Première femme du canton de Genève à exercer son droit d'éligibilité, elle est élue adjointe au maire en à Meyrin. Elle est la première femme à accéder à un exécutif en Suisse.
Biographie
Enfance et formation
Marthe Renée Châtelain naît le à Genève[1]. Selon un tract du Mouvement féminin de Meyrin, elle fait ses classes à Cointrin où elle emménage en [source secondaire souhaitée].
Mariage et parcours professionnel
En , elle épouse Alphonse Pellet et s’installe à Meyrin[1]. Le mariage est de courte durée, car elle devient veuve dans sa trentaine[2].
Renée Pellet travaille à Genève dans l’horlogerie jusqu’en avant de s'engager en politique[2].
Parcours politique
Candidature inédite
Le , le canton de Genève accorde le droit de vote et d’éligibilité aux citoyennes du canton[3]. En octobre de la même année a lieu dans la commune de Meyrin une élection complémentaire à la suite de la démission de l’un des deux adjoints au maire. Trois candidatures sont en lice : deux hommes présentés par des partis politiques : André de Garrini du parti libéral, et Virginio Malnati du parti indépendant chrétien-social ; tandis que le Mouvement féminin de Meyrin, issu du groupement communal des femmes paysannes, propose une femme, Renée Pellet[2].
On estime à 1 624 le nombre d’électeurs (833 hommes) et d’électrices (791 femmes) inscrites dans les deux arrondissements électoraux de la commune de Meyrin[4]. La participation des femmes est pratiquement équivalente à celle des hommes : sur les 925 bulletins de vote délivrés, 430 sont déposés par des femmes et 481 par des hommes[5]. Renée Pellet est élue au détriment de ses deux concurrents qu’elle devance respectivement de 39 et 84 voix[6],[1],[7]. Elle devient ainsi la première femme à accéder à un exécutif en Suisse[8].
Son élection crée la surprise. La forte mobilisation de l'électorat féminin a été favorable à Renée Pellet dont la campagne s’est limitée à un tract[9] et des affiches, face à des concurrents expérimentés, déjà conseillers municipaux[10]. Un des journaux qui rapporte l'événement pointe cependant la portée communale de cette élection qui ne doit « pas augurer forcément d’une accession générale et rapide des femmes aux charges politiques laisser aller à une généralisation trop hâtive. Car, et les mouvements féministes le savent bien, il y a encore toute une éducation civique de la citoyenne qui est à faire avant qu’elle puisse partager, avec les citoyens, toutes les charges de la communauté politique »[réf. souhaitée].
Adjointe et remplaçante du maire
Dès son élection le jusqu’en , Renée Pellet siège aux côtés du maire Édouard Stettler et du deuxième adjoint, M. Peney[5]. Elle s'attelle à la révision du statut des fonctionnaires de la commune ; a la charge du service social, de la voirie ; s'occupe des services de police ainsi que des cotisations de l’assurance scolaire obligatoire[11].
Elle est souvent invitée à des événements politiques pour témoigner de son expérience au poste d'adjointe du maire aux côtés d'autres pionnières à des fonctions politiques[12],[11].
Elle remplace le maire qui a cessé son activité pour des raisons de santé d' à début [13].
Non-réélection à l'exécutif, entrée au délibératif, présidence du conseil municipal
Meyrin connaît un essor dans les années . Avec la construction de la nouvelle cité, la population se multiplie, passant de 3 000 habitants dans les années à 15 000 dans les années . En conséquence, l'exécutif passe d'une configuration de maire et deux adjoints à un conseil administratif composé de trois membres. Ce changement s'applique dès les élections de . Lors de ces élections, Renée Pellet est affiliée à la liste hors-parti du Groupement des Intérêts communaux[14],[1]. Elle n’est pas élue conseillère administrative, tandis que ses deux concurrents de l'élection complémentaire de , Virginio Malnati et André de Garrini, sont élus.
Alors que le parti socialiste saluait son dévouement sans relâche, soulignant qu’elle avait accompli un immense travail social à la mairie de Meyrin, et souhaitant qu’elle pût le continuer en tant que conseillère administrative[13], c'est au délibératif que l'ancienne adjointe continue son engagement pour les causes sociales et paysannes. Elle n’hésite pas à revêtir le costume paysan genevois pour la séance d’installation du conseil municipal de qu’elle préside[1].
Rejointe par deux autres femmes, Monique Rouget et Hélène Simoness-Rochat, qui intègrent le délibératif en mai 1963[15], elle devient la première femme à accéder à la tête du conseil municipal qu'elle préside en -1969[16]. Elle siège jusqu’en .
Fin de vie et mort
Renée Pellet est pratiquement aveugle lorsqu'elle quitte son domicile à Meyrin pour la maison de Loëx (actuel Hôpital de Loëx), où elle célèbre le ses 80 ans en présence des autorités meyrinoises[16]. Elle décède à la fin de l'année, le , à quelques jours de son 81e anniversaire[2]. La cérémonie funèbre a lieu au Centre Œcuménique de Meyrin le 27 décembre, suivie de l'incinération[17].
Hommage
En , la commune de Meyrin lui rend hommage, 35 ans après sa mort en donnant son nom à un chemin. Cette voie de mobilité douce relie le chemin du Vieux-Bureau à la rue Emma-Kammacher, une autre femme notoire de la commune de Meyrin[18],[19].
↑ abc et dH. V., « Trois candidatures à la mairie de Meyrin - Une femme est sur les rangs », Journal de Genève, no 219, , p. 6 (lire en ligne [PDF], consulté le )
↑Lotti Ruckstuhl, Vers la majorité politique: histoire du suffrage féminin en Suisse [« Frauen sprengen Fesseln : Hindernislauf zum Frauenstimmrecht in der Schweiz »], Bonstetten (Zurich), Association suisse pour les droits de la femme, (1re éd. 1986), 319 p., 165 × 235 mm (EAN2000200812746, lire en ligne), p. 181
↑« Élections municipales à Genève: 22-23 avril », Femmes suisses et le Mouvement féministe: organe officiel des informations de l'Alliance de sociétés féminines suisses, vol. 55, no 74, , p. 6 (DOI10.5169/seals-271727, lire en ligne, consulté le )
↑« Élections municipales. Candidates élues », Femmes suisses et le mouvement féministe, no 30, , p. 3 (lire en ligne [PDF])