Dans la seconde moitié du XIXe siècle est apparue l'idée de record d'altitude en alpinisme, qui recouvre deux notions distinctes : soit le plus haut sommet gravi, soit la plus haute altitude atteinte. La course à ces deux records a battu son plein dans la première moitié du XXe siècle, pour prendre fin le avec l'ascension du plus haut sommet du globe, l'Everest, par Edmund Hillary et Tensing Norgay.
: sommet oriental de l'Elbrouz (5 621 m) par Killar Khashirov
1855 les frères Adolphe and Robert Schlagintweit, atteignent 6678 m sur l'Abi Gamin[2].
Durant les années 1850 et 1860, les membres du Great Trigonometric Survey (GTS) britannique gravirent dans l'Himalaya des douzaines de sommets entre 20 000 et 21 000 pieds (soit entre environ 6 100 et 6 400 mètres), et plusieurs au-dessus de 21 000 pieds (environ 6 400 mètres), afin de faire des observations topographiques et de triangulation. C'est durant cette période que des revendications de record d'altitude commencèrent à être émises[3]. Cependant beaucoup de ces revendications furent par la suite revues à la baisse.
En 1862 un khalasi (un assistant indien du GTS) gravit le Shilla dans la Vallée de Spiti de l'Himachal Pradesh, réputé pour être au-dessus de 23 000 pieds, soit plus de 7 000 mètres. Il est aujourd'hui coté à seulement 6 132 m[4],[5].
En 1865 William Johnson, lors d'un voyage illégal en Chine qui lui valut son renvoi du GTS, affirma avoir gravi un sommet[Lequel ?] de 23 898 pieds (soit 7 284 mètres dans la cordillère du Kunlun, mais la montagne[Laquelle ?] a depuis été mesurée à 6 710 mètres[4].
1874-1875 - L'altitude de 6 784 mètres est atteinte par les géographes E. C. Ryall et I. S. Pocock sur l'Abi Gamin
1883 : la première expédition purement dédiée à l'alpinisme dans l'Himalaya fut menée par William Woodman Graham. Avec les Suisses Émile Boss et Ulrich Kaufman, ils atteignirent 6 920 m sur le Dunagiri (7 066 m), et revendiquèrent l'ascension de sommets connus aujourd'hui comme le Changabang (6 864 m), et le Kabru (7 349 m). La cartographie de la région était alors très médiocre, et ces ascensions furent très rapidement contestées, dans le cadre d'une controverse avec les membres du GTS ; jusqu'à récemment il fut considéré que Graham et ses compagnons avaient en fait par confusion gravi des sommets moins élevés[6]. Mais si pour le Changabang, l'arête ouest « sans grande difficulté » décrite par Graham, ne correspond pas à la raide face ouest, gravie en 1976, en 25 jours avec les techniques de big wall par Peter Boardman et Joe Tasker[7], les commentateurs récents jugent qu'il n'y a pas de raisons sérieuses de mettre en doute l'ascension du Kabru[8],[9]. Si Graham et ses compagnons gravirent effectivement le Kabru, ils détinrent le record d'altitude jusqu'en 1909, et celui du plus haut sommet gravi jusqu'en 1930.
1903 : William Hunter Workman et sa femme Fanny Bullock Workman font une tentative sur le Spantik au Karakoram, s'arrêtant à environ 1 000 pieds sous le sommet. En 1905, Workman revendique le record d'altitude avec 23 964 pieds (7 309 m), rejetant l'ascension de Graham[13]. Le Spantik culmine en fait à seulement 7 027 m.
: lors d'une tentative sur le Gurla Mandhata, Tom George Longstaff atteint une altitude estimée selon les auteurs entre 7 000 m (23 000 pieds)[14] et 7 300 m (24 000 pieds)[15], mais dans tous les cas supérieure à celle de l'Aconcagua.
1907 : Longstaff retourne en Himalaya avec pour objectif la Nanda Devi, mais incapable de pénétrer dans le « sanctuaire », il se tourne vers le Trisul qu'il atteint le avec les guides Alexis Brocherel et Henri Brocherel[12]. Avec ses 7 120 m (23 360 pieds) le Trisul devint le plus haut sommet gravi et incontesté[16].
1907 les Norvégiens C. W. Rübenson et M. Ås atteignent la selle entre le Kabru I et le Kabru II, à 7280 m.
1909 : après avoir échoué au K2, l'expédition au Karakorum de Louis-Amédée de Savoie fit une tentative sur le Chogolisa, où ils atteignirent environ 7 500 m avant de renoncer à 150 m du sommet à cause du mauvais temps[17].
George Ingle Finch et Geoffrey Bruce, avec oxygène, atteignent 8 320 m (27 300 pieds) et renoncèrent à la suite de la défaillance de l'appareil à oxygène de Bruce[19] ;
1924 : nouvelle expédition britannique. Le , Edward Norton, sans oxygène atteint 8 572 m dans le grand couloir (28 126 pieds), son compagnon Howard Somervell ayant renoncé un peu plus bas[20]. Ce record d'altitude ne fut pas dépassé avec certitude avant les années 1950, et avant 1978 sans oxygène. Trois jours plus tard George Mallory et Andrew Irvine disparurent lors de leur tentative. Il a été fort débattu pour savoir s'il avait pu dépasser l'altitude atteinte par Norton, voire le sommet, mais aucune preuve n'a pu être apportée.
: Tom Bourdillon et Charles Evans atteignent le sommet sud de l'Everest à 8 760 m, établissant un nouveau record d'altitude, et même un record de sommet, si on considère cette antécime comme un sommet à part entière[24].
: Edmund Hillary et Tenzing Norgay atteignent les 8 849 m du sommet établissant de manière définitive le record d'altitude en alpinisme[25].
↑(en) Maurice Isserman, Stewart Angas Weaver et Dee Molenaar, Fallen Giants : a history of Himalayan Mountaineering from the age of empire to the age of extremes, New Haven, Yale University Press, , 579 p. (ISBN978-0-300-16420-6, lire en ligne), p. 17.
↑Richard Sale et John Cleare, Climbing the World's 14 Highest Mountains : The History of the 8,000-Meter Peaks, Mountaineers Books, 2000, p. 21