La première version de Revolution 1 durait au départ plus de dix minutes, sous la forme d'une longue jam enregistrée le par le groupe au complet, et sur laquelle divers overdubs avaient été appliqués les jours suivants. John Lennon et Yoko Ono réutilisèrent la 20e prise de la chanson Revolution pour créer Revolution 9[1].
Dès que ce projet eut une existence propre, d’autres bandes de brouhaha ou de foule, ainsi que divers enregistrements de bruits provenant de la sonothèque d’effets sonores d’EMI furent apportés en studio. EMI ne disposant pas d’un équipement multipiste perfectionné, il fallut utiliser les trois studios d’Abbey Road en reliant toutes les machines entre elles. John assura le mixage en direct. Un tel mélange de sons rend les sources sonores et les voix souvent difficiles à identifier, on peut toutefois reconnaître John Lennon disant « The Watusi », « The Twist » ou « Take this brother, may it serve you well », et George Harrison prononçant clairement « Eldorado », les deux répétant six fois « There ain't no rule for the company freaks! » ou encore de Yoko Ono lâchant à la fin « You become naked »[1].
Mark Lewisohn, qui eut accès aux bandes originales les divise en : un chœur, des violons à l’envers, un extrait d’une piste orchestrale de A Day in the Life, des verres entrechoqués, un mellotron à l’envers, une voix qui fredonne, des phrases prononcées par John et George Harrison, et une cassette de John et Yoko hurlant le « right » de Revolution. Une partie mémorable est une voix puissante répètant « Number Nine, Number Nine », elle semble avoir été extraite d’une question enregistrée pour un examen à l’Académie Royale de Musique[1]. En écoutant cette phrase à l'envers, on pourrait entendre dire « Turn me on, dead man » (« Allume-moi, homme mort »), un indice supposé de la légende sur la mort de Paul McCartney[2].
Paul McCartney, qui se trouvait aux États-Unis lorsque Revolution 9 fut réalisée, fut déçu de son inclusion dans le White Album, d’autant plus qu’il réalisait des collages depuis 1966, et que John allait maintenant être perçu comme l’innovateur du groupe dans ce secteur[3]. George Harrison avait de son côté déjà publié un collage expérimental, Dream Scene, sur l'album Wonderwall Music.
L'inclusion de Revolution 9 dans l'album blanc en a fait l'œuvre de musique expérimentale la plus largement distribuée dans le monde[4].
Le , la prise 18 est remixée en stéréo par Giles Martin et publiée dans un disque bonus des éditions du cinquantenaire de la sortie de l'« Album blanc ».
L'orchestre de chambre Alarm Will Sound(en) a repris cette chanson, dans un arrangement de Matt Marks, sur l'album Alarm Will Sound Presents Modernists sorti le [5].
Références
↑ ab et c(en) Mark Lewisohn, The complete Beatles recording sessions : the official story of the Abbey Road years, Londres, Hamlyn, , 204 p. (ISBN0-600-61207-4)
↑(en) Rob Sheffield, « ‘Paul Is Dead’: The Bizarre Story of Music’s Most Notorious Conspiracy Theory », Rolling Stone, (lire en ligne, consulté le ).
Pour une bibliographie plus complète sur les Beatles, vous pouvez consulter celle de l'article principal.
Travaux universitaires
Jean-Baptiste Bec, sous la direction de B. Merlier, Les Beatles : Analyse de "Revolution 9" et de l'utilisation du studio de 1966 à 1969. Mémoire de maîtrise en musicologie, Université Lyon 2, 2005, 163 p.