, et s'avère même plus importante que les événements réels[3]. Freud élabore à partir de là une conception de l'appareil psychique« fondée sur le primat de l'inconscient »[2].
Selon Élisabeth Roudinesco et Michel Plon, la notion freudienne de réalité psychique a donné lieu à plusieurs interprétations ultérieures, dont celles de Melanie Klein et de Jacques Lacan qui ont mené à l'approche clinique des psychoses et de la relation d'objet: dans ces domaines, la réalité psychique voit son importance accentuée « au détriment de la réalité matérielle »[2].
« La réalité psychique. Psychanalyse, réel et trauma » (sous la direction de Bernard Chouvier, René Roussillon), Revue française de psychanalyse, 2004, Bibliothèque Sigmund Freud sur le site de la SPP, consulté le : [1].