La site se trouve à environ 50 km au sud-sud-ouest de Kairouan et dans la partie méridionale du gouvernorat de cette ville, dans la zone des basses steppes.
Historique
Même si aucune fouille approfondie ne semble avoir eu lieu, leur style architectural suggère que les mausolées-tours sont datables des IIe ou IIIe siècles[1].
La nécropole, qui couvre environ 4 hectares, comprend principalement, à la fin du XIXe siècle, des monuments de deux types, environ 70 tombeaux en forme de demi-cylindres et une douzaine mausolées-tours mais, selon les termes d'Henri Saladin, « presque tous les types de tombeaux et de mausolées qu'on trouve dans cette région y sont représentés » ; tous ces monuments sont sensiblement orientés au nord-est[3],[4].
En l'absence de traces d'habitat aux environs, Paul Blanchet, reprenant l'argumentaire de Saladin, suggère qu'il s'agit du cimetière d'une tribunomade[5].
Monuments semi-cylindriques
Les monuments, en forme de demi-cylindres allongés surmontant un corps prismatique, reposent soit directement sur un socle, soit par l'intermédiaire de plusieurs gradins[6].
Ce type de monument est importé du Proche-Orient en Afrique par les Phéniciens[7]. Les tombes peuvent être monolithes ou, comme c'est le cas ici, construites en blocage recouvert d'enduit. L'épitaphe est gravée sur le socle ou sur la face courbe du demi-cylindre[8].
Mausolées-tours
Les mausolées présentent une base carrée de 1,5 à 5 m de côté. Ils sont faits d'une noyau en opus caementicium recouvert d'un parement et protégé par une épaisse couche d'enduit. En forme de pile trapue, ils sont couverts d'une pyramide à faces planes ou courbes, ou d'une bâtière. Des éléments de décor (colonnes engagées ou pilastres, pierres saillantes, briques) sont inclus dans le parement. Une niche à statue est creusée dans la partie supérieure[9],[10]. Certains mausolées adoptent toutefois un plan différent, avec une niche pratiquée sur chacune de leurs faces[11].
L'urne funéraire associée est, soit enfouie au pied du mausolée, soit insérée dans une petite logette pratiquée dans sa base ou un peu plus haut, dans son podium au-dessous de la niche[9].
Par leur forme et leur fonction, les mausolées-tours de la nécropole se rapprochent des piles du sud-ouest de la France[1]. Comme elles, ils signalent la proximité de la sépulture d'un notable local (rôle de marqueur social). Comme elles, en adoptant une architecture inspirée de monuments d'Italie, ils sont un témoignage assumé de la romanisation de la famille du commanditaire (rôle de marqueur culturel)[9].
Paul Blanchet, « Le régime des populations dans la Tunisie centrale à l'époque romaine », Association française pour l'avancement des sciences : conférences de Paris, vol. 25 « Compte-rendu de la 25e session. Seconde partie. Notes et mémoires », 1896-1897, p. 807-816 (lire en ligne, consulté le ).
Paul Blanchet, « Mission archéologique dans le centre et le sud de la Tunisie (avril-août 1895) », Nouvelles archives des missions scientifiques et littéraires, t. IX, , p. 103-156 (lire en ligne, consulté le ).
Pascale Clauss-Balty (dir.), Les piles funéraires gallo-romaines du Sud-Ouest de la France, Pau, Presses universitaires de Pau et des Pays de l'Adour, coll. « Archaia III », , 231 p. (ISBN978-2-3531-1063-6).
Henri Saladin, « Rapport sur la mission faite en Tunisie de novembre 1882 à avril 1883 », Archives des missions scientifiques et littéraires, 3e série, t. XIII, , p. 1-226 (lire en ligne, consulté le ).
Jules Toutain, Les cités romaines de la Tunisie : essai sur l'histoire de la colonistion romaine dans l'Afrique du Nord, Paris, Albert Fontemoing, coll. « Bibliothèque des écoles françaises d'Athènes et de Rome » (no 72), , 411 p. (lire en ligne).