Le préfet d'Égypte est un haut fonctionnaire désigné par l'empereur romain, son délégué personnel, pour diriger Alexandrie et l'Égypte. Il s'agit donc du gouverneur impérial de la province, poste réservée aux chevaliers romains. L'intitulé latin complet est praefectus Alexandriae et Aegypti. Les textes grecs le nomment Ẻπαρχος (éparkhos).
Création et fonctionnement du poste
Octavien César (le futur Auguste) crée cette fonction au lendemain des disparitions de Marc Antoine et de Cléopatre à Alexandrie en 30 av. J.-C.
L'empereur se pose en successeur des rois de l'Égypte antique, avec la volonté de garder pour lui la haute main sur cette conquête, sa position de repli stratégique, la richesse de ce pays et du tribut que l'on peut en extraire, une importante réserve d'hommes[1].
En 30 av. J.-C., le premier préfet d'Égypte est un ami d'Octavien, Caius Cornelius Gallus. Celui-ci vient de participer à la conquête de l'Égypte depuis la Cyrénaïque jusqu'à Alexandrie et la Nubie.
Au début du règne de Galba, le successeur de Néron, un édit du préfet Tiberius Julius Alexander fixe des points de doctrines juridiques propres à l'Égypte romaine : lutte contre les abus des créanciers, fixation de la jurisprudence relative aux points de droits déjà tranchés et force de loi des précédents judiciaires tranchés en conventus devant le préfet d'Égypte, lutte contre la délation, force de loi du canon fiscal (Gnômôn de l'Idiologue) et plusieurs autres mesures relatives au fisc[3].
Dans le cadre des grandes réformes de l'Empire romain, lors de la Tétrarchie, un édit du préfet d'Égypte, Aristidus Optatis, publie en 297 l'adaptation à l'Égypte de la réforme fiscale de Dioclétien[4].
Lors de la réforme territoriale de l'Empire, entre 292/293 et 297/298, l'Égypte est divisée en trois provinces intégrées au Diocèse d'Orient[5]. Toutefois, les trois provinces d'Égypte, l'Égypte herculienne, l'Égypte jovienne et la Thébaïde restent regroupées sous l'autorité éminente du préfet équestre d'Égypte[6].
Outils d'études
La liste des préfets d'Égypte de Caius Cornelius Gallus (30 – 26 av. J.-C.) à Aelius Publius (298 – 299) a été dressée par Andrea Jördens : (de) Andrea Jördens, Statthalterliche Verwaltung in der römischen Kaiserzeit : Studien zum praefectus Aegypti, Steiner, , p. 528-531.
Une liste de cinquante-trois édits de préfets d'Égypte a été publiée par le professeur Joseph Mélèze-Modrzejewski dans l'ouvrage collectif Les lois des Romains, Jovene Editore, 1977, pages 338 à 342.
Une étude juridique et papyrologique a été réalisée par Michel Humbert, sous la direction de Jean Gaudemet, Aspects de l'Empire romain : La juridiction du Préfet d'Egypte d'Auguste à Dioclétien, P.U.F., , p. 95 à 142.
↑Pour une présentation pratique, voir Bernard Rémy, Dioclétien et la Tétrarchie, P.U.F., coll. « Que-sais-je ? », chap. 3418, p. 57 et 59.
↑D’après la liste la plus récente établie par Andrea Jördens : (de) Andrea Jördens, Statthalterliche Verwaltung in der römischen Kaiserzeit : Studien zum praefectus Aegypti, Steiner, , p. 528-531
↑Louis Duchesne, Early History of the Christian Church. From Its Foundation to the End of the Fifth Century, vol. III : The Fifth Century, Read Books, (ISBN978-1-44377-159-7), p. 550
↑Procope, Histoire secrète de Justinien, XXVII 2-7.
Voir aussi
Bibliographie
(de) Andrea Jördens, Statthalterliche Verwaltung in der römischen Kaiserzeit : Studien zum praefectus Aegypti, Steiner,
Michel Humbert, « La juridiction du préfet d'Égypte d'Auguste à Dioclétien », in François Burdeau, Nicole Charbonnel et Michel Humbert, Aspects de l'Empire romain (coll. « Travaux et recherches de la Faculté de droit et des sciences économiques de Paris. Série Sciences historiques », 1), Paris, PUF, 1964, 53 p.