Le narcissisme primaire est un état hypothétique qui correspond au premier narcissisme de l'enfant et peut se situer entre le stade auto-érotique et le choix d'objets extérieurs.
Chez Freud, selon le Vocabulaire de la psychanalyse, « le narcissisme primaire désigne d'une façon générale le premier narcissisme, celui de l'enfant qui se prend lui-même comme objet d'amour avant de choisir des objets extérieurs »[1]. Pour Michel Vincent, une partie de l'investissement libidinal originaire du Moi que représente le narcissisme primaire est cédée ultérieurement aux objets, ce qui permet « une opposition entre la libido du Moi et la libido d'objet »[2].
Jean Laplanche et Jean-Bertrand Pontalis considèrent par ailleurs que « d'un auteur à l'autre, la notion de narcissisme primaire est sujette à des variations extrêmes », car il s'agit ici de définir « un stade hypothétique de la libido infantile »[1]. Ces variations peuvent être également constatées chez Freud lui-même quand il cherche à préciser le moment de constitution d'un tel état : dans la période 1910-1915, la phase du narcissisme primaire se situerait entre celle de l'autoérotisme primitif et celle de l'amour de l'objet ; elle pourrait correspondre à « l'apparition d'une première unification du sujet, d'un moi »[1]. Certains auteurs doutent de l'existence de cet état[1]. En référence à Totem et Tabou (1913), le narcissisme primaire correspondrait à « la croyance de l'enfant à la toute-puissance de ses pensées »[1]. Dans Pour introduire le narcissisme (1914), Freud observe qu'à partir de la tendresse des parents pour leur enfant, celui-ci se trouve porteur du narcissisme abandonné par eux : « la surestimation dont le jeune enfant est l'objet fait de lui un héros qui possède toutes les perfections »[2].
Lacan a fait un sort au terme de « narcissisme primaire », en remarquant que « le narcissisme secondaire est le narcissisme radical, celui qu'on appelle primaire est exclu[réf. souhaitée]. » En effet, le narcissisme, comme tel, suppose toujours et par définition, la constitution du moi et son image (stade du miroir) ; le savoir-y-faire avec l'idée de soi comme corps. Michel Bousseyroux (1988), suggère plutôt les termes « auto-érotisme » ou « satisfaction primaire » pour situer les choses du côté de la question du réel pulsionnel, par rapport à l'objet vocal en particulier. Cependant, Lacan n'a pas hésité à employer ce terme après l'avoir dénoncé : il affirme (Le Sinthome, 11 5 76) « qu'il y a une étape de narcissisme primaire et que ce narcissisme primaire se caractérise de ceci, non pas qu'il n'y ait pas de Sujet, mais qu'il n'y a pas de rapport de l'intérieur à l'extérieur ».