La pile gallo-romaine d'Ordan-Larroque ou pile de Larroque-Mengot, ou encore pile de Peyrelongue, est une tour gallo-romaine en pierre, aussi appelée pile, située sur la commune d'Ordan-Larroque, dans le département français du Gers.
Elle mesure 12 m de haut mais sa hauteur initiale était certainement supérieure. Bien qu'aucun indice archéologique ou historique ne permette de l'affirmer directement, il s'agit sans doute, par analogie avec d'autre monuments du même type, d'un cénotaphe signalant la proximité de la sépulture d'un important personnage local.
Au nord du chef-lieu communal d'Ordan-Larroque, la pile, qui occupe le rebord d'une colline, se trouve en bordure de l'ancienne voie antique d'Elusa (Eauze) à Augusta Auscorum (Auch)[1], appelée « route de César ». Le choix de son implantation témoigne sans aucun doute de la volonté de la mettre en évidence aux yeux des voyageurs.
Au moins deux autres piles se trouvent dans la partie nord de la commune, de part et d'autre de cette voie[2], ainsi qu'une troisième, un peu plus au nord, sur la commune de Saint-Lary.
Historique
La pile est datable, comme les autres monuments analogues du Sud-Ouest, du milieu du IIe siècle[3] mais l'absence de fouilles approfondies sur le site ne permet pas de l'affirmer.
Après qu'elle a été mentionnée sur la carte de Cassini sous le nom de « Peyrelongue » (« pierre longue », « pierre haute »), son premier signalement ne semble dater que de 1863, sans description précise et elle ne semble avoir fait l'objet d'aucune fouille archéologique même si sa base a été sapée à l'un de ses angles[4]. Des sondages ont cependant eu lieu en 1974 ainsi qu'une prospection au sol dans les années 1990[5].
La tour, de plan quadrangulaire (5,10 × 3,50 m), se présente comme un bloc plein en opus caementicium revêtu d'un petit appareil régulier de moellons sur ses quatre faces. Ce parement a toutefois largement disparu, excepté sur la face nord où il est mieux préservé. Compte-tenu de la déclivité du sol sur lequel elle est construite, sa hauteur varie selon ses faces ; elle atteint douze mètres au maximum[7] et c'est l'une des plus hautes du département[8]. Sa hauteur originelle est estimée à 15 m[9].
La trace d'une niche d'origine se devine sur sa face principale, tournée vers l'est ; cette niche, au fond arrondi, était sans doute voûtée en cul-de-four mais sa partie supérieure a disparu[10],[N 1]. La petite niche creusée au-dessous de la précédente est moderne[4],[3] ; peut-être aménagée au XIXe siècle[8], elle a abrité une statue de la Vierge à l'initiative de la châtelaine de Larroque, selon ce que rapporte la tradition[11] — la pile se trouve à moins de 500 m du château[8].
Dans sa configuration initiale, les quatre angles de la pile sont accompagnés, à hauteur de la niche, de pilastres qui supportent une architrave décorée puis une corniche[12] ; le plan rectangulaire du monument suggère une couverture en bâtière[9].
Fonction
Comme pour les autres monuments analogues, la pile d'Ordan-Larroque semble être un monument du type cénotaphe, signalant la proximité du tombeau d'une personnalité locale[13]. Les fouilles effectuées à Cassan, un autre site antique de la commune, où se trouvent les vestiges totalement arasés d'une pile, suggèrent l'existence d'un lien entre cette pile, une nécropole et une villa proche. Le même type de rapprochement est fait entre la pile d'Ordan-Larroque et une autre villa antique[2],[14] située à 800 m, mais depuis laquelle la pile n'est pas visible[5].
Notes et références
Notes
↑La configuration de la niche de cette pile serait très semblable à celle de la pile de Saint-Lary.
↑ a et bP. Dupouey et A. Martin, « Les thermes de la villa gallo-romaine de Saint-Brice de Cassan à Ordan-Larrouque (Gers), compte-rendu des fouilles partielles », dans Actes de la 19e journée des archéologues gersois (Fleurance 1997), Société archéologique, historique, littéraire et scientifique du Gers, , 98 p. (lire en ligne), p. 29.
↑Georges Soukiassian, « Les piles funéraires du Sud-Ouest », dans Jean-Charles Moretti et Dominique Tardy (dir.), L'architecture funéraire monumentale : la Gaule dans l'Empire romain, éditions du CTHS, , 522 p. (ISBN978-2-7355-0617-0), p. 473-477.
↑Michel Labrousse, « Midi-Pyrénées », Gallia, t. XXIV, no 2, , p. 427 (lire en ligne).
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses Universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia », , 231 p. (ISBN978-2-3531-1063-6)..
Philippe Lauzun, « Inventaire général des piles gallo-romaines du sud-ouest de la France et plus particulièrement du département du Gers », Bulletin Monumental, Caen, Henri Delesques imprimeur-éditeur, t. LXIII, , p. 5-68 (DOI10.3406/bulmo.1898.11144).
Auguste-François Lièvre, Les fana ou vernemets (dits piles romaines) du sud-ouest de la Gaule, Paris, E. Thorin, , 29 p.
Pierre Sillières et Georges Soukiassian, « Les piles funéraires gallo-romaines du sud-ouest de la France : état des recherches », dans Alain Ferdière (dir.), Monde des morts, monde des vivants en Gaule rurale, Actes du Colloque ARCHEA/AGER (Orléans, 7-9 février 1992), Tours, Fédération pour l'édition de la Revue archéologique du Centre de la France, coll. « Supplément » (no 6), (ISBN2-9507320-1-1, lire en ligne), p. 299-306