Le Rallye de Grande-Bretagne 2018 est le 11e rallye du Championnat du monde des rallyes 2018 et la 73e édition de l’épreuve. Il se déroule sur 23 épreuves spéciales. Il est remporté par le duo français Sébastien Ogier et Julien Ingrassia après une lutte intense avec la paire finlandaise Jari-Matti Latvala et Miikka Anttila. Au championnat, le quintuple champion du monde en titre Sébastien Ogier réalise une très bonne opération puisqu'il se rapproche de Thierry Neuville qui ne termine que cinquième du rallye et dépasse aussi Ott Tänak, ce dernier ayant terminé hors du top 10.
Le rallye, disputé au début du mois d'octobre, s'inscrit dans le cadre de la lutte entre Sébastien Ogier, Thierry Neuville et Ott Tänak pour le titre de champion du monde des rallyes. L’estonien est en grande forme en ayant remporté les trois dernières épreuves. Débutant le jeudi soir par une courte spéciale remportée par Esapekka Lappi, il se poursuit le lendemain avec au programme deux boucles identiques de trois spéciales disputées l'une le matin et l'autre l’après-midi, avec entre les deux une petite spéciale dans une carrière disputée deux fois. D'entrée de jeu, Ott Tänak s'illustre en s'adjugeant les trois spéciales matinales et en distançant de ce fait ses adversaires. La troisième spéciale en est l'illustration puisqu'il la remporte avec plus de trois secondes d'avance sur la concurrence. Les deux courtes spéciales qui suivent créent peu d'écart, sauf pour Sébastien Ogier qui est en délicatesse avec sa boîte de vitesses. Ainsi, Tänak mène à la pause, précédant de 8 s 9 le britannique Elfyn Evans vainqueur de l'édition 2017, et de 15 s 4 son coéquipier Jari-Matti Latvala. Surtout, ses rivaux Thierry Neuville et Sébastien Ogier sont relégués respectivement à 21 s 8 et à 27 s 9.
L'après-midi continue de sourire à Ott Tänak puisqu'il signe deux scratchs lors de l'ES7 et l'ES8, ne laissant que la dernière spéciale à Thierry Neuville. Sa performance dans la spéciale de Brenig (ES8) est encore plus saisissante que celle du passage matinal puisque le deuxième classé, Neuville, accuse 6 s de retard ! L'après-midi est néanmoins moins heureuse pour d'autres pilotes, à l'instar d'Elfyn Evans, qui n’a pu repartir pour cause de problème mécanique sur la liaison, vraisemblablement des coupures moteur, et de Jari-Matti Latvala, qui a perdu 16 s sur son coéquipier durant l’ES8. Le finlandais reste cependant sur le podium provisoire le vendredi soir, mais il accuse désormais plus de 30 s de retard sur Ott Tänak, grand leader. Seul Neuville est en dessous de la demi minute de retard (28 s 8), Sébastien Ogier est lui 5e à 38 s 2.
La journée de samedi est la plus longue du rallye avec deux boucles identiques de quatre spéciales disputées l'une le matin et l'autre l’après-midi, et séparée par la spéciale de Dyfnant. Sébastien Ogier profite de la première spéciale de la journée pour l'emporter et s'installer sur la troisième marche du podium. Tänak n’est toutefois pas en danger, et ce d'autant plus que son dauphin Thierry Neuville part à la faute dans la spéciale suivante. Sorti trop large d'un virage à droite, il s'est retrouvé coincé momentanément dans un fossé. Déclarant ensuite qu'« il fallait que ça arrive quand tu conduis sur un fil depuis le début de l'année », le belge a perdu beaucoup de temps, si bien qu'il est désormais à 1 min 22 d'un Ott Tänak seulement battu par Mads Østberg et qui glane huit secondes d'avance supplémentaires sur Ogier. L'estonien continue sur sa lancée en remportant la spéciale suivante et en augmentant l’écart sur le français tout au long de la matinée. Ainsi, à la mi-journée, Tänak est un large meneur, devançant le deuxième Ogier de 48 s. Latvala est toujours troisième à 49 s 7, Neuville est lui 9e à plus d'1 min 30. À ce stade, le pilote balte est bien parti pour prendre la tête du championnat.
L'après-midi débute bien pour Sébastien Ogier qui comme en matinée réalise le meilleur temps d'entrée dans Myherin, l'une des spéciales les plus célèbres du rallye, augmentant un peu l'écart avec Latvala. Cela n'est pas anodin car la spéciale suivante réserve un coup de théâtre. En effet, l'homme en forme Ott Tänak est contraint de s'arrêter durant cette dernière, le carter et le radiateur de sa Toyota étant cassés ! C'est une grosse désillusion pour l'estonien, qui va s’allonger dans l’herbe, se tenant la tête à deux mains. En effet, alors qu'il était bien parti pour remporter son quatrième rallye d'affilée et réaliser une très bonne opération comptable, il voit maintenant son rival Ogier prendre le commandement de l'épreuve et le dépasser au championnat. Il confiera par la suite que « c'est la pire chose qu'[il] aie jamais ressentie ». Andreas Mikkelsen profite de la situation pour signer le scratch, ce qu'il fera à nouveau à la fin de la journée, tandis que Jari-Matti Latvala claque le meilleur temps durant l'ES17. Cela a son importance car avec les péripéties de la journée, le finlandais est deuxième à seulement 4 s 4 d'Ogier, alors que son coéquipier Esapekka Lappi n'a que 7 s 4 de retard sur lui. La dernière journée du rallye sera donc décisive pour la victoire.
Cette ultime journée comporte cinq spéciales, avec une fois n’est pas coutume la super spéciale délivrant des points supplémentaires placée en début de matinée et non en fin. Cela est dû au fait que la spéciale qui passe par les falaises de Great Orme et la ville de Llandudno, qui représente l'antépénultième et le dernier scratch, se dispute sur asphalte et n’est pas représentative du tracé du rallye, ce qui ne peut être le cas pour cette spéciale importante. Le début de la journée est favorable à Latvala, qui revient à 1 s 7 d'Ogier dès la première spéciale. Vient ensuite la super spéciale, que le finlandais remporte. Le trio de tête du championnat suit, avec dans l'ordre Tänak, Ogier et Neuville, tous les trois grappillant ainsi quelques points précieux. Surtout, le français concède plus de 5 s à Latvala, laissant la tête de l’épreuve à ce dernier, ce qui est problématique en vue du championnat, la première place octroyant 25 points alors que la deuxième n’en allouant que 18. Cependant, les deux passages dans Great Orme sont sur asphalte, surface de prédilection d'Ogier. D'ailleurs, il signe le meilleur temps lors du premier passage, revenant à 0 s 2 de Latvala ! Le français continue sur sa lancée et remporte la spéciale suivante, reprenant par la même occasion le commandement de l'épreuve avec 3 s 1 d'avance sur le finlandais. Pendant ce temps, Thierry Neuville revient à la 5e place en profitant de l’effacement de ses coéquipiers en rapport au championnat. Vient alors la dernière spéciale, que Sébastien Ogier remporte avec 7 s 5 d'avance sur son rival finlandais, scellant ainsi une victoire qui couplée aux malheurs de Tänak sont très bienfaiteurs pour lui au championnat. En effet, Ogier n’avait plus gagné depuis début avril et le Tour de Corse et était avant le rallye 3e au championnat avec 27 points de retard sur Neuville. Désormais, il est 2e et n’accuse plus qu'un retard de 7 points. Jari-Matti Latvala finit par conséquent deuxième à 10 s 6, son coéquipier Esapekka Lappi complétant le podium, ce qui permet à Toyota d'engranger des points précieux pour le championnat des constructeurs, lui permettant de consolider sa première place avec un débours de 20 points sur Hyundai. À noter en WRC-2 la victoire du finlandais Kalle Rovanperä qui a mené la catégorie de bout en bout du rallye et en WRC-3 le succès du britannique Tom Williams.
La super spéciale est une spéciale de 14,70 km courue durant la dernière journée du rallye. Elle est remportée par Jari-Matti Latvala, ce qui lui permet de se rapprocher de Sébastien Ogier dans la lutte pour la victoire.
↑Les points sont attribués aux pilotes et copilotes sur la base du classement selon le barème 25-18-15-12-10-8-6-4-2-1. Des points supplémentaires sont octroyés aux cinq premiers de la super spéciale selon le barème 5-4-3-2-1. Enfin, lors de chaque spéciale, un Point de Spéciale est attribué au pilote et au copilote du WRC Junior ayant obtenu le temps de spéciale le plus rapide parmi les équipages WRC Junior inscrits.